![]() |
||||||||||||
45 | ||||||||||||
Une fois que Lanchard se fut assis, Boudedieu l'interrogea sur les recherches qu'il avait faites la veille, à propos de Martine Biguel. - J'ai surveillé de loin la maison des Antoniche. Mais, tout a été bien tranquille jusqu'à dix heures. Là, Martine a démarré sa voiture. Je l'ai suivie de sa maison jusqu'à l'Ancienne-Lorette où elle s'est arrêtée dans un bar... De là, elle s'est rendue à Sainte-Foy. Encore là, elle est descendue dans un restaurant où il y a de la danse ( L'auteur n'écrit pas le nom de l'immeuble, de peur de troubler les propriétaires). Elle est ensuite allée vers Cap-Blanc, chez son frère Ernest... De là, elle est revenue jusqu'à sa maison... - Rien d'extraordinaire ! s'exclama Boudedieu. - Attends... fit Lanchard en se grattant le front... J'ai pensé me rendre à un hôtel où je connais quelqu'un... Nous autres, on l'appelle Pistoulache, il bouffe le pistou...Je le cherche dans la salle immense et basse qu'il utilise apparemment comme salle de danse. Pauvre de moi, si tu savais les bruits qu'on entend là. De la musique punk! Encore de la musique punk! Et c'est jouée à la machine. Pas d'orchestre hier au soir... J'ai trouvé pistoulache qui m'a invité à son salon particulier, je devrais plutôt dire, dans ses appartements. J'ai dit "Attends, je suis assoiffé." Je suis assez bien connu, là. Une fois près du bar, on m'a offert un verre de la part de Pistoulache qui m'a entraîné dans sa suite personnelle... J'y suis allé. Un salon immense Un parfum un peu âcre qui flotte dans la pièce, de la mari, quoi...! Pistoulache me prend par le bras aussitôt que j'entre. Nous sommes bons copains. Je distingue quatre ou cinq personnes, des femmes, toutes de noir vêtues...Elles sont allongées sur des divans qui entourent une tombe qu'éclairent vaguement deux candélabres. Elles semblent être attentives aux paroles d'une chanson d'Edith Piaf..."Que d'originalité, fais-je à Pistoulache... Veilles- tu vraiment un mort ?"- "N'est-ce pas qu'avec moi, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Une envie subite d'être drôle...Regarde cette tombe... Un beau lit où dort une charmante amoureuse... Vois ces lèvres vermeilles, ce teint rosé malgré le peu d'éclairage de la pièce... Vois-tu, elle a accepté, en venant chez moi, de mourir plutôt que de me trahir... Le fait de se coucher dans sa tombe symbolise, chez-moi, cette acceptation irrémédiable . Il n'y a rien de nouveau dans tour cela, bien au contraire. Il existe des preuves historiques et quotidiennes que l'acceptation du droit de vie est relatif à celui du droit de mort.. Ceci équivaut à l'acceptation inconditionnelle de sa propre soumission à autrui,...ce que témoignent les guerres passées, les présentes, les révolutions, les six millions de juifs, les morts accidentelles ou artificielles, autant de faits pour démontrer à quiconque que ce dont on à peur conduit au rejet des conditions d'épanouissement personnel..." En même temps, Pistoulache pitonnait sur ses télécommandes, allumant divers écrans de TV où on pouvait voir le débarquement des alliés sur les plages de j'sais pas trop où, là; on assistait à l'élimination des juifs dans divers camps de concentration, on voyait des carambolages monstres, autant de trains, d'avions en chute libre, de tout un ramassis d'horreurs, quoi! Tu comprends que ce charabia m'a époustoufflé! Mais quand Pistoulache parle, il faut l'écouter... C'est comme ça qu'on finit par apprendre ce que son monde sait et que nous, on sait pas! |
||||||||||||
- C'est en quelque sorte un genre de disciple de Sade, du moins en apparence... Il y a quelque chose d'existentialiste dans tout ce que tu décris... Mais pour en revenir à nos plates-bandes, qu'est-ce que tu as appris d'intéressant au sujet de notre histoire... En disant ces mots, Boudedieu avait l'air soucieux. Il ridait le front et les yeux cherchaient sur le visage de Lanchard des pistes à explorer. - D'après ce que m'a dit Pistoulache, Biel aurait eu des connexions avec la pègre. Il faisait probablement des transactions dans ce milieu... Mais encore, c'est flou. Tu sais, on prend du temps à apprendre dans les mileux que je fréquente. Quant à Martine, j'ai pensé que peut-être, il se pourrait qu'elle y ait eu des relations... Je n'ai pas terminé mon approche. Je veux aller faire un tour dans les bars où elle s'est arrêtée, hier. La balle dans ton pneu, tu sais, elle ne devait probablement pas venir de Valcartier! |
||||||||||||
page 46 | ||||||||||||
page 44 | ||||||||||||