"Un flegmatique", pensa Boudedieu, en saluant Gaston... Une simple poignée de main ... Elle manquait d'assurance...
L'homme devait être installé devant son appareil de tv avant l'arrivée du détective. Une chaise faisait face à l'appareil. Un verre de bière, vide aux trois quarts, flânait sur un guéridon à portée de la main.
- Installez-vous, Monsieur, dit l'hôte en offrant un siège à son visiteur.
- Le paysage est magnifique, vu de chez vous, complimenta Boudedieu qui jetait un coup d'oeil par la fenêtre panoramique, au fond de la pièce.
La plaine de la basse-ville était visible dans presque toute son étendue. Les toits des maisons s'emboitaient sous les rayons multicolores du soleil couchant pour former une vaste mosaïque. Les clochers des églises de St-Malo, de St-Sauveur, de St-Joseph et de St-Roch perçaient l'atmosphère embuée du ciel de juillet. Plus loin, ceux de St-Fidèle et de Limoilou entraînaient les regards vers la ligne azurée des Laurentides... Une soirée d'été fort agréable où le goût d'errer paresseusement sur le bord des quais se laissait deviner. On en était presque à un dernier chant des oiseaux... Un merle, juché dans les bosquets qui dévalaient la pente, poussait ses dernières trilles.
- J'avoue que le paysage a quelque chose d'exceptionnel, mais on s'y fait vite une fois qu'on vit dans cette fournaise d'appartement, répondit Gaston, éteignant le sourire qui avait illuminé momentanément son visage un peu fatigué.
Il faisait très chaud dans la pièce et le détective opina dans le sens de la remarque de l'autre.
Il vint s'asseoir sur le siège que son hôte avait placé de biais, de façon à permettre la rencontre des regards au cours de la conversation.
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