LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
NATHALIE
EPISODE 15
Dans mes pensées
Nathalie passa la tête par la fenêtre de la voiture et respira profondément l’air frais qui lui fouettait le visage. Le soleil était de sortie et, déjà haut dans le ciel, il inondait le paysage de sa clarté douce et bienfaisante.
- C’est vraiment la journée idéale pour aller pique-niquer au lac ! exulta Suzanne, assise à l’arrière.
Elle s’avança sur son siège pour se placer à hauteur de ses interlocuteurs, les coudes en appui pour ne pas perdre sa position.
- J’ai pas raison ? reprit-elle, constatant qu’aucune réponse ne venait spontanément.
- Tout à fait, ma petite Suzanne, sourit son grand-père, les yeux fixés sur la route qui défilait. Je suis sûr que nous passerons une journée très agréable.
Quant à Nathalie, elle hocha distraitement la tête et esquissa un sourire en direction de sa cousine, avant de se replonger dans ses pensées.
C’était vraiment une journée idéale... Et pourtant elle ne la goûtait pas autant qu’elle l’aurait voulu. Des pensées plutôt moroses la tenaillaient. On était dimanche et elle n’avait pas eu une seule nouvelle de Dominique depuis le lundi précédent... Elle était tellement inquiète que la veille, elle avait même appelé l’hôpital pour vérifier qu’il ne lui était rien arrivé. La réponse négative qu’on lui avait donné l’avait soulagée sur le moment mais l’inquiétude avait rapidement reprit le dessus, plus insidieuse que jamais... Et puis, il y avait eu cette agression. Elle n’arrivait pas à en comprendre le sens... Apparemment, le chef de la bande de voyous qui l’avait agressée connaissait Dominique.
« Il devait sûrement vouloir le toucher à travers moi. », songea-t-elle, le regard dérivant sur le paysage.
La jeune fille soupira doucement. Sa relation avec Dominique lui semblait de plus en plus floue... Elle jeta un regard rapide à son anneau de cœur. Elle ne savait plus trop où elle en était. L’arrivée de Brian dans le décor qu’elle essayait de reconstruire depuis son retour d’Angleterre n’avait pas été prévue et elle la troublait beaucoup plus qu’elle ne l’aurait souhaité... Lui était là. Depuis qu’il l’avait secourue quelques jours auparavant, elle l’avait beaucoup revu...
- Nathalie !
La jeune fille se retourna à l’appel de son nom, espérant de tout coeur qu’il s’agissait de Dominique. Elle se faisait tellement de souci depuis ces deux derniers jours que même la présence de Suzanne à son côté l’indifférait totalement. Elle ne montra donc rien de sa déception quand elle reconnut Brian dans la foule. Il lui fit un grand signe de la main et lui proposa de venir le rejoindre.
Nathalie se retourna vers Suzanne qui attendait une explication, les sourcils en accent circonflexe.
- Suzanne, je vais te présenter quelqu’un, lui sourit la lycéenne en la prenant par la main.
Quelques instants plus tard, les deux adolescentes se trouvaient face au jeune homme. Le cœur battant, Nathalie se décida à faire les présentations :
- Suzanne, je te présente Brian. Brian, voici ma cousine, Suzanne.
Nathalie dévisageait sa cousine, guettant sa réaction. Suzanne était tellement impulsive... Celle-ci se préparait d’ailleurs à parler, mais le jeune homme fit une chose si surprenante qu’elle en resta sans voix : il venait en effet de lui prendre la main pour y déposer un baiser. Devant l’air ahuri de ses compagnes, il éclata de rire :
- C’est que je tiens à ma réputation de gentleman ! So british, ins’t it ?
Nathalie ne put se retenir de rire. Elle sentait que sa cousine se détendait. Elle fut pleinement rassurée lorsque celle-ci remarqua le casque que Brian avait posé à ses pieds.
- Tu fais de la moto ? lui lança-t-elle, portée par un intérêt nouveau.
Il opina du chef et bientôt la conversation ne porta plus que sur cela. Nathalie se sentait un peu à part. Ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait avec Brian. Elle savait qu’ils avaient peu de points communs... Mais elle en avait tout de même un petit pincement au cœur.
« C’est vrai que Brian et Suzanne se ressemblent beaucoup, finalement, se dit-elle. Je ne m'en était jamais rendu compte... »
Elle releva la tête et s’aperçut que le jeune homme la fixait avec intensité par-dessus l’épaule de Suzanne, tout en discutant avec celle-ci. Elle détourna les yeux. Il la regardait avec la même intensité que le jour où il lui avait avoué ses sentiments. Mais depuis, tout avait changé...et rien ne serait jamais plus comme avant...
- Reviens sur terre, ma petite Nathalie, on est arrivés !
La jeune fille eut un mouvement de surprise et sourit à son grand-père qui venait de descendre de voiture. Elle fit de même et esquissa quelques pas afin de revenir complètement à la réalité. Rien n’était plus difficile car, à la vue d’un tel paysage, n’importe qui aurait pu se demander s’il n’était pas en train de rêver. Le lac de Tukayuno s’étendait, limpide comme du cristal, reflétant le soleil qui faisait ainsi étinceler sa surface imperturbable. Au loin, on pouvait apercevoir une forêt qu’encadraient deux collines.
