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Un Monde Sans Argent : Le Communisme
VII. Insurrection et Communisation



VENGEANCE

Les révolutionnaires n'ont pas le goût du sang, ni l'esprit de vengeance. Les insurrections du passé montrent que le sang versé tient généralement pour une faible part aux insurgée. L'espoir efface la rancune.

C'est la contre-révolution qui a massacré, emprisonné, déporté. Le sang a coulé durant les combats mais souvent aussi après, quand la victoire militaire était acquise. Fureur meurtrière née de la terreur des possédants. La réaction doit écraser les forces adverses. La révolution lui semble résider dans les révolutionnaires. Il faut donc les détruire.

L'esprit de vengeance a pu jouer un rôle dans les insurrections ouvrières. Mais qu'est-ce que c'est si on compare son action à la répression des Versaillais, du Kuomingtang en 1927, des franquistes...

Les insurrections ouvrières ont été beaucoup moins vengeresses que les révoltes paysannes anti-féodales. Cela parce que la révolution n'est pas un acte de désespoir. Les destructions de biens, les représailles contre les personnes sont souvent le fait de ceux qui ne voient pas comment échapper à la misère et se contentent d'annihiler ce qui incarne l'oppression.

Se venger ne serait pas seulement mesquin, cela serait stupide. Condamner à l'avance en fonction du passé, c'est renforcer nos adversaires dans leur peur et leur détermination. C'est ne susciter des ennemis parmi ceux qui à tort ou à raison pensent avoir quelque chose à se reprocher. C'est encourager les règlements de compte personnels.

Nous devons offrir à nos adversaires la possibilité de changer de camp. Les principes communistes ne dictent pas par eux-mêmes un mode de conduite uniforme. Au contraire, ils impliquent que puisse s'exprimer la diversité des caractères, des situations et des passés de ceux qui participent à la révolution. Mieux, ils impliquent que si nos adversaires peuvent s'aveugler pour ne plus voir en nous que de la "vermine rouge" nous devons, quant à nous, continuer à reconnaître dans le pire de nos ennemis un être humain. Sans illusion d'ailleurs sur la nature humaine.

Il serait stupide de se mettre à dos des médecins, des ingénieurs, des paysans alors que nombre d'entre eux seront prêts à noue rejoindre sans que nous fassions de concessions au mythe du spécialiste, à la hiérarchie du travail, à la propriété. Cela signifie que les conseils devront protéger parfois certaines situations acquises. Cela ira contre l'égalité mais cela permettra de faire pression sur certains en leur laissant encore quelque chose auquel ils tiennent. On peut garantir aux médecine l'usage de leur résidence et de leur matériel professionnel à condition qu'ils n'émigrent pas et qu'ils soignent ceux qui en ont besoin. Telle résidence secondaire située à la campagne peut revenir à son légitime propriétaire, à un parent ou à un ami sans que l'on admette pour autant que des gens puissent avoir deux habitations et d'autres rester dans un taudis.

Par contre, ceux qui chercheront à préserver des privilèges ou à profiter de la situation pour s'emplir les poches doivent savoir qu'ils ne pourront bénéficier de la pitié de leurs victimes.

Plus les conseils révolutionnaires auront d'assurance, plus ils seront capables d'édicter des règles claires, plus ils seront capables de transformer promptement la réalité, moins la violence sera nécessaire.



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