[ samedi 26 octobre ]

Je ne regarde plus l’horloge avant de m’endormir, je regarde les photos, je pense à l’avant, à la vie d’avant, que je perds peut-être pour le meilleur, ou que je retrouverai, que je reprendrai à bras le corps un jour, heureuse. Je souris, je tends le bras et ferme la lumière, mais je ne regarde plus l’horloge avant de m’endormir. Les insomnies reviennent, chaque année en automne, sans raison, sans friction, sans tension, juste le temps qui coule la nuit devant mes yeux ouverts.
Moi j’ai grandi là-bas, je ne l’ai jamais autant dit, à haute voix. Moi j’ai grandi là-bas, et les autres ici disent aussi moi j’ai grandi là-bas, tous ces là-bas, tous ces ailleurs nous rapprochent à peine, finalement nous laissent dans une solitude nostalgique et silencieuse qui pose un arc-en-ciel sur nos lèvres lorsque l’on dit demain, on rentre à la maison.
La maison, moi je m’en moque. La maison elle a porté tant de frayeurs et de douleurs en elle pendant mes mois anesthésiés. La maison moi je m’en moque. Moi je ne veux que des départs. Ce ne sont que des promesses, ces départs entre lesquels je vis. Mais la maison moi je m’en moque.
J’attends toujours. Come save me. J’attends toujours, un départ ou un retour. La vie ne sera-t-elle jamais qu’une éternelle attente, l’attente jusqu’au jour où… Oh que non, oh que non, je crois bien trop au paradis pour ne pas l’avoir un jour sur terre. Sortez de ma tête imbécile pessimisme s’il vous plaît, vous ne me ressemblez pas, vous n’aurez rien de moi ! Mais ça n’empêche pas l’attente. L’attente, l’absence, mais de quoi dites-moi ! A m’entendre on pourrait croire que tout me manque…Alors que dans le fond, il ne me manque pas tant…rien qu’un peu d’envolée de volutes de fumée aux belles heures de la nuit, rien qu’un peu de bruit de voix connues, de visages à reconnaître, rien qu’un peu des bonheurs d’hier, puisqu’ils me berçaient si tendrement, rien qu’un peu des peines d’hier, qui sait, puisque dans leurs bras j’ai touché le cœur de la vie, de la passion des sentiments. Il me manque l’imaginaire, de l’imaginaire de l’enfance à celui de la fin de l’adolescence. C’est ce vide en moi qui me manque aussi, et peut-être plus que tout. Plus que l’amour, plus que vos bras, les vôtres, messieurs les grands garçons qui à tout âge ne seront jamais des hommes, non, pas pour moi, non, je vous ai connus si innocents moi, ne me dites pas que vous êtes devenus des grands, des adultes maintenant, je ne vous croirais pas…

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