LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
 
 
 

NATHALIE

EPISODE 13
Fragilité



- Cette année, pour le Festival des Arts, nous allons présenter un concert. Je vous en avais déjà parlé la semaine dernière...
Naomi leva les yeux de son cahier et contempla les élèves, qui attendaient patiemment la suite des événements. Quand son regard croisa celui de Nathalie, elle tenta de garder l’expression la plus neutre possible, même si elle bouillait littéralement de l’intérieur. Elle était tombée sur Dominique le matin même et il ne paraissait pas du tout dans son assiette. Il lui avait assuré que tout allait bien mais elle le connaissait trop... Si jamais c’était cette fille la responsable de son état...
La jeune femme se reprit en remarquant les regards interrogateurs que lui lançaient les lycéens et elle poursuivit :
- J’aimerais que l’on réfléchisse au rôle de chacun dans ce projet. Y en a-t-il parmi vous qui jouent d’un instrument ?
Plusieurs doigts se levèrent.
- Très bien. J’aurais notamment besoin d’un piano. Qui...
Elle tressaillit. Tous les doigts s’étaient abaissés. Tous sauf un... La jeune fille lui souriait, attendant sa réaction.
- Vous serait-il possible de nous faire une démonstration mademoiselle ? demanda Naomi, sur un ton plus sec qu’elle ne l’aurait voulu.
L’interrogée acquiesça et se dirigea vers le piano. Et quand ses doigts se mirent à courir sur le clavier, un silence quasi religieux enveloppa la classe. Naomi promena son regard sur les élèves, transportés, et remarqua que Suzanne Amamiya se fendait d’un immense sourire. Elle se résigna alors.
« Je n’ai pas le choix, pensa-t-elle. Et puis ce serait injuste de le lui refuser... »
La musique s’évanouit lentement et la professeur de musique s’approcha de Nathalie.
- C’est décidé, tu accompagneras les choeurs au piano, lui déclara-t-elle.
La jeune fille se leva, la remercia et partit regagner sa place.
Naomi se retourna vers le tableau Pour inscrire sa vision du concert et soupira.
« Ai-je fait le bon choix ? »

La pause déjeuner venait de retentir. Nathalie s’était assise au pied d’un des bouleaux qui bordaient le lycée. Elle s’était rapidement éclipsée à la fin du cours d’Histoire. Elle voulait être seule. Ça avait été une matinée pour le moins étrange.
Il y avait d’abord l’attitude de mademoiselle Simon à son égard. Elle sentait bien qu’elle lui en voulait... Elle était presque froide quand elle s’adressait à elle, depuis quelques temps. Nathalie sentait bien qu’elle avait hésité à lui confier le rôle de piano car il exigeait un grand nombre de répétitions, vu sa longueur et sa certaine complexité.
« Je l'ai pourtant toujours traitée avec respect... »
La jeune fille secoua la tête, un peu perdue. Elle soupira tandis que ses pensées revenaient au cours d’histoire qui venait de s’écouler. Elle était de plus en plus inquiète. Dominique n’était pas dans son état normal. Il avait presque fait un malaise au début du cours. Elle le revit porter son doigt à son anneau de cœur pour la rassurer. Il leur avait donné un essai à faire et il était sorti... Un essai sur leur devenir... Nathalie ne se rappelait même plus de ce qu’elle avait pu écrire... L’espoir que lui avait apporté le cerisier sacré s’était estompé. Il ne lui restait plus que ses doutes... et le poids d’un secret de plus en plus lourd à porter. Elle avait bien vu la réaction de Suzanne quand Christelle avait surpris le regard de Dominique. Elle ne lui avait jamais vu une telle expression. On aurait dit... de la haine. Mais ce n’était pas cela qui l’inquiétait le plus. C’était ce qui émanait de Dominique... Elle l’avait senti... C’était quelque chose d’immense... Quelque chose qui le changeait. Et ça lui faisait plus peur que tout...
Nathalie n’en pouvait plus... Elle était si fatiguée... Fatiguée de mentir, de cacher... C’en était trop. Les larmes se mirent à couler sur ses joues sans qu’elle s’en rende vraiment compte et sa poitrine était secouée de soubresauts.
- Ça va ?
Nathalie releva la tête et posa des yeux rouges sur Sandra, qui s’était agenouillée en face d’elle.
- Pas trop, admit la jeune fille.
- Ça fait un moment qu’on te cherche, tu sais ? Suzanne est comme folle...
Nathalie hocha la tête sans répondre, un peu gênée d’avoir inquiété ses amies.
- Ça n’a pas l’air simple, dans ta vie en ce moment, je me trompe ?
- Non, mais...
- En tout cas, si tu as besoin d’en parler, je suis là, d’accord ?
Nathalie observait Sandra. Elle était si gentille... Toujours prête à écouter et à aider les autres... Si calme, si posée... Elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance. Et puis, elle n’était pas obligée de tout lui dire...
- Sandra ? Je crois que... j’ai besoin de parler...

