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"Quel diable de mort! ", pensait Boudedieu à l'écoute d'Ernest. L'idée lui vint de questionner son hôte à propos des sous-entendus qu'avait laissés planer Gaston B. sur la conduite physique de Biel, touchant ses parents. Il préféra cependant qu'Ernest y arrive de lui-même. Il y aboutit, en effet, par le biais de la dégradation militaire de Biel.
- A peu près un an après son mariage, les choses tournèrent mal entre lui et Martine. Il buvait de plus belle. Un soir, une nuit, plutôt, il défit le plafond de la cuisine en le martelant avec les pattes d'une chaise... Plus tard, il s'attaqua au mobilier puis aux murs... Il s'en prit finalement aux personnes...
Le détective revit la cuisine de la vieille dame... le mobileir dont certaines parties avaient été refaites...
-... Un jour que j'étais là, il s'est attaqué à la vieille... J'ai sauté sur lui, juste à temps, le jetant par terre et le clouant au sol jusqu'au moment où il eut repris les sens...
Les yeux d'Ernest tapèrent à plusieur reprises avant de se fixer. Les mains exquissaient des battements de mesure. Parfois, l'inclinaison du corps marquait une pose. Il repartait ensuite, la main gauche étendue, la droite tapant dedans, après chaque citation, comme pour mettre la ponctuation. Au moment de présenter un bilan de la vie de son beau-frèere, il simula la présence d'une calculatrice électronique, pesa sur des boutons imaginaires, fixa les yeux, comme s'il voyait apparaître les chiffres...Le visage du narrateur était devenu rouge, tout le corps animé.
Le premier pot de bière avait été vidé. Ernest alla le remplir. Boudedieu reprit le dialogue là où il l'avait laissé, après que son hôte se fut rassis.
- Qui a eu l'idée de faire la noce au Château-Bay ? demanda le détective.
- C'est moi. C'est le père de la mariée qui décide de ces choses là... Disons aussi que l'idée que ça ferait plaisir aux vieux y a été pour quelque chose... Ils souffraient de l'éparpillement des leurs. Dans l'ancien temps, les enfants s'installaient autour de la maison paternelle. Aujourd'hui, même si on demeure tous près d'eux, ils ont le sentiment d'être isolés...Surtout depuis l'arrivée de Biel dans la famille, ils sentaient l'abandon planer au-dessus de leur tête depuis que les autres enfants n'y allaient plus.