[ dimanche 7 septembre ]

Demain peut-être j’écrirai, ici au propre les notes d’il y a des semaines.
Parce qu’aujourd’hui que dalle. Pourtant je reviens à cet espace qui m’appartiens encore, que j’ai délaissé, c’était me lâcher sans filet, ne plus laisser de trace.
Il m’est arrivé de penser que la page blanche avait besoin de moi pour prendre vie. C’est moi qui a besoin d’elle aujourd’hui. Ce n’est pas encore fort, ils ne sont pas encore grands, les mots, le langage je l’ai arraché à ma peau l’ai jeté par-dessus mon épaule, et adopté une autre langue pour ne pas en venir à hurler, à tout bousculer, adopté une autre langue pour réapprendre ce qui se dit, ce qui se tait, avant d’en arriver là encore, au moment où l’on ne peut que hurler, déchirer, exploser ou imploser. Comme s’il n’y avait plus qu’un animal à l’intérieur du corps, animal évolué jamais apprivoisé, qui ne sait que faire de ces moyens de s’exprimer, quand le verbe ne suffit plus à contenir l’orgueil et la rage, quand les mots se font mensonges, quand rien n’est plus clair que seul l’esprit, que seuls les sens, que seules les sensations immédiates, instantanées, fugitives, fugitives…
Mais se contenir, encore et malgré l’impatience et le ressentiment, entre les murs qui ne cloisonnent rien que les corps, se contenir comme une adulte lorsque viennent frapper à son cœur des maux d’enfant, se contenir en serrant fort les poings dans le silence de l’isolement. Et puis la musique encore, se contenir dans le vacarme qui enivre, mettre le doigt sur le désordre hors de moi, s’y tenir, s’y suspendre comme aux lèvres de ceux qui se sont tus, approcher le désordre à l’extérieur, me perdre de vue, me laisser noyer ailleurs qu’en moi-même, se contenir dans cet oubli, celui de mon orgueil, de mes rages et de mes rêves encore bien vivants, d’une existence plus grande, plus haute, plus belle que moi, mes rêves de ce que je n’allais jamais atteindre ni même approcher, un sommet quelque part n’importe où je n’en ai eu qu’un point de chute.

Et derrière les vitres qui m’assassinent lentement en m’exposant une terre à laquelle je ne me sens pas appartenir jamais, derrière les vitres pourtant j’aime cette saison qui revient sans cesse.

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