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- Il prétendait que sa Chrysler '66 était meilleure que celle qu'il venait d'acheter... Il avalait sa bière du bout des lèvres disant qu'elle ne valait pas le cinquièmee de celle d'autrefois. De même en était-il du linge qu'il achetait, des matériaux de construction, des hommes au travail... tout était en voie de détérioration.
-Quel était le métier de votre mari? demanda le détective intéressé par les déclarations de l'infortunée veuve.

- Il était soldat, Monsieur, à la base de Val Cartier. Mais pourquoi cette question ?

- Pour savoir, tout simplement, répondit Boudedieu. La curiosité devant l'homme qu'était votre mari, votre ex-mari, devrais-je dire.

- Mon mari souffrait d'insomnie, Monsieur. Il en rejettait la cause sur les problèmes de son précédent ménage, sur ceux de notre foyer. Ses conditions matrimoniales malheureuses le préoccupaient, le distrayaient dans l'exercice de son métier... Il maniait des explosifs... Il était en contact quotidien avec le danger... J'avais beau lui dire: " Prends la vie au jour le jour. Ne te casse pas la tête avec ce qui peut arriver demain! Demain, ça n'existe pas... Pas plus qu'hier... On n'y peut rien. Vis dans le temps présent...". Rien n'y faisait.
- Vouis êtes allée aux noces de votre nièce. Avez-vous remarqué des comportements inhabituels chez votre mari ?

- Peut-être... Mais il faut préciser que Biel et moi devions partager le même appartement à l'occasion de ce voyage. Quand il s'est présenté chez Célia, il était accompagné d'une dénommée Juliette, femme d'environ quarante ans, de réputation incertaine... Elle venait de coins douteux, d'après une courte conversation que j'ai tenue avec elle...

- Biel n'avait pas fait le voyage avec vous?

-Non... il avait prétexté avoir un travail de quelques heures à terminer, un travail urgent... Il allait nous rejoindre à Pointe-Au-Pic, au début de la soirée. J'avais donc emprunté la voiture de mon père pour faire le voyage, en compagnie de ma mère et de mon enfant.
- Qu'est ce que vient faire votre soeur Célia dans cette affaire ?

- Célia nous avait précédés. Elle donnait une réception en l'honneur de la famille, ce soir-là, au Château.

- À quel moment êtes vous arrivée au château ?

- En fin d'après-midi.

- Et vous êtes allée rejoindre votre soeur en arrivant ?

- Non. J'ai attendu Biel dans notre appartement du Château tout en me repossant du voyage. Fatiguée d'attendre, j'ai décidé d'aller à la chambre de Célia, pendant que ma mère gardait mon fils.
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