LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
 
 
 

DOMINIQUE

EPISODE 13
Fragilité



Charles posa son jeu et se pencha en arrière :
- J’en ai marre... J’ai encore perdu.
- Une chance que ce ne soit pas un strip-poker, s’exclama Eglantine en ramassant les jetons avec lesquels ils jouaient.
Elle tourna la tête vers Dominique et soupira :
- Tu as toujours autant de chance au jeu ?
Il secoua la tête et fronça les sourcils en montrant son jeu.
- Trois rois et deux as... murmura-t-il. J’ai encore gagné.
Dans un long soupir, il se leva et les quitta sans rien dire.
- Lui, il n’est pas en forme, remarqua Eglantine.
- Tu as l’oeil, dis-moi !
- Heureux au jeu... tu sais ce qu’on dit.
- Ne t’en fais, de ce côté là, il n’a pas à se plaindre... Enfin, je crois.
- En tout cas, je n’avais jamais vu une telle chance !
- Moi... Si.
Le jeune homme poussa ses cartes vers le tas central et s’assombrit.
- Ah bon ? De quoi parles-tu ?
- Un temps assez lointain. Un temps que je pensais révolu, expliqua-t-il en portant une main à son cœur. Un temps que je désirais révolu. Mais je crois que je rêvais. Ce n’est pas fini.
Elle le prit par le menton et tira son visage vers elle pour le fixer droit dans les yeux.
- Tu sais, je n’aime pas quand tu deviens si mystérieux. Explique-moi ce qui te tracasse...
- Je ne peux pas. Il ne veut pas. C’est le passé.
Elle se leva nerveusement et se dirigea vers la porte.
- Tu m’énerves quand tu parles comme ça, Charles. Le passé, ce n’est jamais fini ! On le garde en nous à jamais ! C’est le cœur de nos douleurs et de notre plaisir. Que s’est-il bien passé pour que vous soyez si sombres en ce moment ?
Il baissa les yeux en sentant un poing le frapper dans le lointain de ses souvenirs. Un coup, un déchirement... Une vieille blessure d’enfance...
Elle était revenue sur ses pas et prit d’un coup ses joues entre ses mains pour approcher son visage du sien, déposant une chaleur nouvelle sur ses lèvres. Charles ne comprit pas immédiatement puis la repoussa violemment :
- Eg ! Pas ça...
- Désolé, sourit-elle en se mordillant la lèvre. Je voulais... te montrer qu’on n’oublie jamais le passé...
- Mais tu m’avais dit...
- Je t’ai menti. Je...
Elle se leva, sans le regarder.
- Ne le laisse pas seul. Il doit avoir besoin de quelqu’un.
Elle referma la porte derrière elle. Charles passa la main sur ses lèvres et sentit encore son souffle chaud sur sa joue. Le passé... L’avenir...

La cloche sonna et Dominique rejoignit mollement sa classe. Il referma tranquillement la porte et posa sa serviette sur le bureau.
- Nous n’allons pas faire ce cours, leur indiqua-t-il sans les considérer, perdant son regard dans le paysage vague qu’il apercevait par la fenêtre. Je voudrais que vous preniez une feuille et que vous me rédigiez un essai.
Sandra se leva et il sentit ses intentions précéder le son de sa voix. Il leva simplement la main vers elle pour lui demander de se rasseoir.
- Non, ce ne sera pas noté, indiqua-t-il. Vous n’avez pas à vous en faire. Je... je voudrais que vous me racontiez votre histoire. Nous étudions des évènements bien lointains dans ce cours et nous perdons peut-être de vue que chacun de ces faits a forgé notre présent et que notre présent forgera notre avenir. Mettez donc par écrit une expérience qui vous a profondément touché. Qui a changé votre façon de voir le monde. Et qui a donc changé une partie de votre avenir. De votre Devenir.
- Mais...
- Non, Gaëlle, vous n’avez pas besoin de me faire part de ce que vous jugez personnel.
Elle fronça les sourcils et dévisagea ses amies, surprise d’être devancée dans sa remarque.
Il prit sa tête entre les mains et se tourna vers l’extérieur, marchant vers les fenêtres.
- Je veux simplement que...
« Vous n’aviez pas le droit de passer là... Attendez-moi, je dois prendre ce bus... Non, madame, c’est en travaux, vous voyez bien... »
Dominique se massa le front et posa une main sur la fenêtre.
« Excusez-moi, je pensais à autre chose... Evidemment que je lui ai téléphoné... Tu me prends pour qui... pour qui... qui... Pas ce soir, en fait, la télévision diffuse la série que tu... Et si nous le prenions... Oh, regarde les fourmis !... les fourmis... Le sable sera... le sable sera de la meilleure qualité qu’on... Tout est comme vous le vouliez... tout... tout est comme... ici... Debout... ... Sale... »
Il frappa son front contre la vitre et plusieurs élèves se levèrent.
- Monsieur Gauthier ?
Il glissa au sol et se retint de justesse au bord de son bureau.
- Ca va... ça va aller... se releva-t-il, difficilement. Je vous en prie, faites ce devoir... je vais... me rafraîchir...
Le regard inquiet de Nathalie le réconforta un instant. Il passa un doigt sur son anneau comme seul indice de sa gratitude. Elle sembla se détendre et il sortit.
Christelle se tourna vers ses amies :
- Vous croyez qu’il est malade ?
- J’espère que non, souffla l’une d’elles.
- Bon, bon, bon, se leva Sandra. Monsieur Gauthier nous a demandé de faire ce devoir.
- Tu as raison, Sandra, acquiesça Suzanne. Au travail...
- N’empêche qu’il a regardé une certaine élève avant de partir, murmura Christelle pour elle-même.
- Chhh, siffla Sandra. Un peu de sérieux.

