Back Forward Table of Contents Return to Homepage

Un Monde Sans Argent : Le Communisme
III. Fin De La Propriété



LA QUESTION AGRAIRE

La question agraire se rattache étroitement à la solution du problème de la propriété. C'est une question vitale pour la révolution. Dans le passé les insurrections ouvrières ont été combattues par des armées de paysans. Le contraire s'est d'ailleurs aussi passé comme au Mexique. Le petit paysan a toujours été facilement mobilisé par la contre-révolution au non de la défense de son droit sacré de propriétaire.

Dans les pays industrialisés le capital a fait le travail qu'il reprochait aux «  rouges  » de vouloir faire. Il a chassé la majeure partie des paysans de chez eux. Il ne peut donc plus compter sur leur masse apeurée pour constituer l'armée de la contre-révolution. L'approvisionnement en denrées de subsistance des villes continue cependant de reposer sur les campagnes. Le parti de l'ordre sera toujours heureux de faire de cette situation une arme contre la révolution.

Lorsque les travailleurs agricoles ne sont pas propriétaires du sol qu'ils exploitent mais sont de simples fermiers ou les salariés de grandes exploitations ils s'organiseront pour continuer à s'occuper de la production. Ils n'auront plus aucun compte à rendre à leur ancien patron. La terre sera à ceux qui la cultivent ! Si leur ancien patron ou propriétaire veut se joindre à eux pour les aider de ses connaissances et de ces forces ce sera une bonne chose. Il ne pourra le faire que sur un pied d'égalité.

Là où possession et exploitation du sol coïncident, lorsque le paysan a très peu de salariés ou n'en a pas du tout le problème doit être envisagé différemment. Cela pour le bien de l'ensemble de la société qui ne se passerait pas aisément dos agriculteurs mécontents. Cela pour le bien du paysan dont la condition s'est prolétarisée, qui dépend pour ses approvisionnements et ses débouchés du système capitaliste et qui doit comprendre qu'il a tout à gagner à la révolution communiste.

Le développement du capital s'est fait contre l'agriculture. On y a pompé main d'oeuvre et ressources pour l'industrie. Le communisme renversera la vapeur. L'agriculture est son enfant chéri parce qu'elle concerne directement la production des aliments et la préservation d'un environnement vivable. Deux choses que le capital a particulièrement négligé.

La propriété familiale ou non disparaîtra avec l'état et le système juridique qui la garantissait. L'usage et l'habitude de cultiver une terre donnée restera et devra même être garanti par les autorités révolutionnaires. C'est sur cette base que les paysans pourront ne regrouper ou si ils le préfèrent continuer à s'occuper isolément de leur parcelle. Il est probable que tout au moins durant un certain temps ils combineront les deux méthodes. Restant chacun attachés à leur terre mais s'entraidant plus qu'aujourd'hui pour certains travaux et pour l'écoulement de leurs produits. L'héritage au sens strict disparaîtra mais qui a le plus de chances d'être qualifié et intéressé à prendre la succession d'un agriculteur sinon son fils !

La règle générale sera de laisser les paysans organiser la production agricole comme ils l'entendent. La contrainte serait la pire et la plus coûteuse des solutions.

La collectivisation agraire pratiquée par le capitalisme oriental n'a rien à voir avec le communisme. Ce n'est pas pour des raisons idéologiques que l'on a collectivisé mais pour des raisons économiques et de classe. Il a fallu lutter contre la renaissance spontanée de la bourgeoisie à la campagne. Les paysans riches s'enrichissaient sur le dos des paysans pauvres en pratiquant le prêt à usure. Ainsi se créait un pôle d'accumulation de capital usuraire concurrent du pôle industriel sur lequel s'appuyait la bureaucratie. C'est pourquoi il a fallu imposer et payer le coût de la collectivisation agraire.

Elle a coûté cher. Au départ en Union Soviétique les paysans ont résisté allant jusqu'à décimer le cheptel. A long terme les conséquences ont été une stagnation de la productivité agricole due au manque d'intérêt des kolkhoziens. De là une politique oscillante à l'égard des lopins de terre familiaux. La collectivisation a contribué à maintenir les paysans à la campagne en les soustrayant à une pression économique directe. Cela a entraîné une pression et une concurrence plus réduites sur le marché du travail. L'U.R.S.S. a conservé une masse de paysans exceptionnellement importante au regard de son niveau industriel. Elle la traîne comme un boulet.

