Qui suis-je? Moi... Toi?
Chapitre 2 : Une matinée comme les autres
Cela faisait un bon moment que le soleil s'était levé et éclairait cette ville qui ne dormait jamais.
Les oiseaux chantaient un hymne à cette nouvelle journée. Mais personne ne leur prêtait l'oreille, chacun se hâtant vers un but connu de lui seul.
Seul un homme s'émerveillait de la beauté de leur chant. Il ne les voyait pas mais devinait leur présence.
Un sourire béat éclairait son visage imbécile.
Cet homme aurait eu belle prestance s'il se tenait droit. Au lieu de cela, il marchait le dos à moitié courbé, les jambes à moitié fléchis, ce qui le mettait à la taille des autres passants.
Il regarda le ciel et le bleu clair piqué d'un soleil éblouissant. La lune était encore présente, d'une blancheur presque transparente.
'Hé hé hé...!!! Dis donc, le soleil. Tu devrais te dépêcher: cela fait un bon moment que la lune t'attend!... Ah... Le printemps... Saison de l'Amour... Chantez mes petits oiseaux: chip, chip, chip!!!'
Arrivé dans sa rue, notre homme s'arrêta.
Il sentait clairement le danger ; l'ennemi le guettait.
Il se glissa dans l'interstice sombre entre deux immeubles. Il devait préparer sa défense. Mais comment ? L'ennemi était de taille et savait user de mille ruses pour arriver à ses fins. Il lui fallait trouver une parade valable rapidement, sinon... Dieu seul savait ce qui risquait d'arriver. Cet ennemi était sans pitié et il le savait de longue date.
Réfléchir...
Que c'était difficile de revenir dans ce monde cruel après une nuit de plaisirs... Une nuit qui lui avait fait oublier son quotidien... Son esprit avait du mal à se concentrer malgré le danger qui le guettait, revenant sans cesse à cette nuit passée avec... euh... Comment elle s'appelait déjà ? Ah oui ! Nina-chan.
Avec un soupir, il chassa ces pensées attrayantes et se força à se concentrer sur le présent.
De toute façon, à quoi bon un plan ? Il avait beau connaître l'ennemi et ses tactiques, il savait qu'avant tout, seul primait l'instinct. Ce même instinct qui lui avait maintes fois sauvé la mise.
Il se glissa furtivement à l'intérieur de l'immeuble et gravit les marches rapidement, sans aucun bruit. Aucun son ne trahissait la présence de l'adversaire, ce qui incita Ryo à renouveler de prudence.
Il ouvrit la porte de l'appartement. Le silence y régnait en maître. Avant d'entrer, il attendit un peu que l'adversaire se trahisse, mais au bout de cinq minutes, ne voyant rien arriver, il risqua un pied à l'intérieur.
Toujours rien.
Sans faire de bruit, il entra et s'immobilisa sur le seuil, jetant un coup d'œil à chaque bout du couloir.
Et c'est alors qu'un immense projectile arriva sur lui, ne lui laissant même pas le temps de se jeter au sol.
Ryo se retrouva encastré dans le mur dont il s'extirpa non sans peine.
Pour se retrouver en face d'une créature.
Ses sens embrouillés envoyèrent à son cerveau l'image d'une diablesse...
'C'est à cette heure-ci que tu rentres ?' Souffla la créature.
Ryo secoua sa tête pour retrouver ses esprits. Ses sens ne l'avaient pas trompé : c'était bien à une diablesse qu'il avait à faire.
Une diablesse au doux nom de Kaori.
'Où as-tu encore passé la nuit ?' Son souffle était court, elle retenait sa rage.
'Ma... ma petite Kaori... Bonjour... Comment vas-tu ce matin ?...
- J'ai connu des matins meilleurs !
- Oui, je te comprends... Moi aussi...
- Hein ? Tu veux dire quoi par-là ?' La maassue se rapprochait dangereusement de sa tête. Il replia son bras pour se protéger. 'Je veux dire... je veux dire...' A ce moment précis où la terre semblait se dérober sous ses pieds, un éclair de génie traversa son esprit, lui livrant le moyen de se sortir de ce mauvais pas. 'Je veux dire que j'ai passé une nuit HORRRIIIIIIBLE. Crois-moi, j'aurais donné cher pour passer la nuit bien tranquillement dans mon lit.
- Hein ?' Le visage de Kaori exprimait la surprise, mais sa massue n'avait toujours pas disparu.
Je suis sur le bon chemin. Hé hé!
Il la regarda droit dans les yeux : 'Tu connais notre vie. Je n'ai pas besoin de t'expliquer.'
Sans un autre regard pour elle, il se redressa, mit une main dans la poche de son pantalon et se dirigea vers le salon, tournant délibérément le dos à une Kaori dont la stupéfaction avait atteint son paroxysme et dont la massue avait finalement disparue.
'Notre métier n'est pas seulement de protéger les gens, mais aussi de savoir ce qui se passe dans le milieu. C'est indispensable à notre survie. Et tu le sais bien. Toute cette nuit, je suis allé à la pêche aux informations. Comme d'habitude. Et je pense avoir trouvé quelque chose. C'est pour cela que je rentre si tard.
- Aaah ?
- Malheureusement, je n'ai pas appris toutt ce que je voulais savoir. Il va donc falloir que j'y retourne. Mais maintenant je suis trop fatigué. Excuse-moi, mais j'ai besoin de me reposer' ajouta-t-il sans se retourner, sûr de son effet sur sa partenaire, qui ne pouvait voir le large sourire qu'il arborait.
'A tout à l'heure.' Il monta dans sa chambre, d'un pas fatigué. Plus qu'affecté. Il entra dans sa chambre et ferma la porte. Mais au lieu de se diriger vers le lit, il colla l'oreille à sa porte, mais n'entendit aucun son.
Cette idiote de Kaori a cru tout ce que je disais. Hihi... Pas de massue, aujourd'hui !!!
Il se dirigea vers son lit en sautillant.
Kaori le regarda entrer dans sa chambre et fermer la porte.
Elle ne savait plus que penser.
Un sentiment de culpabilité lui harcelait le cœur, mais son esprit la mettait en garde contre les duperies dont Ryo était capable.
Au fond, cela prouvait encore une fois qu'elle ne le connaissait pas. Malgré toutes ces années passées à ses côtés. Elle ressentait ce sentiment familier de vide dans son cœur.
Sentiment bien stérile. Tout comme sa relation avec lui.
Elle savait, par habitude, que ce genre de sentiment lui rappelait le vide de son existence et qu'il valait mieux passer tout de suite à autre chose.
Oui, il fallait qu'elle s'occupe l'esprit, qu'elle empêche la Peur de prendre contrôle d'elle.
La Peur de se sentir rejetée.
Elle courut presque à la cuisine et se remit à couper les légumes, comme si c'était là le moyen ultime d'empêcher son monde de s'effondrer.
Puis elle s'arrêta.
De toute façon, elle ne pouvait combattre le destin, ni forcer les autres à aller à l'encontre de leurs désirs. Jusqu'à présent, Ryo l'avait gardé auprès de lui. Que pouvait-elle demander de plus? Ne serait-ce que pour cela, elle lui devait d'être reconnaissante. Cela lui permettait de le voir chaque jour, de lui parler. Et puis, il est vrai que, dans ce milieu, il valait mieux être sur ses gardes pour pouvoir prendre les devants. Mais elle se doutait bien qu'il ne passait pas toutes ses nuits à la recherche d'informations : il partait aussi à la recherche de jolies femmes.
Mais qu'importe. Cette vie lui convenait.
Malgré tout.
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