LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
 
 
 

DOMINIQUE

EPISODE 15
Dans mes pensées



Dominique se tenait assis sur le rebord de sa fenêtre et scrutait l’horizon. Peut-être une réponse lui viendrait-elle de là-bas. Une idée, une sensation, un murmure au creux de son âme... Il n’avait plus envie de penser à ces deux ombres du parc, le ronflement sourd et profond de la ville en apparence endormie lui aurait sans doute changé les idées. Mais son esprit était vide.
Il se rendit compte que son pouvoir lui avait aussi permis jusqu’ici de faire des pauses dans les moments où il ne voulait plus avoir à réfléchir. Quand le présent était trop oppressant, il s’évadait dans ce monde invisible pour échapper au temps qui passe, aux douleurs, aux questions...
Il ne le pouvait plus.
Le réveil bipa alors que de très diffus rayons de soleil éclairaient faiblement la ligne d’horizon. Charles passa la tête dans l’ouverture de la porte :
- Tu ne dors pas, je suppose, s’avança-t-il.
- Non, comme tu le vois. Et toi... ?
- Ben... non. Un sandwich ? proposa-t-il en présentant le morceau de pain entouré d’une serviette en papier.
- Je n’ai rien mangé de la soirée, alors pourquoi pas ?
L’homme entra, le sourire aux lèvres et lui présenta une bouteille de soda.
- Tu as pensé à tout... Que fais-tu debout à quatre heures du matin ?
- Euh... réfléchit Charles, piégé. Je... Je n’arrivais pas à dormir... à cause de... la chaleur.
- La chaleur... sourit Dominique. Tu es incorrigible, tu t’inquiètes trop pour moi...
- C’est bien normal, non ? Sinon, à quoi serviraient les amis ?
Charles s’assit confortablement sur le lit et décapsula la bouteille pour en servir deux verres qu’il installa sur le bureau.
- Et toi, pourquoi tu ne dors pas ?
- Pour un tas de choses... Des choses qui resurgissent du passé. Ce n’est pas plaisant...
- Je vois, murmura Charles. Des choses qui se prénomment Rony Krovis ?
Dominique sourit devant tant de clairvoyance.
- Oui, Rony fait des siennes...
- Rien de grave ?
Dominique déroula le papier qui enveloppait le morceau de pain garni et le roula en boule. Puis, il leva le bras et le replia au-dessus de lui pour viser sa corbeille. Charles suivit la boule des yeux et la vit heurter le mur et retomber au sol, rouler sous le bureau et ressortir devant la bibliothèque du professeur.
- Pas de chance !
- Eh non... Pas de chance...
Dominique se tourna vers l’extérieur et mordit dans le pain.
- Hein ?! sursauta Charles en renversant son verre. Pas de chance ?!!! Comment... enfin, pourquoi... depuis quand ?
- C’est assez difficile à expliquer... Je crois que quelqu’un m’a jeté un sort...
- Tu veux dire de la magie ?
- Oui... Quelque chose comme ça.
- Voyons les sorts ne sont... commença le professeur de Dessin en jetant de nombreux regards vers la corbeille à papiers et la boulette au sol. Tu te serais fait envoûter...
- Mais je vais essayer de trouver quelqu’un qui saura m’en défaire, avoua Dominique en se penchant vers son ami pour essuyer le soda qui coulait autour de ses pantoufles.
- C’est vrai ? Tu connais quelqu’un ?!
- Non, je ne sais pas encore comment y arriver... Mais s’il te plaît, ne...
- Je ne dirai rien à personne, le coupa Charles. Juré ! C’est quand même dingue !
- Je ne te le fais pas dire...
- Mais alors... là, tu ne sais pas à quoi je pense ?
- Ben, non...
Dominique passa un dernier coup de torchon sur le plancher et Charles s’agenouilla à ses côtés.
- Tu ne peux pas lire mes pensées... fit-il, tourmenté. Dominique, l’appela-t-il alors.
L’homme releva la tête et son ami le dévisagea, le sourire aux lèvres. Un long silence s’installa dans la chambre et Dominique secoua la tête en comprenant peu à peu le secret que son ami réussissait enfin à lui avouer... Sans une parole pourtant. Mais il le lui disait en pensée. C’était certain. Un secret vieux comme leur amitié. Un secret que Dominique connaissait mais que Charles avait préféré confiner au creux de son esprit.
Le jeune homme posa une main sur son épaule et sourit :
- Je te souhaite de retrouver ton pouvoir, Dominique.
- Merci bien, répondit Dominique alors que Charles quittait la chambre.
- Merci à toi, murmura Charles. Merci d’avoir perdu ce don assez longtemps pour que je... Bonne fin de nuit.
La porte se referma sur ces mots.
Dominique inspira profondément et rangea un peu leur pique-nique nocturne.
« Je vais essayer de trouver quelqu’un qui saura m’en défaire, entendit-il sa propre voix comme en écho dans sa mémoire. Quelqu’un qui saura m’en défaire... »
Alors c’était ça qu’il désirait tout au fond de lui ? Retrouver ce pouvoir étouffant ? Ce don exténuant, bouleversant autant qu’envahissant... Ce coin de repos qui lui permettait de s’isoler, cette étincelle de vérité qui lui permettait de comprendre ses amis, de les aider sans qu’ils ne le sachent. Cette lumière qui dirigeait ses pas... Quel idiot il avait été de ne pas le comprendre plus tôt...
Dominique prépara ses affaires pour le lendemain.
Une chose clochait pourtant. L’unique pouvoir de Ronaldo ne pouvait pourtant pas lui permettre de jeter des sorts... Mais alors... Qui ?