En renonçant à collectiviser renonçons-nous à révolutionner et à communiser les campagnes ? Absolument pas ! Tout au contraire ! La révolution communiste c'est la liquidation de l'économie marchande. Cela concerne aussi les campagnes.

L'agriculteur ne touchera plus d'argent en échange de ses efforts si il est salarié ou de ses marchandises si il est producteur indépendant. Il fournira gratuitement à la société l'excédant de sa production. En mesure de réciprocité il n'aura rien à verser pour les biens nécessaires à sa subsistance et à son activité. Il ne sera plus poussé par le goût ou le besoin de l'argent. Il agira poussé directement par l'intérêt du travail, par l'amour de son mode d'existence ou par le désir d'être utile.

Le paysan verra sa peine réduite. Il pourra faire appel pour l'aider à une main d'oeuvre extérieure. Cela sera rendu possible par la fermeture de tout un tas d'entreprises plus ou moins parasitaires et une réduction de la main d'oeuvre de l'industrie et du secteur tertiaire. Il sera possible d'arrêter provisoirement certaines productions à l'époque des grands travaux agricoles pour libérer des bras. Cela n'est pas imaginable aujourd'hui.

Ce n'est pas simplement la production mois aussi la distribution qui sera transformée. Le chemin qui mène de l'agriculteur au consommateur sera réduit autant que possible. Le transport des produits pourra s'effectuer directement de telle sons agricole à telle ville et être pris en main par les intéressés eux-mêmes. Lorsqu'on voit la différence qui existe entre le prix à le production et le prix que paye le consommateur on comprend l'intérêt d'une telle simplification.

Les paysans conduiront seuls ou avec de l'aide les travaux de culture et d'élevage. Ils ne le feront pas indépendamment du reste de la société. Nous ne leur promettons pas la liberté absolue. L'agriculture dépend aujourd'hui et continuera à dépendre d'autres secteurs qu'elle-même. En amont elle a ses fournisseurs d'engrais et de matériel agricole. Son indépendance est donc restreinte obligatoirement de ce côté-là. Par ailleurs elle occupe une place trop importante pour que tous ceux qui en dépendent renoncent à y jeter des coups d'oeil.

Pour prendre un cas extrême : Si des agriculteurs laissent à l'abandon terres et bétail, n'avant plus besoin de gagner de l'argent, il serait naïf de penser que d'autres vont sentiment se laisser mourir de faim. Dans une telle situation il serait possible en mesure de réciprocité de couper les vivres aux paresseux. Les agriculteurs doivent pouvoir conserveur leurs terres et y vivre de façon agréable. Mais on ne peut pas les laisser devenir des parasites et surtout accaparer des biens que d'autres pourraient utiliser à leur place.

Le dépassement de la scission entre la ville et la campagne est au programme de la révolution. Cela ne pourra se faire que très progressivement car la séparation est inscrite dans la pierre et le béton. On ne peut pas d'un coup de baguette magique transporter des gratte-ciel ou des forêts. Des mesures dans ce sens pourront cependant être mises en oeuvre rapidement. Ainsi le déplacement provisoire ou définitif de populations urbaines vers les campagnes où l'on pourra installer des petits centres industriels en complément et si possible un relation avec les activités agricoles. Beaucoup de gens qui n'ont quitté la campagne qu'à contrecoeur ou qui n'aiment pas la ville seront heureux d'y retourner. Les jardins individuels et collectifs se multiplieront et égayeront les banlieues et même les centres urbains. A cet effet l'on pourra dépaver des chaussées devenues inutiles par la réduction de la circulation automobile. Cela facilitera le recycle ment d'une partie des ordures ménagères, réduira les frais de transport et fournira la population en légumes frais. Un des défauts de l'agriculture capitaliste c'est que s'étant éloignée du consommateur et de ses déchets elle doit compenser le déséquilibre produit par des apports chimiques ou biologiques sans cesse croissante. Dans ses jardins les enfants, les vieux, les malades qui sont aujourd'hui rejetés de la production et souvent voués à l'ennui pourront s'occuper et se sentir utiles. Ce sera un magnifique terrain d'instruction pour une jeunesse déscolarisée. Enfin ça régénérera un air pollué !



Back Forward Table of Contents Return to Homepage