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- Evidemment... remarqua Ernest.
Boudedieu se demanda quel était le sens de cet "évidemment". Il ajouta:
- Evidemment, un cadavre qui refait surface des eaux une dizaine dejours après son immersion présente toujours des traits ambigus.
- Vous savez, j'ai commencé d'être inqjuiet le jour où Martine m'a demandé d'aller à Pointe-Au-Pic poour voir si la voiture de Biel n'y était pas restée.
- Y êtes-vous allé ?
- Vous savez bien que non ! Je lui ai rappelé que son mari n'en était pas à sa première fredaine. L,insistance de Martine m'a fait penser plus sérieusement. L'événement devenait ennuyeux... Je lui ai conseillé de communiquer avec la police. Je ne sais pas si elle l'a fait. Après... j'ai su que Biel était mort le jour où ma soeur m'a averti qu'elle était allée identifier la dépouille de Biel.
- Je crois que les relations entre vous et votre beau-frère étaient cordiales, dit Boudedieu en se versant une seconde chope de bière.
- Cordiales... tout dépend de ce qu'on veut dire par là, répartit Ernest en réfléchissant. Moi, j'ai pour mon dire que quand une bêtise est faite, il faut en subir les conséquences...
- Bêtise...?
- Dans notre famille, on n'est pas des militaires, Monsieur. Biel avait beau être un bon soldat; il était sergent ou caporal au moment du mariage, je crois... Rien n'empêche que j'avais vu juste, continuait Ernest en racontant à Boudedieu ses objections d'alors face à cette union. Mais le père s'était montré très favorable à ce mariage malgré qu'il ait eu affaire à un divorcé. Il fondait sur Biel de hautes espérances! Il disant: " On a mis les pieds dans l'administration d'une compagnie... Toi, Ernest, tu es placé assez haut dans l'administration d'un service fédéral... Pourquoi pas mettre les pieds dans l'armée ?" Mais Biel était un homme dur avec les autres. Il ne voyait toujours qu'une bataille en ligne. Il en crevait plusieurs lors d'exercices...Quand un homme est mort sous son commandement, après enquête, on l'a dégradé.