L'homme remplissait l'écran. Il levait le verre d'une main, dressant l'autre, en montrant deux, trois, quatre ou cinq doigts pour indiquer le nombre de minutes précédeant sa visite à des tables où on l'invitait... L'homme était en grande tenue... Smoking noir, cravatte noire et chemise blance, sourire omniprésent sur une bouche qui n'arrêtait pas de s'animer pour prononcer des phrases tantôt sérieuses, tantôt badines... Il riait, grimaçait quand, par des mouvements alternatifs, son visage se rapprochait de la prunelle de la caméra.
L'écran montra de joyeux buveurs tout autour d'Ernest, avant de changer de scène.
Les danseurs évoluaient maintenantsur l 'air d'une valse. Le cameramen s'attarda à montrer un homme, presqu'un vieillard, à en juger pas les cheveux blancs, qui valsait avec une enfant dont l'âge pouvait être de quatorze ou quinze ans. L'écran laissait voir ses pas lourdaux s'accorder à ceux de sa jeune compagne qui paraissait vouloir lui montrer les rythmes de la valse... La scène avait de quoi faire rire la salle car il dansait sur une musique à quatre temps... Et c'est sa jeune compagne qui , de la main , battait les trois temps requis...
Au moment où la caméra changea changea d'orientation, Gaston expliqua que les scènes vaient dû nécessairement être coupées...
- Une bobine de trente minutes, c'est pas éternel!
La remarque se passait de commentaire. Boudedieu n'en pensait pas moins au pourquoi du trente minutes. Les disquettes actuelles pouvaient en absorber beaucoup plus.
La caméra pointa à nouveau vers un couple de jeunes qui s'écartait du groupe central. Les jouveceaux se serraient tendrement l'un contre l'autre, coupant les rythmes d'un tango pour mieux accorder leurs corps.