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Un Monde Sans Argent : Le Communisme
VII. Insurrection et Communisation



RECONVERSION

Communiser ne signifie pas chasser les patrons des entreprises et des usines pour s'y accrocher mais commencer par en fermer une bonne partie.

La frontière entre la contre-révolution et la révolution passera entre ceux qui au nom de la patrie, de la démocratie, de l'autogestion, des conseils ouvriers, du Christ-Roi ou de la crème au chocolat pousseront les travailleurs-consommateurs à s'agripper à leurs bagnes et à leurs drogues et ceux qui pousseront à réduire massivement et à reconvertir radicalement la production. Il s'agira de réduire la pollution et de rompre le plus vite possible avec l'abrutissement du travail et la pseudo-abondance mercantile.

Rester dans son usine, même pour l'autogérer, c'est geler la situation au profit de la contre-révolution. Que cette attitude soit professée par des drogués du boulot, des syndicalistes naïfs, ou des coquins de capitalistes qui espèrent gagner du tempe, le résultat est le même.

Les révolutionnaires se verront probablement accusés par tous ces bons apôtres de vouloir désorganiser la production et abaisser le niveau de vie du peuple.

Dans cette réduction de la production il ne faut voir aucune fascination pour l'austérité. Les sacrifices demandés seront bien moindres que ceux qu'imposerait une autre solution. Fausse solution qui ne servirait qu'à empêcher une rupture décisive avec le passé et à immobiliser des forces nécessaires à la lutte. Fausse solution qui rassemblera tous ceux qui ont peur de voir s'envoler les bases de leur pouvoir : syndicalistes indécrottables, petits et grands chefs, politiciens, administrateurs, patrons...

Ce n'est qu'en arrêtant la production d'une myriade de produits peu utiles, inutiles ou nuisibles et qu'en brisant la division entre entreprises que l'on pourra concentrer les forces pour produire en abondance les produits indispensables ou nécessaires. Il faudra entreprendre des recherches et amorcer la mise en oeuvre d'une production nouvelle. La communisation ne signifie donc pas uniquement démonétarisation mais aussi transformation rapide de la production. Les deux choses sont intimement liées.

Les ouvriers, les employés, les enseignants seront invités à aller là où ils seront véritablement utiles. Ces changements se fonderont d'abord sur le dégoût spontané des masses pour leur travail et sur la révélation de leurs capacités. Ils ne se feront pas sous l'égide d'un centre directeur mais surgiront d'une multitude d'initiatives diverses. Cela ne veut pas dire désordre et laisser-aller. Toute révolution implique une part de flottement, de pagaille et de gâchis. Il importe de la réduire au minimum. C'est notamment la tâche des plus radicaux. Nous ne sommes ni contre l'ordre, ni contre la discipline, ni contre l'organisation, ni même contre l'autorité. Il faudra dénoncer et combattre ceux qui confondraient révolution et bordel aussi résolument que l'on s'en prendra aux étatistes dont ils font le jeu.

La reconversion devra permettre d'assurer d'abord la satisfaction des besoins les plus élémentaires. Ensuite elle devra favoriser plutôt que la création de certains produite la création des outils et machines nécessaires à leur fabrication. Ce matériel sera répandu dans la population et permettra à chacun de fabriquer ce qu'il aurait fait fabriquer par d'autres.

Voilà quelques indications sur les changements envisageables en fonction des grands secteurs économiques. Aucune de ces transformations n'a de sens en soi. Le danger de faire des propositions concrètes c'est qu'elles peuvent être récupérées contre le communisme. Mais il ne faut pas oublier que les révolutionnaires ne peuvent se contenter d'énoncer des principes généraux et qu'il leur faut en fonction d'une situation déterminée avancer des solutions concrètes.

Énergie : Il y aura une réduction importante de la production d'énergie. Cette réduction découle tout naturellement de la fermeture d'une partie de l'industrie qui consomme la majeure partie de cette énergie. Peut-être serait-elle de toute façon rendue obligatoire par la difficulté à assurer des approvisionnements en pétrole, gaz, charbon.

La distribution d'énergie sera transformée. Une partie de celle qui était utilisée directement par l'industrie pourra être reportée vers la consommation domestique : chauffage, éclairage, alimentation de petites machines.

On mettra en oeuvre progressivement de nouvelles sources d'énergie. Il faudra développer ce qui pollue le moins et ménage des ressources limitées comme les combustibles fossiles. On pourra favoriser une production décentralisée et intermittente à usage local. Cela ne signifie pas de toute façon que le communisme soit fondamentalement opposé à l'énergie nucléaire. Il faut simplement des assurances sérieuses sur les conditions de production et les nécessités d'utilisation. A court terme - l'eau, le vent, le soleil semblent préférables.

Transports : Les transports gâchent de l'énergie, polluent, concrétisent les inégalités sociales... Il y aura là encore une réduction et une rationalisation importante que rendra possible un réaménagement de l'espace. Les gens s'arrangeront pour ne pas avoir à faire des trajets trop longe. Ils auront moins d'occasions de se déplacer contre leur gré. Des horaires plus libres permettront de ne pas s'entasser aux mêmes heures dans les mêmes véhicules.

