- Ça se voit à leur façon de danser, répondit Gaston, l'humour au coin des lèvres. C'est le rythme qu'ils apprécient dans la danse.. Les jeunes, eux, s'en servent pour les plaisirs qu'elle procure au moment où l'on fait ses premières expériences... C'est beau de les voir aller, ça me rappelle mes premiers moments, les plus attachants de la vie, quand on tombe amoureux, dans deux minutes... Ça prend pas de temps à cet âge-là... J'sais pas toé si ça été pareille... Tu es beaucoup trop jeune... Dans un métier pareille! C'est pas pour le monde, la police! Des vrais maîtres d'écoles, à surveiller tout le temps aux coins des rues... Moi, faut pas trop m'en parler! Mais, c'est vrai qu'y sont pas tous pareils. J'en connais quelques-uns qui agissent comme du monde. Tu peux leur parler... Le pire, c'est souvent les jeunes. On dirait qu'ils se prennent pour d'autres. J'espère que t'es pas comme ça!
Boudedieu reconnut Théo, Célia, Cézère et Sandra. Les yeux de Martine, en gros plan, fixèrent momentanément le détective, avant de pivoter vers un autre objectif qui paraissait être au centre de la piste de danse.
- C'est Biel que vous allez voir, expliqua Gaston. Le visage de Martine m'avait tellement surpris, à cause de son expression malheureuse, que moi aussi, j'ai fait comme elle, j'ai tourné la caméra vers le centre de la pièce à la recherche de ce qui avait bien pû attirer ses regards.
Le visage ouvert, les yeux rubiconds, il ne regardait pas la caméra de face, se contentant de fixer la femme avec qui il dansait...
- C'est un gars bien bâti, un homme fort... Je l'ai déjà essayé. Pas moyen d'en venir à bout... Une armoire à glace, un genre d'homme des cavernes dont les mains sont en forme de massue...