Suzanne remontait seule les rues qui menaient à la propriété de sa famille. Nathalie avait voulu se rendre au temple et elle avait demandé à y aller seule... Suzanne n’avait pas insisté, sa cousine semblait assez préoccupée.
« Je me demande ce qui lui arrive... »
Suzanne ne comprenait pas. Sa cousine avait pourtant tout pour être heureuse : une famille qui veillait sur elle et qui la choyait depuis toujours et qui l’avait soutenue de son mieux dans les épreuves difficiles qu’elle avait traversées, un métier de mannequin qui la comblait et qui lui permettait tout de même de continuer le lycée sans problème...
Il devait y avoir autre chose... Mais si c’était le cas, Nathalie ne lui en avait pas parlé... Et cette pensée la blessait terriblement. Une scène de la matinée lui revint alors en mémoire : ces paroles de Christelle :
- N’empêche qu’il a regardé une certaine élève avant de partir.
Le professeur Gauthier... Suzanne secoua énergiquement la tête : ce n’était pas possible... Elle lui avait expressément interdit de la revoir... Il n’aurait pas osé... Non, elle devait se tromper... Elle chassa cette pensée de son esprit et reprit sa marche d’un pas vif.

Nathalie quitta le sanctuaire tsukimine alors que le jour déclinait. Elle avait espéré que Dominique s’y rendrait mais il n’avait pas paru. Quant à Frédéric, il était absent. Même l’arbre sacré était resté désespérément muet... La jeune fille ne savait plus du tout où elle en était... Tout semblait empirer...
Elle refoula avec vigueur les larmes qui lui venaient aux yeux et se concentra sur la route, tentant de faire le vide dans son esprit. Tout à coup, elle stoppa. Elle venait de ressentir quelque chose... Une force, une présence qui lui semblait familière. Elle regarda avec précaution autour d’elle. Il n’y avait personne. Pourtant...
La jeune fille haussa les épaules, un peu déçue et reprit sa route.
Le jeune homme eut tout juste le temps de se dissimuler dans un renfoncement. Il plaqua le magazine qu’il tenait contre son torse et calma sa respiration. C’était bien elle, il n’y avait aucun doute... Mais comment avait-elle deviné sa présence ? Depuis son arrivée, il avait été remarquablement discret...

Nathalie était en plein exercice de maths quand la sonnerie du téléphone retentit. Les adultes étaient encore à l’Amamiya Corporation et Suzanne les y avait rejoint. La jeune fille était seule et elle courut répondre :
- Allô ?
- Allô... Nathalie ?
- C’est moi.
- C’est Dominique à l’appareil.
Nathalie se sentit soudain toute chose. Il l’appelait chez elle ! Il était fou ! Si jamais elle n’avait pas été seule...
- J’avais envie qu’on se voit tous les deux, reprit-il. Ça te dirait qu’on sorte ?
- Ben... Oui, pourquoi pas, s’entendit-elle répondre, totalement ahurie.
- Demain soir, au cinéma...
- D’accord, je vais essayer... mais...
Elle ne finit pas sa phrase. Il avait raccroché.
- Dans quoi me suis-je encore embarquée... soupira-t-elle, avant de se replonger dans ses devoirs.


Lire l'EPISODE 13 vu par Dominique

Lire l'EPISODE 14 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
 
 


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