La production des automobiles actuelles pourra être généralement arrêtée. Le nombre des voitures actuellement en circulation, utilisées de façon plus rationnelle, permet d'attendre la mise au point et la fabrication d'engins moins misérables. Une partie des véhicules pourra être utilisée comme taxis, avec ou sans chauffeur, ou servir à des missions publiques.

La grande majorité des voitures devra probablement continuer à être utilisée de façon privée. Cela permettra de ménager des habitudes traditionnelles et d'intéresser les utilisateurs à la bonne marche de ce qui continuera à leur appartenir. Cette appartenance pourra être limitée par certaines conditions d'utilisation visant à restreindre et à éliminer la circulation dans certains lieux et à permettre le meilleur usage et remplissage possible.

Le train et d'autres moyens de transport guidés devront être favorisés et développés. C'est encore là que se trouve la meilleure sécurité, le meilleur rendement énergétique, la moindre utilisation du sol possible. Ces engins rapides et confortables pourront être complétés par des véhicules plus lents, d'une utilisation plus individuelle et plus souple qui seront équipés de moteurs non polluants.

En attendant l'on pourra continuer à produire des camions, des bicyclettes, des patinettes, de bonnes chaussures.

Pour réduire les besoins de se déplacer, notamment en ce qui concerne les contacts rapides à longue distance, il faudra développer un bon réseau téléphonique ou vidéophonique. Cela permettra à un coût bien moindre à beaucoup plus de gens qu'aujourd'hui de rentrer en contact. L'avion est un gadget bruyant, polluant pour businessmen et touristes pressés. Son emploi est difficilement généralisable à tous. Il faudra donc l'éliminer ou le réduire à certains cas particuliers.

Pour les voyagea à longue distance pourquoi ne pas remettre à la mode en les modernisant les grande voiliers ? Leur fabrication donnerait lieu à une saine compétition. De toute façon il existera d'autres moyens de se transporter d'un continent à un autre. Pour ça il n'y a pas besoin de supersoniques.

Edition : C'est un secteur dont l'importance révolutionnaire est facile à comprendre. Qui contrôlera la presse ?

En période insurrectionnelle régulièrement les ouvriers ont contrôlé le contenu des journaux qu'ils imprimaient. Cela recommencera n'en déplaise aux chantres de la liberté de la presse qui ne sont souvent que les partisans de la liberté du fric. Mais cela n'est pas suffisant. La presse devra se transformer. Elle cessera d'être le reflet contemplatif de la réalité.

La révolution permettra une liberté d'expression impossible aujourd'hui. Une grande quantité de petites machines à imprimer qui appartiennent aux entreprises et aux administrations seront mises à la disposition de tous.

Demain un livre ou un écrit quelconque ne sera pas édité et diffusé en fonction de l'accord d'un éditeur. Il sera directement pris en charge et d'abord imprimé par ceux qu'il intéressera. Son succès dépendra donc du courage de son auteur et des appuis pratiques qu'il rencontrera.

Aujourd'hui une partie considérable du coût d'un livre tient à sa diffusion et à sa promotion publicitaire. L'avantage avec le communisme est évident. On peut même admettre, pour économiser des forêts, que les journaux ou les textes circulent ou soient affichés.

Le communisme, tout en favorisant l'expression écrite, orale ou audio-visuelle de tous, devrait permettre de réduire les dépenses de la société en papier et en encre.

Que deviendra la littérature ? Nul doute qu'elle se transformera et que l'activité romanesque perdra peu à peu de sa nécessité. Il n'y aura plus, même si on continue à s'occuper de fiction, un monde des livres s'opposant au monde réel. Peut-être même qu'avec le temps la communication écrite perdra de son importance et tendra à disparaître.

Bâtiment : L'industrie du bâtiment subira une mutation. Cela ne veut pas dire que les maçons chômeront. La construction est l'une des rares activités qui ne régresseront pas.

Il faudra cependant prendre des mesures pour limiter ou plus radicalement interdire la construction dans les villes et les banlieues surpeuplées. Mais les gens qui se déplaceront hors de ces centres urbains devront être logée. Il faudra mettre en chantier des maisons et des bâtiments de toute sorte. Il faudra aussi démolir et organiser la récupération des matériaux.

Là comme ailleurs, mais peut-être encore plus rapidement, le professionnalisme sera sapé. Ceux qui voudront avoir une nouvelle maison devront mettre la main à la pâte. Ils se feront aider par ceux qui par formation ou expérience s'y connaissent mieux.

Les mal-logés seront immédiatement relogés dans les appartements et résidences qui pour une raison quelconque seront libres. La suspension du paiement des loyers et des traites sera naturellement une des premières manifestations de la révolution.

Habillement : L'on ne pourra pas tout transformer d'un seul coup. Il faudra continuer de produire en fonction des matériaux et machines existantes. Des transformations pourront certainement être apportées assez rapidement dans le sens de la qualité et de la solidité.

