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Après l'examen des photos et un café pris au bureau de Boudedieu,les deux copains partirent chacun vers leurs occupations. Boudedieu se rendit à Ste-Foy, à l'extrémité ouest du Chemin-Des-Quatre-Bourgeoys à la rencontre du mari de Célia, Théo Beaumin, entrepreneur en construction. Il pénétra d'abord dans une forêt toute tranquille avant de déboucher dans une clairière bourdonnante d'activités. Ici, on posait de la tourbe sur le terrain de maisons à appartements dont la coustruction était terminée. Là, on débitait des pins tout juste abattus. Plus loin, la poussière du chemin s'élevait, dense. Des caminons transportaient des matériaux de construction; des béliers mécaniques trouaient le sol; des grues géantes creusaient des excavations. Boudedieu immobilisa son véhicule le long du chemin pour demander à un ouvrier, en criant, s'il était au courant de l'endroit où travaillait Théo, le boss du chantier...

Dans le bruit fracassant, après avoir pointé l'index vers un haut édifice, l'homme répondit:

- Il doit être là haut...

Boudedieu traversa la rue, se faufila à travers des piles de briques, de madriers, de planches et de palançons... Il se pinça le nez en passant près des feuillées du chantier, bûta contre les racines d'une souche...

- Attention ! vous, là... hurla un manoeuvre en montrant une benne à béton qui oscillait au-dessus de sa tête.

Dans le bruit strident des machines et des hommes, il réussit à faire comprendre qu'il cherchait le contremaître du chantier. L'ouvrier lui montra un homme tout au haut d'un pylône en gueulant près de son oreille:" Y'é t'en haut du pylône..."

- Pas dans la cabine, j'espère ?

- Oui, dans la cabine du grutier.

Vous lui voulez quoi au juste ?

- Est-ce qu'on peut le faire descendre ?

- Attendez, fit l'homme en se mouchant.

Il fut entraîné vers un contremaître qui entra en communication avec quelqu'un au moyen d'un radio-émetter-récepteur-portatif.

Boudedieu apprit finalement que Théo Baumin était à la cantine, dans une roulotte, "près des baraquements, là-bas", indiquait l'homme en montrant des cabanes à environ cent mètres plus loin. Après avoir remercier, le policier marcha dans la direction indiquée...Il y trouva Théo Beaumin assis à une table en train de manger un sandwich. Il était le seul client.Lui aussi examinait la photo du journal du matin.

- Vous êtes bien Théo Beaumin ? demanda le policier après s'être rapproché.

- Et vous, mon cher Monsieur, à qui ai-je l'honneur?

- Eggraegore Boudedieu Des Services des Enquêtes spéciales.

- Je vous aurais plutôt pris pour un gars à la recherche d'un emploi...

Théo Beaumin était un homme au visage ouvert. Le front était large, les yeux sourieurs, la bouche moqueuse. Le ton de la voix était à la fois sympathique et déterminé... On sentait qu'il avait l'habitude de conduire des hommes...

- Prendriez-vous un café ? demanda l'hôte après avoir prié le visiteur de s'asseoir. En attendant qu'on vous l'apporte, prenez le temps de regarder cette photo que j'ai tirée d'Internet ce matin.

- Merci... répondit Boudedieu en prenant place à la table, en face de Théo. Vous avez-là une photo très rare. C'est probablement la première fois qu'un pilote prend un tel risque.Mais votre temps est précieux , je ne voudrais pas en abuser...

- Allons! allons, Monsieur, nous avons toute la vie devant nous. Pourquoi se presser ?

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