Au petit matin, il descendit silencieusement les marches et se dirigea vers le portail du jardin. Sous le préau à vélo, le sien était attaché, comme n’importe quel autre jour. Quelqu’un l’avait peut-être ramené. Il s’en approcha et passa machinalement la main sur la selle. Mais il ne sentit évidemment rien.
Il en secoua la tête en riant, l’enfourcha et fila sur le chemin.
La semaine recommençait, le baiser nocturne était loin. D’ailleurs il l’avait oublié. Nathalie était une adolescente, mais elle n’en avait pourtant pas moins une histoire, d’autres petits amis sûrement... Une tentation... Ou plus ? Qu’importe, ils verraient ça ensemble.
« Qui serais-je pour lui interdire de vivre... pleinement son adolescence ? »
Et même si un brin de jalousie lui parcourut l’échine, il en frissonna et rit de bon coeur. Il savait de toute façon qu’il était celui que son cœur aimait. Il le savait bien au-delà de tout ce que la vie pourrait mettre entre eux. Un jeune homme, de la distance ou du temps...
Il le savait.

Rony renversa la table de rage et la silhouette translucide qui volait derrière lui demeura imperturbable.
- Tu avais dit que ça le fatiguerait énormément, se retourna-t-il, un doigt pointé vers la forme transparente. Et il a pu repartir !
- Hmmm, gronda une puissante voix grave étouffée en murmure. J’ai sous-estimé la puissance qu’abritait cet homme. Tu m’avais parlé d’un don, c’est un véritable pouvoir. Tu m’as induit en erreur, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même.
- Ca suffit, lui cracha Rony. Si tu ne m’aides pas, je ne t’aide pas. C’est clair pourtant, non ?! Alors tu affaiblis Dominique par quelque moyen que ce soit !!!
- Je n’ai pas tout le temps que je veux, lui lança la voix. Je ne suis pas libre de mes mouvements... Alors je ferai ce que je peux. Mais si en contrepartie, lui annonça la voix en faisant vibrer les vitres, tu ne m’aides pas quand tu auras obtenu ce que tu voulais, je te tuerai.
- Je ne te crains pas, dans cette forme... Si tu deviens trop menaçant, je ne ferais rien pour toi !
La silhouette se jeta sur lui et passa un souffle sur sa gorge.
- Prends garde !!! gronda-t-elle dans la chambre, le son se répercutant dans l’appartement et dans les rues avoisinantes. Ne me sous-estime pas, à ton tour. Je suis bien plus capable que tu ne le supposes.
Rony frappa la force qui le maintenait au mur et retomba sur ses pieds en époussetant sa veste.
- Bien... Nous nous comprenons, sourit-il. Je sais exactement ce dont tu es capable à présent et cela me ravit. Le jour va se lever, retrouve ton lit pour une journée encore.
- Ne me double pas, Sorcier... souffla la silhouette avant de se dissoudre dans l’air.
« Sorcier, se mit-il à rire. Si tu savais, être de lumière, que je ne suis rien qu’un second rôle dans ce jeu que tu joues avec moi... Affronte-le, cela ne pourra qu’accélérer les choses et alors, le livre me reviendra !»
Il poussa son lit sur le côté et découvrit une mallette qu’il tira à lui, l’ouvrant sur un manuscrits vieux de plusieurs siècles dont il écarta minutieusement les pages. La représentation du livre ancestral le ravit une fois de plus. Il passa un doigt sur la page jaunie et un rictus discret secoua sa cage thoracique.
« Le Livre du pouvoir... Il sera à moi »
Son rire résonna longtemps dans sa chambre alors que le jour renaissait lentement.


Lire l'EPISODE 15 vu par Nathalie

Lire l'EPISODE 16 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
 
 


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