Transphénoménologie de l'amour.

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- Que de paroles profondes à ce qui m'apparaît, mais j'avoue n'y pas comprendre grand-chose! me dit Célia.

- La réflexion amène parfois des hommes à exprimer des idées dont ils ne connaissent ni la source ni ne comprennent exactement le sens, lui répondis-je.

Nous nous quittâmes peu après. Non sans nous promettre de nous revoir.

Je descends, rue Ste-Geneviève, embranche sur d'Auteuil. Je réfléchissis aux problèmes de la vie!

Le problème de la vie, c'est celui de la liberté, celui de l'horizon sans limite, non-confiné aux perceptions présentes. Mais ces perceptions reposent sur la boite à outils dont nous disposons, de la manière dont nous avons appris à utiliser ses outils. Quels sont les antécédents bio-physiologiques de nos père, ceux de nos mères? Présents en nous, toute cette hérédité remontant à l'origine des temps, à l'origine de la vie. Il y a en nous de la bête,du prédateur, du guerrier, du chef, de la déité, tout cela enfermé dans une carapace omniprésente, inscrit et vivant en chacun des hommes actuels, témoins et acteurs des complots, des conspirations, des machinations de chacun des autres hommes, participant aussi aux bontés, aux compassions, à l'amour de toute la nature, non pas de celle qui tombe sous mes yeux en suivant le trottoir, mais aussi de cette nature universelle où il y a toujours le soleil qui brille et, d'autre part, la nuit qui surgit.

J'arrive à la maison et c'est mon Blackie qui m'attend... Blackie...Je revois d'emblée notre première rencontre. Son propriétaire allait le remettre à la Société protectrice des animaux.Je lui avais fait un signe discret, de la main et il avait entraîné le chien. Je l'aimais ce chien parce qu'il me faisait penser à deux acteurs que j'avais bien aimé dans ma jeunesse: Tony Curtis, du côté américain et Alain Delon, français.

L'animal ne s'était pas fait prier pour sauter dans ma voiture. Son propriétaire me dit qu'il s'appelait Blackie, qu'il avait neuf mois, qu'il était propre mais courait les poubelles ( Je me demandai plus tard si le chien n'était pas tout simplement affamé!) :il ajouta qu'il était issu du croisement d'un labrador et d'un rothwiller. Enfin, pour plus de renseignements, il me fit savoir qu'il demeurait dans ........, et que je pourrais toujours le rejoindre là.

Le froid glacial d'un trente degrés sous zéro arrêtèrent ma quête de renseignements qu'il m'aurait flllu noter. L'animal, à travers la vitre arrière de ma voiture, ne me quittait pas des yeux. Je l'aimais déjà!

Nous étions alors le sept janvier 1996. Arrivés à la maison, dès que j'eus ouvert la portière, Blackie me prit la main dans la bouche, tenta de m'attirer dans la rue, m'abandonna et disparut dans l'Avenue de la Paix, en direction du noret. " Merde!" fis-je tout haut, me disant que j'avais trop fait confiance à l'animal.

Je démairrai, cherchant des yeux mon chien que j'aperçus le long de la rue, furetant, haletant, des jets de vapeurs dans le nez, me regardant, m'invitant à le suivre vers l'entrée d'une maison à appartements, non loin de ma résidence d'alors. Le froid, à travers la portièere que je gardais entrouverte dans l'espoir que l'animal réponde à mon appel, me glaçait. Le ciel de ce sept janvier rayonnait de couleurs rose-tendre, malgré le temps brutal qui glaçait la rue.

Une jeune femme, habillée de collants de laine sortit de la maison.

- C'est le bon Dieu qui vous envoie, me dit-elle, une fais que je lui eu dit que je tentais d'attrapper le chier. Les forces cosmiques sont avec lui! Vous verrez, on le rattrappera... jJe l'ai aperçu tout à l'heure; pauvre bête, elle mourra de froid... Vous êtes un bon homme, Monsieur, vous vous occupez de la sécurité des animaux.

Puis, se trurnant vers Blackie qui gamnbadait dans les bancs de neige, elle me demanda won nom. La jeune femme tenta de l'attrapper par les accents cajoleurs d'une voix capiteuse. L'animal nous regardait, tour à tour, disparaissait, revenait pour finalement disparaître au tournant de la rue Jonquière...

La jeune femme accepta l'invitation de monter. Nous allâmes dans la rue Jonquière mais l'animal courait déjà dans les champs de l'hydro. Malgré nos efforts, il fuyait nos invitations. Nous perdions notre temps et revînmes, chacun chez nous, espérant que la pauvre bête ne meure pas...

Je promis à la Vierge une rose si Blackie revenait. Je rangeai l'auto et rentrai.

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