SALARIAT ET INDUSTRIALISATION
![]() Le mode de production capitaliste est bâti sur deux piliers solidaires qui le distinguent des modes de production qui l'ont précédé. ![]() Le premier de ces piliers c'est le salariat. Des hommes avaient déjà loué à d'autres hommes leurs charmes, leur attachement politique, leur capacité militaire et même leur force de travail. Mais tout cela était resté marginal dans des ensembles sociaux composés de petits groupes entre lesquels monnaie et marchandises ne circulaient pas beaucoup. Le développement du capitalisme signifie l'introduction véritable du salariat dans la sphère de la production. Il en fera la forme générale d'exploitation. ![]() Le deuxième pilier c'est l'industrialisation ou plus largement une mutation dans les rapports de l'homme à la nature et à sa propre activité. L'homme ne se contente plus de gratter le sol pour en tirer sa subsistance. Dorénavant il va entreprendre de transformer systématiquement et à une échelle croissante la nature. Le capitalisme c'est une révolution ininterrompue dans les méthodes productives. C'est le progrès de la science et de la raison face au fatalisme et à l'obscurantisme. C'est le mouvement qui succède à l'immobilisme des sociétés agraires. ![]() Le communisme ne fera pas machine arrière. La fin du salariat ne signifie pas le retour à l'esclavage ou au servage. Le dépassement du procès de "conquête de la nature" et de l'organisation industrielle du travail ne veut pas dire retour à l'immobilité passée. Le communisme abandonnera le caractère agressif et désordonné de l'action du capital. Son but n'est pas de détruire, de morceler et de soumettre mais d'agir globalement sur le monde pour l'humaniser, le rendre habitable. Au-delà de l'industrie il réconciliera l'utile et l'agréable. Il retrouvera à un niveau supérieur la familiarité perdue qui unissait l'être humain à son environnement. ![]() Le capitalisme n'a pas commencé à s'épanouir un beau matin parce que soudain l'on se serait rendu compte de l'efficacité qu'il recélait. Ce n'est pas une victoire de l'ententement. Il s'est imposé sur le tas à travers des bouleversements sociaux souvent cruels et irrationnels. Il a suscité des réactions de révolte. Il a dû reculer avant de mieux repartir. Ses salariés il les a pêché dans une masse de paysans qu'il avait préalablement chassés de chez eux et réduits à l'état de mendiants. ![]() Le mouvement du capital a un double aspect. D'une part il est développement des forces productives humaines et matérielles, donc de valeur d'usage, d'utilité. D'autre part il est développement de la valeur marchande. La marchandise présentait déjà ce double visage. Le capital reste marchandise mais il est de plus valeur tendante à s'augmenter sans cesse. ![]() Le capital a longtemps percé sous la marchandise. Le marchand peut grâce à son ingéniosité ou à sa roublardise posséder et faire tourner une masse grandissants de produits. L'usurier de même en ne s'embarassant que d'argent. Mais ces formes primitives du capital ne peuvent s'étendre indéfiniment. Le valeur reste parasitaire et ne crée pas les moyens nécessaires à son accumulation. Ce n'est qu'en s'emparant et en fixant une valeur sans cesse croissante dans les moyens de production que le capital a pu réellement s'épanouir. Vampire oui se nourrit de valeur, c'est-à-dire de travail humain, il doit pour arriver à ses fins développer lé machinisme et la productivité. Pour lui ce ne sont que des moyens. Pour nous c'est finalement ce qui importe. Cette évolution technique prend souvent des formes désagréables : chômage, armes meurtrières, saccage de la nature, mais elle permettra de révolutionner l'activité humaine et de sortir de l'ère barbare des sociétés de classe. ![]() Le communisme n'abat pas le capital pour retrouver la marchandise originale. L'échange marchand est un lien et un progrès. Mais c'est un lien entre des parties antagonistes. Il disparaîtra sans que l'on en revienne au troc, cette forme primitive de l'échange. L'humanité ne sera plus divisé en groupes opposés et en entreprises. Elle s'organisera pour aménager et utiliser son patrimoine commun, pour distribuer corvées et jouissances. La logique du partage remplacera la logique de l'échange : ![]() L'argent disparaîtra. Il n'est pas un instrument de mesure neutre. C'est la marchandise dans laquelle se reflètent toutes les autres marchandises. ![]() L'or, l'argent, les diamants n'auront plus d'autre valeur que celle qui naît de leur utilité propre. Suivant le souhait de Lénine l'on pourra réserver l'or à la construction des pissotières. ![]() |