LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
 
 
 

DOMINIQUE

EPISODE 16
Chassés-croisés



La sonnerie retentit et le professeur libéra ses élèves, la craie en main, sans se retourner. Il reposa le morceau sous le tableau et inspira profondément. Elle fuyait son regard. Elle le fuyait tout court, d’ailleurs. Pourquoi...
Ce baiser... ?
- Monsieur Gauthier ?
Dominique inclina la tête sur le côté, la salle s’était vidée.
- Sandra ? Tu as une question ?
- C’est... chercha-t-elle en se retournant plusieurs fois sur la classe et la porte ouverte sur le couloir. C’est à propos de Nathalie.
Dominique eut un discret sursaut mais demeura limpide, oubliant sur l’instant un secret à demi-partagé avec la lycéenne.
- Oui... ?
- Je crois qu’elle ne va pas très bien et... Vous allez penser que je me mêle de ce qui ne me regarde pas mais...
- Si c’est important pour toi, Sandra, c’est que ça doit l’être un peu pour moi. Dis-moi. Libre à moi de te répondre ou pas, tu ne crois pas ?
- Peut-être. Enfin, ce n’est pas facile... Elle n’est plus pareille et je me demandais si vous ne pourriez pas lui demander... enfin... si elle a besoin de quoi que ce soit, elle n’a qu’à me le demander.
- Tu le lui as dit ?
- Elle ne nous écoute que d’une oreille en ce moment... je me suis dit que peut-être si cela venait de vous...
Il sourit devant cette franchise non dissimulée.
- Fais-moi confiance, le message passera.
- Merci monsieur. Et pour le devoir, se retourna-t-elle, est-ce qu’on peut quand même parler de choses personnelles ? Car je ne saurais pas bien traiter d’un sujet qui ne me touche pas.
- Tu choisis ce que tu veux. C’est le principe.
- Bien. Merci encore.
Elle s’en alla en levant simplement la main à son attention.
« Le message passera » se répéta Dominique, la mine assombrie.

Charles le remercia solennellement et échangea les boîtes-repas sous le nez de son ami professeur.
- Le tien a l’air bien meilleur que le mien, confia-t-il.
- Moi, je cuisine, rétorqua Dominique.
- C’est Eg qui veut à tout prix me le préparer et en fonction de son état, c’est plus ou moins réussi !
- Tu es méchant, le taquina Dominique. Elle y met sûrement tout son coeur...
Charles haussa les épaules et lança un regard de travers à son ami :
- En parlant de coeur... Tu n’as pas l’air dans ton assiette, toi.
- Ca passera !
- A d’autres, se pencha Charles. Chez toi, rien ne passe jamais ! Allez, dis !
Dominique sourit tendrement et acquiesça, presque obligé.
- Je crois que Nathalie me fuit. Elle s’en veut pour...
- Un autre type ! C’est ça ?
Dominique éclata presque de rire. Les réactions de son ami lui semblait bien plus spontanées depuis que son don l’avait fui. A croire que la perte de toutes ses impressions lui ouvrait de très nombreuses perspectives. Tout un monde à redécouvrir. Comme les premiers pas d’un enfant. Le premier mot soufflé... Il se sentait presque renaître.
Et pourtant...
Charles s’était tu et son sourire s’était effacé.
- Un problème ? s’inquiéta Dominique.
- C’est toi le problème, Dominique, répondit-il du tac au tac. Tu te rends compte de ce que tu deviens ?
- Je ne comprends pas...
Une mélodie au piano leur parvint d’une fenêtre un peu en hauteur et tout deux levèrent le nez vers la fenêtre où Naomi s’était adossée.
- Je te parle de tes sensations. Tu étais quelqu’un d’exceptionnel. Cela te donnait évidemment un avantage sur les autres mais à côté de cela tu étais si rayonnant. Il y avait un... « truc » en toi. Pourquoi sembles-tu si satisfait de l’avoir perdu ?
Dominique revint à leur déjeuner et secoua la tête.
- Je suis enfin comme toi, comme Naomi. Je découvre les autres. Les connaître dans un regard, les deviner dans un geste, un souffle, une pensée, cela enlève toute l’aventure d’une rencontre.
- Mais tu y as perdu ton essence, Dominique, en as-tu conscience ?
- Mon... essence ?
- Ton toi, une certaine classe, de la beauté intérieure, ton éclat ! On dirait un linge qui a bouilli !
- Merci pour la comparaison...
- C’était pour l’exemple.
- Mais tu ignores ce que je gagne...
Charles se leva en regardant l’horloge de l’école.
- Es-tu sérieux, Dominique ? Qu’y as-tu gagné, à part le plaisir effervescent d’être aussi perdu que tout un chacun. Pour moi, si ce n’est pour toi, fais quelque chose...
Il ramassa sa boîte-repas et le salua.
Dominique n’avait touché ni à son repas ni à celui de son ami, alors qu’ils les avaient échangés. Les boulettes de riz ne seraient peut-être pas passées. Et s’il avait raison ? Dominique rassembla ses affaires et entendit le clocher sonner. Il avait besoin de se reposer. Pour y voir plus clair. Pour comprendre... Pour s’avouer la sombre vérité, peut-être...
La vérité...
Il longea le mur d’enceinte du lycée et s’éloigna lentement des bâtiments. Son premier cours ne commencerait pas avant trois heures de l’après-midi. Il...
« Mais que t’arrive-t-il, Dominique ? se lança-t-il au détour d’une allée qu’il croisa sans y prêter attention. Serais-tu... perdu, mon grand ? »
Il secoua la tête, le front au creux d’une main et s’arrêta prêt de la grille qui les séparait de l’école Tomoeda. Des pas se précipitèrent non loin sur le chemin qu’il venait de parcourir. Un simple regard le renseigna...
- Nathalie... ? souffla-t-il à mi-voix... tu... étais là ?
Il ne l’avait pas sentie... Il ne ressentait plus rien... Comment était-ce possible ?
Un coup de vent le surprit dans sa réflexion et le fit voler sur plusieurs mètres. Il roula au sol et se retourna, ébloui par le soleil qui le surplombait. Une silhouette translucide se détacha peu à peu de la lumière et descendit vers lui alors qu’il se redressait.
- Qui... qui a fait ça ?
L’ombre transparente le survola sans répondre.
Dominique était désemparé face à ce coup qui l’avait terrassé. Il se releva tant bien que mal et repositionna ses lunettes.
- Tu cherches ton pouvoir ? gronda une terrible voix dans l’air chaud du début de l’après-midi.
- Qui... qui es-tu ?
- Tu cherches ton pouvoir... ?
- Oui, assura-t-il. Je crois.
Le silence régna un instant entre eux et Dominique fit un pas en arrière pour se retenir, titubant sous la violence du coup précédent.
- Qui de vous est le plus puissant ?
- Qui de... quoi... demanda Dominique, sentant ses jambes fléchir sous lui.
- Une épreuve, gronda la voix, tout près de lui. Et je saurais ! Une seule.
Dominique tomba à terre, perdant peu à peu connaissance. La silhouette disparut de son champ de vision et tandis que tout se brouillait, il entendit un moteur de moto démarrer en trombe et s’éloigner.
- Nathalie... Que se... soupira-t-il en vidant ses poumons.
Il perdit connaissance.


Lire l'EPISODE 16 vu par Nathalie

Lire l'EPISODE 17 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
 
 


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