- Tu es sûr que ça va... ? s’inquiéta Charles en le voyant marcher à côté de son vélo.
- Oui, oui... Je préfère prendre mon temps à cause de ces vertiges... Pars en avant et dis-leur que je mangerai plus tard. Maggie et Eglantine vont se poser des questions....
- Bien, ça m’ennuie un peu mais j’y vais...
- A tout à l’heure...

Une ombre se faufila dans la rue, à quelques pas de Dominique. L’homme n’en croyait pas ses sens. Ses pensées étaient-elles bien réelles ?
Dominique fit une pause sous un réverbère qui clignota en s’allumant.
- Je sais que tu es là... cria Dominique, fatigué.
L’homme ne bougea pas.
- Je ne suis plus en état de t’affronter, Rony. Frappe si le coeur te chante...
L’ombre recula et disparut à l’autre bout de la rue.
- A quoi joues-tu Rony... ? D’abord l’embuscade, puis ces filatures qui ne mènent nulle part... Et moi qui m’épuise de retrouver des facultés que je haïssais... Quel incapable je fais... A mon âge...
Il posa le genou au sol et lâcha finalement la bicyclette qui chuta de l’autre côté. Tout devint très lumineux et son esprit sembla s’envoler.

Dominique ouvrit les yeux lentement. Un feu crépitait dans une cheminée. Une silhouette déposa une bûche dans le feu et referma la porte du foyer. Elle s’approcha et s’assit près de lui.
- Récupère un peu. Je te ramènerai demain...
- Charles...
- Non, c’est moi, Dominique.
- Rony...
Le flou envahit alors son champ de vision et il perdit de nouveau connaissance.
- Tu n’es plus celui que j’aurais pu affronter à l’époque... D’où te vient cette faiblesse ? A cause d’elle, se leva-t-il, je me retrouve là, à t’aider... Quelle honte... Moi qui avait tant de rancœur... Ne même pas oser te laisser dans la rue... Frédéric savait que nous nous retrouverions, tous les deux. Il m’attendait.
Il s’empara de son couteau et s’agenouilla prestement à côté du corps inerte et leva la lame au-dessus de son torse recouvert par l’épaisse couverture. Il posa une main sur son épaule et abaissa le poignard.
Sous sa paume, la peau chaude lui lança un flash et il fut projeté en arrière...
Le souffle court, le sourire aiguisé, Ronaldo enragea...
- Quel souffle... Mais je viens d’entrevoir ton point faible... Quelle charmante enfant...

- Demain soir, au cinéma...
- D’accord, je vais essayer... mais...
Ronaldo raccrocha et détruisit d’un geste le sort qui luisait sur le combiné et qui avait modifié sa voix. Sa cage thoracique fut prise d’un soubresaut nerveux qui se mua en un rire de victoire, éclatant dans la pièce vétuste.


Lire l'EPISODE 13 vu par Nathalie

Lire l'EPISODE 14 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
 
 


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