- Oui... Un maudit bon orchestre, en passant, fit remarquer Gaston.
- Vous rappelez-vous la musique que jouaient l'ensemble musical à la fin des soli de Célia ?
-Non. C'est Ernest qui a alors lu un poême d'un auteur dont je ne me rappelle pas le nom... Voulez-vous l'entendre ? Il en a donné une copie à tout le monde. Cré Ernest! On dit plutôt Arnest... Je vais vous chercher une copie, ça vaut la peine de l'entendre...
Ce faisant, Gaston disparut une minute et revint en déclamant d'une voix grave:
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personne Il est parfois étonnant De retrouver sa personne Seule et effarouchée Devant le spectre des ans Futurs et ou, limités D'horizons trop aphones... Tremblent les champs, En ces heures trop sombres Où la solitude, comme une amie, Etreint nos âmes, dans l'ombre De ses voiles ternies Par l'oeuvre des temps... Se cherchant, ne trouvant rien, Pour combler sa tristesse, L'humain chemine, dans la recheche inlassable De l'être au visage irremplaçable... Plein de délicatesse, Seul, le silence se fait sien. |
Car ce sourire, cet épanouissement,
Pour toi, valent mieux que mille présences...
Ils sont d'autres visages, une parcelle de toi, au haut du chemin...
Et l'être, à la poursuite du plaisir de soi,
Finit par se lasser de ces soleils dorés
Dont la finitude, sans émoi,
Rappelle l'instant d'avant, à peine passé...
Et à ce moment, réapparaît la gare,
Et la foule essoufflée,
D'où surgit un visage hagard...
Un autre être esseulé...
Et cet autre vient vers toi, il te regarde.
Tu le vois, n'oses éviter son visage...Tu le placardes..
Une fois encore, tu reconnais ton visage.
Mais, il est trop tard... Il a disparu le sage.
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Après la lecture du poême, Gaston enchaîna: - Les applaudissements ont fusé de partout, comme si tout le monde avait compris! Moi, j'te jure, je n'y comprends encore rien... Des balivernes, des sornettes à écorner les boeufs! Qui parle donc comme tout le monde... Y paraît que c'est un écrit existentialiste, phénoménologique, même plus, épi...épiphénéménologique... Veux-tu m'expliquer ce c'est que ces histoires-là? Surtout si c'est déclamé par Arnest, Arnest, un gars qui en sait pas plus que nous autres! J'ai drôlement réagi...Mais c'est Biel qui a jeté de l'huile sur le feu en disant à Martine:"C'est quoi c't'affair'-là ? Arnest, y'é-ti fou? Pour qui qu'y's'prend? Dire ça à l'occasion d'un mariage. Ça pas d'bon sens!" C'est pas surprenant que dans vot' famill' les femmes dansent avec les autres hommes!" - Qu'a répondu Martine ? fit Boudedieu. |