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A cappella

Section réservée aux textes sans véritable mise en forme ni classification.

 

Note

Les textes de cette section ont été rédigés dans une période très active remplie de questionnements divers en lien avec l'écriture et l'individu qui écrit.

L'escalier de secours

Dans mon allée, à écrire des comptines. La discrétion des regards, les distractions plein la tête. J'en reviens au langage, à la parole. En ces moments, tout semble trouver sa formulation. Puis, pour ma pause d'après-midi, pour un moment sans bruit, un moment de quiétude et d'abandon, je m'assois sur les marches d'un escalier de secours, dans la ruelle. Et c'est lancé.

Pour quinze minutes, parfois le double, je m'abandonne à la poussée du crayon, délaissant ma posture, tout ce que j'ai à dire, pour laisser place à ce qui demande à être écrit. Le mouvement du crayon, du stylo, de la plume, en lui seul me semble soudain très complexe, attestant d'échanges entre la tête et le papier, et vice versa. Cela se passe si vite que je n'ai guère le temps d'effleurer ce qui déjà se trouve derrière, comme si la plume précédait la pensée-même, ou qu'elle était pourvue d'une pensée-propre, d'une volonté. Qu'on y voie quelque principe relatif à l'écriture automatique, et l'on n'aurait pas tort. Parmi les jeux, il y a celui-ci : le crayon poussé à ne rien dire, mais qui en dit toujours un peu plus, le crayon dont la volonté dépasse la motivation, les “ mot's ”.

Il fait froid, certes, mais qu'importe. Je viens ici, dans l'allée, la ruelle, pour ne pas être destorbé. Et l'on pourrait certes m'observer par une fenêtre et se dire : tiens, fidèle à ses habitudes, il est là, il écrit. Oui, c'est presque un rituel : celui de la pause, de la ruelle, de l'escalier de secours. Ça n'est pas que j'y tiens mordicus, mais simplement que cela me plaît, comme de marcher la nuit, de grimper sur un toît pour observer la ville de haut, compter les dalles des rues des vieux quartiers, pivoter sur un seul pied et m'arrêter un peu, ici et là, pour m'imprégner des battements d'un lieu, appuyer ma joue contre un poteau électrique, tendre l'oreille et écouter l'histoire de l'arbre qu'il a un jour été, et tout ce qu'il a vu, dans la ruelle, près des escaliers.

(2004)

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©  Yann Ropers, 2003-2008

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