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Un Monde Sans Argent : Le Communisme
III. Fin De La Propriété



DE LA PÉNURIE À L'ABONDANCE



Le droit et le sentiment de propriété s'éteindront dans la société communiste parce que la pénurie disparaîtra. Il ne sera plus nécessaire de s'accrocher à un objet dans la crainte de ne plus pouvoir en jouir si on le lâche un seul instant.

Par quel enchantement entendez-vous faire naître cette fantastique ère d'abondance ? va ironiser le bourgeois. Il n'y a aucune magie là-dedans. Nous allons pouvoir faire surgir l'abondance parce qu'elle est déjà là sous nos pieds. Il ne s'agit pas de l'enfanter mais simplement de la libérer. C'est justement le capital qui en courbant les hommes et la nature pendant des siècles sous son joug la rend possible. Ce n'est pas le communisme qui soudain va produire l'abondance mais le capitalisme qui entretient artificiellement la pénurie.

La formidable augmentation de la productivité du travail n'a pour l'instant pas changé grand-chose au sort du prolétariat. Elle a même eu des effets nuisibles. La puissance du capital a détruit les sociétés traditionnelles du tiers monde sans permettre à leur population l'accès au monde industriel. Ceci ajouté à une monstrueuse croissance démographique a jeté une grande partie de l'humanité dans la plus totale misère. Le statut d'esclave salarié devient une véritable promotion par rapport à celui de clochard.

Le nucléaire et l'électronique ont d'abord exercé leurs effets comme arme. Heureusement les progrès de la science nous ont fait sortir de ces temps barbares où l'on était forcé de voir ceux que l'on tuait et où parfois même on s'éclaboussait de leur sang. Pouah ! ! !

Même les habitants des pays «  riches  » qui profitent de cette augmentation de productivité sont grugés. Les augmentations de salaire et la progression de la consommation ne servent qu'à rattraper la détérioration de leurs conditions de vie. Posséder plus d'objets ou des objets plus perfectionnés qu'à une époque antérieure ne signifie pas que l'on vit mieux. L'ouvrier a une voiture que son père n'avait pas. Mais son lieu de travail et la campagne du week-end se sont éloignés. Il reperd dans les embouteillages ce qui a été conquis sur le temps de travail et en fatigue nerveuse ce qui a diminué en effort physique. Ce que l'industrie accorde d'une main les conditions de son développement l'ont déjà repris de l'autre. Elle vante la qualité de ses remèdes mais oublie de dire qu'elle inocule la maladie. Ce n'est pas un hasard. La logique de la production marchande suppose que soient entretenues les conditions d'insatisfaction. Le médicament a besoin de la maladie. Comme l'avait remarqué C. Fourier : En civilisation la pénurie naît de l'abondance même et la société se meut dans un cercle vicieux.

L'être humain se voit ramené de plus en plus au rôle passif de consommateur. Son état de mort-vivant s'anime de la vie artificielle des marchandises. Sa misère devient le reflet multicolore du bonheur exposé à toutes les vitrines et offert au meilleur prix.

Dans la société communiste les biens seront libres et gratuits. L'organisation sociale sera débarrassée dans ses fondements de la monnaie.

Comment empêcher que les richesses ne soient accaparées par certains au détriment des autres ? Après un moment d'euphorie ou l'on se servira sur les réserves existantes notre société ne risque-t-elle pas de glisser vers le gâchis et l'inégalité avant de sombrer dans le désordre et la terreur ?

Ces inquiétudes ne sont pas simplement celles d'une poignée de privilégiés directement intéressés au maintien du système. Elles expriment aussi le point de vue d'opprimés qui sont ficollés dans la peur qu'un bouleversement social n'aggrave leur situation. Dans la tempête les gros ne seront-ils pas mieux armés pour s'en tirer que les petits !

Dans la société communiste développée les forces productives seront suffisantes pour répondre aux besoins. La désir frénétique et névrotique de consommer et d'accaparer disparaîtra. Il sera absurde de vouloir accumuler : Il n'y aura plus d'argent à empocher et de salariés à embaucher. Pourquoi accumuler des boîtes de haricots ou des dentiers dont on aura pas l'usage ? A ce stade si une forme de contrainte subsiste elle ne sera pas dans la distribution des produits mais dans leur nature même, dans l'obligation qu'imposent des valeurs d'usage spécifiques. Il y aura forcément des possibilités qui seront choisies et d'autres qui seront rejetées au niveau de la fabrication.

Lorsque la société révolutionnaire sortira des flancs du vieux monde la situation sera différente. Les autorités révolutionnaires, les conseils de travailleurs, devront définir et faire appliquer un certain nombre de règles qui protègeront contre le retour des habitudes et des mécanismes marchands. Il faudra peut-être alors limiter le nombre de boîtes de haricots ou de kilos de sucre que chacun pourra détenir chez lui. On ne peut définir avec précision la durée de cette phase. Elle variera suivant la plus ou moins grands pauvreté des régions. Elle dépendra de la puissance et de la résolution du parti révolutionnaire. Une guerre provoquée par le parti du capital qui entraînerait des dégâts dans la production et les transports ne pourrait que prolonger cette phase de transition. Si l'on ne ce basait que sur la période nécessaire à la reconvertion communiste des forces productives elle pourrait être fort brève. Que l'on voit la vitesse avec laquelle l'économie américaine a pu se transformer en économie de guerre lors de la deuxième guerre mondiale !

Avec le communisme le caractère de l'ensemble de la production et la nature des objets produits subit une transformation radicale. La disparition de la valeur d'échange se répercute sur la valeur d'usage.



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