- On a beau venir souvent, cet endroit me paraît toujours aussi magnifique, s’enchanta Nathalie.
- Dans ce cas, tu vas me faire le plus beau de tes sourires !
Suzanne venait de surgir tel un diable de sa boîte. Elle pointa son caméscope sur la jeune fille qui exécuta une gracieuse pirouette avant d’éclater de rire.
Le pique-nique fut des plus agréables et plein d’une gaieté que Nathalie n’avait pas éprouvée depuis longtemps. Peut-être le cadre enchanteur y était-il pour quelque chose.
Après le repas, la jeune fille s’assit sur un des bancs qui parsemaient le tour du lac et se plongea dans la lecture du livre qu’elle avait emmené. Grand-père vint alors s’asseoir près d’elle et lui sourit .
- Suzanne, veux-tu bien me poser cet appareil, ronchonna-t-il, remarquant que celle-ci était une fois de plus en train de les filmer.
- C’est pour les souvenirs, Grand-père, protesta-t-elle, déçue.
Elle se cramponna à son appareil et Nathalie retint un sourire. A chaque fois, c’était pareil. Quand Suzanne avait une caméra à la main, il était quasiment impossible de l’en défaire.
- Mais des souvenirs, tu en auras bien assez, Suzanne, continua le patriarche. Viens donc ici. Je voudrais vous raconter une légende sur ce lac.
Nathalie se tourna vers l’étendue d’eau, intriguée et Suzanne la suivit avec l’objectif. Aymé Amamiya se tourna lui aussi vers l’étendue bleue et se mit à parler :
- On raconte qu’un couple d’amoureux s’est un jour promis de ne jamais se quitter. Il est dit que leurs familles n’acceptaient pas leur union, mais ce n’est pas le plus important. Il vinrent ici et l’homme promit à la femme de l’aimer pour toujours quelle que soit la distance qui les séparerait, le destin ou la mort... Malheureusement, la femme se noya des années plus tard et l’homme ne revint jamais sur les lieux de l’accident, c’est à dire ici. On dit que la femme attend encore son amant et qu’elle protège les lieux. Pour que personne ne s’y noie plus. Pour que personne n’ait à vivre les mêmes choses qu’elle.
- Pourquoi tu nous racontes ça, Grand-père ? demanda Suzanne.
Nathalie, elle, se sentait très inspirée par l’histoire. Comment pouvait-elle ne pas l’être ? Une vague de mélancolie la submergea. Dominique...
Elle sortit de ses pensées à la voix grave de son Grand-père, qui répondait à Suzanne. Elle vibrait d’une émotion nouvelle :
- Parce que vous allez rentrer au lycée et que... Je veux que vous fassiez attention à vous. Je veux que vous sachiez choisir celui qui méritera votre amour. Sinon, vous risquerez de vous noyez et vous seriez comme cette femme, abandonnée à votre sort, à vous lamenter, à pleurer vos choix.
- Pourquoi tu t’inquiètes ? demanda Nathalie, tentant de masquer le trouble que cette réponse éveillait en elle. Je ne comprends pas bien...
- Parce que je ne veux pas vous perdre... Vous êtes mes deux seules petites-filles.
Nathalie et Suzanne regardaient le visage inquiet de leur grand-père, ne sachant que dire. Alors dans un même élan, elles le prirent dans leur bras, Suzanne lâchant son appareil dans l’herbe.
Nathalie courait à perdre haleine. Elle voulait s’éloigner au plus vite du parc. Maintenant, elle savait.
« Je n’aurais pas dû accepter ce rendez-vous, pensa-t-elle. Qu’est-ce j’ai fait ? »
Elle sentait les larmes lui piquer les yeux. Brian lui avait téléphoné à son retour du lac. Il voulait la voir. Au parc de l’Empereur Pingouin. Quand elle était arrivée, il était déjà là. Après, elle ne se rappelait plus exactement de ce qui s’était passé. Ça lui semblait comme flou. Ils avaient dû discuter... Puis, ils s’étaient assis sur les manèges... Le jour déclinait... Elle se souvenait parfaitement de la lueur de la boule-lampadaire... Il avait approché son visage du sien et avait posé ses lèvres sur les siennes... La jeune fille n’avait pas tout de suite compris le geste mais à cet instant, tout était devenu clair pour elle. Elle s’était écartée de Brian, elle avait évité son regard...
- Je... je suis désolée, avait-elle murmuré.
Et elle était partie en courant. A présent, elle était sûre. Chaque parcelle de son corps ne lui criait qu’une chose : c’était Dominique qu’elle aimait, et lui seul.
Si elle s’était écoutée, elle aurait crié son nom, afin qu’il résonne dans les rues de Tomoeda. « Dominique ! »
Lire l'EPISODE 15 vu par Dominique
Lire l'EPISODE 16 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
Sur ce fanfic, tu peux aussi voir les personnages et le géné-book.
RETOUR
ACCUEIL