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Sir Thomas More (1478-1535)
Tiraillé dans sa jeunesse entre l'idée
d'entrer dans les ordres ou de servir son pays, il se maria tard pour son
époque (à 25 ans).
Annobli en 1521, et servant Henry VIII loyalement, il écrivit la Défense des Sept Sacrements, une réponse à Luther. Cette loyauté ne l'empêcha pas de refuser son soutien au divorce de Henry VIII d'avec Catherine d'Aragon et de refuser d'assister au couronnement d'Anne Boleyn. |
J'admire chez More cette capacité qu'il
eut de servir fidèlement un roi connu pour sa cruauté et
de montrer en même temps la force de sa conviction.
Pour son soutien inconditionnel à l'Eglise
Catholique, Thomas More fut finalement décapité par ordre
de Henry VIII, et béatifié en 1935. Ses derniers mots "The
King's good servant, but God's First." résument tout le conflit
entre la vie publique et le sacerdoce, prévisible dans son hésitation
de jeunesse. A noter : Sir Thomas More n'est pas Thomas Moore, poète
irlandais du 18ème siècle.
Utopie
Ecrit en latin, le livre de Saint Thomas More date du haut Moyen-Age, mais reste terriblement d'actualité. Son utopie a été qualifiée de communiste ou de catholique, et mon opinion est qu'il est effectivement entre les deux systèmes de pensée. On peut argumenter ce point de vue en se référant à sa vie, à son engagement pour la foi catholique mais aussi à son engagement pour les pauvres de sa vie publique.
Extrêmement égalitaire, et donc en opposition avec l'Angleterre tudorienne, il aborde les thèmes de l'économie et même de la planification économique par l'Etat ; on ne peut mettre en doute l'idée qu'il ait inspiré sinon Marx, du moins Lénine. La vie politique d'Utopia est réduite à la gestion économique, et More précise bien que le système étant idéal, il n'est jamais remis en question. Est-ce "la fin de l'histoire"? (ces mots même sont présents chez More et chez Marx) Tout le laisse penser. Les mots "communisme" et "capitalisme" apparaissent, bien que je m'oriente vers une traduction trop moderne pour être d'origine.
More décrit un système moral qui autorise l'euthanasie, la peine de mort, et le divorce mais d'un autre côté préfère l'esclavage (la non-citoyenneté) et le mariage indissoluble. Sa portée littéraire et idéologique restent immense et certains débats sont toujours d'actualité.