Un certain nombre de modèles d'habits et de chaussures pourront être produite en grand nombre. A côté l'on développera la production de tissus et de petites machines pour que les gens se confectionnent eux-mêmes ce dont ils ont besoin. Cela permettra d'adapter les produits aux goûts des gens. Cela permettra que la distribution des habite dépende des efforts directement fournis.

Nourriture : L'industrialisation des produits alimentaires s'est généralement traduite par une dégradation de la qualité de ces produits. Le communisme devra le plus rapidement possible augmenter la quantité de nourriture produite, changer sa répartition notamment au profit des populations sous-alimentées du tiers monde, et agir dans le sens d'une amélioration de la qualité.

Des modifications seront introduites dans la composition des produits. Il faudra exclure tout ce qui est nuisible ou même inutile et qui ne sert qu'à tromper le consommateur. Les emballages seront simplifiée.

Du point de vue agricole il faudra limiter et réduire progressivement l'utilisation des produits chimiques. Il ne s'agit pas là d'une position de principe contre tout ce qui serait chimique ou artificiel mais d'une opposition à une détérioration et falsification réelles des produits agricoles.

La monoculture devra céder la place à la polyculture et à l'association de l'agriculture et de l'élevage qui permet le recyclage et l'utilisation du fumier et des déchets. Cela permet de réduire l'importance des apports extérieurs, ce qui a une importance vitale notamment pour les pays non industrialisés.

Il vaut mieux que les forces de la société s'investissent directement dans les travaux de la terre plutôt que dans des usines d'engrais et de produits chimiques. Quitté à distraire des bras de l'agriculture il est meilleur que ce soit pour fabriquer des outils et des machines agricoles. Ce matériel devra notamment être introduit dans les agricultures du tiers monde.

Les recherches sur la qualité des alimente et sur les méthodes agricoles qui sont actuellement assez peu développés devront s'amplifier. Il faut sélectionner les meilleures variétés de plantes, les méthodes qui ménagent le plus le sol, une répartition des cultures adaptée aux besoins alimentaires. Il y a dans l'agriculture comme ailleurs des choix à faire : doit-on favoriser la production de protéines animales ou végétales ? doit-on préférer le rendement ou la rusticité ?

La Santé : Les problèmes de santé sont en grande partie causés par les conditions de vie et de travail. Le communisme en révolutionnant ces conditions fera beaucoup pour la santé des populations.

L'accent devra être mis sur les mesures d'hygiène et de prévention. La production des médicaments en sera réduite. Certains produite qui sont inutiles ou paraissent actuellement utiles seront supprimée. De même que pour les marques de lessive il existe plusieurs marchandises pour un même produit pharmaceutique. Le coût de l'emballage, de la publicité l'emporte sur le coût du produit réellement actif. Tout cela disparaîtra évidemment.

Il s'agit de déprofessionnaliser la médecine le plus rapidement possible. Cela veut dire réintroduire un savoir médical et hygiénique perdu dans la population. Rendre possible l'utilisation des plantes médicales. Cela veut dire former une fraction de la population pour qu'elle puisse intervenir médicalement, dans des délais assez brefs.

Éducation : La période d'insurrection et de reconversion développera le besoin d'éducation et d'apprentissage. Puisque une grande partie de la population devra changer d'activité et puisque tous devront multiplier leurs aptitudes il faudra apprendre.

Cet apprentissage se fera en grande partie sur le tas. Chacun devra faire profiter ses compagnons de ses connaissances.

La télévision et la radio pourront permettre de transmettre à un faible coût ce dont les gens auront besoin. Il est facile de diffuser des cours de mécanique, d'agriculture, de maçonnerie qui complèteront l'apprentissage pratique.

Que vont devenir les enseignants ? Il ne s'agit pas d'interdire d'enseigner mais le fait de n'être qu'enseignant doit être découragé par tous les moyens. De toute façon une grande partie de la culture ne fera plus l'objet d'un enseignement au sens strict. En ce qui concerne les enfants il ne s'agit pas d'en retirer la garde de force à des instituteurs amoureux de leur métier. Mais à partir du moment où les activités offertes aux enfants os multiplieront et où ils ne seront plus une charge pour des adultes qui ne seront plus enchaînés à des travaux professionnels ou domestiques il sera impossible à l'école de se maintenir.

Le corps enseignant pour assurer son bien-être aura tout intérêt à s'adonner comme tout le monde à des tâches pratiques. Si il ne le fait pas c'est lui qui en paiera directement le coût. Nul doute que la majeure partie des enseignants qui sont de plus en plus des machines à enseigner apprécieront un nouveau mode de vie qui de toute façon ne les empêchera pas de faire profiter les autres de leurs connaissances.

Religion : Certains croyants de peu dé foi clament que la révolution communiste ferait disparaître la religion. C'est douter de la puissance du Seigneur à s'occuper de ses affaires. Quant à nous, nous lui en laissons la charge.



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