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Il pria la visiteuse de le suivre dans son bureau, la fit asseoir, s'assit en face d'elle, derrière son pupitre. Après les échanges de mots de bienvenue et des attentions requises lorsque l'on reçoit une jolie dame, Boudedieu lui posa, avec douceur, certaines questions dont les réponses allaient lui permettre de mieux orienter sa démarche... du moins, l'espérait-il. - "Tête d'Oiseau", Madame, ça vous dit quelque chose ? Martine fronça les sourcils. Elle ne s'attendait certainement pas à ce que l'interrogatoire commence de cette manière-là. - C'est le surnom que mon père avait donné à Biel. Mes parents n'ont jamais accepté pour gendre un homme qui avait abandonné une femme et deux enfants pour se remarier avec leur fille. Ils considéraient que je valais mieux. Je ne me suis pas présentée à la maison, le matin où nous devions nous rencontrer. Mes parents et moi avons des idées différentes sur le mariage... Nous aurions fini par nous engueuler... - Votre mari avait déja été marié... fit Boudedieu, d'un air surpris... Je ne savais pas... Quel sorte d'homme fut Biel pour vous ? - C'était un homme renfermé. Il ne se livrait pas. J'ai du apprendre à boire avec lui avant d'en arriver à établir un certain dialogue. Pas le lendemain de notre mariage... Après six mois, peut-être... Un des problèmes qu'il avait consistait en des relations plus ou moins tendues avec mes parents. Il était négatif, sinon hostile à leur endroit. Il disait qu'il ne pouvait pas supporter leurs critiques. - Qu'est-ce qui vous obligeait à demeurer avec eux ? - Les circonstances. Après notre mariage, mes parents avaient fait un testament me léguant tous leurs biens pourvu que nous les gardions, Biel et moi, jusqu'à leur mort. Biel avait fait ajouter une clause à l'effet qu'advenant un changement dans la destination de l'héritage, mes parents compensent pour le temps passé auprès d'eux. |
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-Si j'ai bien compris, les choses allèrent assez bien entre vous quatre, à un certain moment... - Vous avez bien compris, Monsieur. - Comment était-il avec vous ? -- Petit à petit, vers la deuxième année, les choses tournèrent au vinaigre. Il me reprochait de ne pas écouter ses conseils d'homme dont l'expérience passée était plus vaste que la mienne... de lui faire mener une vie terne. Parfois, il m'accusait d'être timbrée..., ajouta la jeune femme un sanglot dans la voix. J'ai pleuré bien souvent. Biel croyait que la femme d'aujourd'hui devait être menée comme l'avait été sa propre mère et les femmes d'il y a cinquante ans... J'ai vainement essayé de le raisonner... Il s'enivriait. Ses monologues dégénéraient dans la grossièreté la plus abjecte. après de longues soirées, je découvris que nous avions à toute fin pratique perdu contact. |
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- Vous frappait-il ? Martine Biguel ignora la question. Elle insista sur l'attachement de son mari aux choses du passé... |
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