[ samedi 10 août ] [ 14:45 ] [ cet irrémédiable ennui ]
Une certaine paresse. J'y crois pas trop, mais enfin. Un certain désoeuvrement. Oui, mais celà ne date pas d'hier. L'ennui. L'ennui. Depuis le tout début du carnet, l'ennui est présent, du moins son goût, son odeur, sa forme ou son ombre, en surface ou en profondeur. L'ennui est là depuis des mois. Mais cette fois je le redécouvre. Cette fois il me semble implacable.
J'erre des heures entières au fil de la toile, je suis les liens, les panneaux sans réfléchir, sans prendre vraiment d'initiatives, je me promène aux quatre coins des écrits des autres comme aux quatre coins de ma chambre. Je ne m'amuse plus. Je ne me suffit plus. J'ai Besoin. D'Autre Chose.
Pas sûre de vouloir parler, pourtant. Pas sûre de savoir quels seraient les bons interlocuteurs pour celà. Pas sûre de vouloir voir des visages. Pas sûre de savoir quel serait le bon décor pour celà. Pas sûre de vouloir lire, pas sûre de savoir ce que je veux entendre. Besoin de me rapprocher, de la foule, de l'Extérieur, de créer des liens, d'en affirmer, d'avoir des élans d'amour ou bien des élans d'amitié. Besoin d'Extérieur, mais je ne sais pas comment m'y élancer. Tout est à reconstruire et je ne sais par où commencer.
Je ne me suffis plus de l'écran et du clavier. Je ne me suffis plus d'une cigarette. Je ne me suffis plus d'un thé caramel. Je ne me suffis plus des chewings-gums qui piquent et du parfum à brûler qui entête. Je ne me suffis plus de redécouvrir des musiques de fonds de tiroir. Je ne me suffis plus de faire semblant d'avoir tout ce dont j'ai besoin. Je cesse de me mentir. Ces jours-là ne me suffisent pas.
Depuis sa reconstruction, ce site est en attente de maquillage et d'habits neufs. Je n'y ai pas remis de liens. J'ai tout remis au lendemain. Je n'y ai pas mis d'about. J'y ai laissé des archives dont je deteste la moitié d'entre elles. Je me suis promis d'en détruire. Mais j'en ai toujours remis à l'avenir. Le site attend, et moi assise devant, je remplis les cases vides, le minimum, je ne remplis que l'essence, j'y mets le fond, j'oublie la forme.
Une certaine paresse. Ou un certain manque d'envie. D'envie de creuser à l'intérieur. Une certaine envie d'aller chercher l'Extérieur. Peut-être j'attends qu'il vienne me chercher. Me pousse ou me retienne. J'attends dans ma chambre que l'Extérieur me retrouve. Assise devant l'écran, je bouge à peine. J'attends que l'on me cherche. Peut-être. Peut-être pas. Cet ennui-là est plus qu'inconfortable. Irrémédiable?