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Dans le bruit fracassant, après avoir pointé l'index vers un haut édifice, l'homme répondit:
- Il doit être là haut...
Boudedieu traversa la rue, se faufila à travers des piles de briques, de madriers, de planches et de palançons... Il se pinça le nez en passant près des feuillées du chantier, bûta contre les racines d'une souche...
- Attention ! vous, là... hurla un manoeuvre en montrant une benne à béton qui oscillait au-dessus de sa tête.
Dans le bruit strident des machines et des hommes, il réussit à faire comprendre qu'il cherchait le contremaître du chantier. L'ouvrier lui montra un homme tout au haut d'un pylône en gueulant près de son oreille:" Y'é t'en haut du pylône..."
- Pas dans la cabine, j'espère ?
- Oui, dans la cabine du grutier.
Vous lui voulez quoi au juste ?
- Est-ce qu'on peut le faire descendre ?
- Attendez, fit l'homme en se mouchant.
Il fut entraîné vers un contremaître qui entra en communication avec quelqu'un au moyen d'un radio-émetter-récepteur-portatif.
Boudedieu apprit finalement que Théo Baumin était à la cantine, dans une roulotte, "près des baraquements, là-bas", indiquait l'homme en montrant des cabanes à environ cent mètres plus loin. Après avoir remercier, le policier marcha dans la direction indiquée...Il y trouva Théo Beaumin assis à une table en train de manger un sandwich. Il était le seul client.Lui aussi examinait la photo du journal du matin.
- Vous êtes bien Théo Beaumin ? demanda le policier après s'être rapproché.
- Et vous, mon cher Monsieur, à qui ai-je l'honneur?
- Eggraegore Boudedieu Des Services des Enquêtes spéciales.
- Je vous aurais plutôt pris pour un gars à la recherche d'un emploi...
Théo Beaumin était un homme au visage ouvert. Le front était large, les yeux sourieurs, la bouche moqueuse. Le ton de la voix était à la fois sympathique et déterminé... On sentait qu'il avait l'habitude de conduire des hommes...
- Prendriez-vous un café ? demanda l'hôte après avoir prié le visiteur de s'asseoir. En attendant qu'on vous l'apporte, prenez le temps de regarder cette photo que j'ai tirée d'Internet ce matin.
- Merci... répondit Boudedieu en prenant place à la table, en face de Théo. Vous avez-là une photo très rare. C'est probablement la première fois qu'un pilote prend un tel risque.Mais votre temps est précieux , je ne voudrais pas en abuser...
- Allons! allons, Monsieur, nous avons toute la vie devant nous. Pourquoi se presser ?