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"Sur les quais et dans les
rues pullulaient de vieux marins au visage tanné. Presque tous portaient
un pantalon remonté jusqu'aux genoux, un pull rayé et le
bonnet phrygien. Ils fumaient une pipe en bambou, buvaient de l'eau de
vie et mangeait de la viande et des biscuits qu'ils faisaient sécher
de longues semaines. Ils sucaient aussi avec avidité du citron.
Laconiques avec les gens
mais parlant sans cesse seuls, ils fuyaient le contact humain mais étaient
en général accompagnés d'un perroquet, d'un lézard
ou d'un chien à qui ils prodiguaient tendresse et attentions. Ils
souffraient d'un destin tragique : embarqués comme mousses à
un âge tendre, ils n'étaient revenus au pays natal qu'une
fois atteinte la vieillesse, alors qu'ils n'en gardaient plus qu'un lointain
souvenir. Ce vagabondage sans fin les avait empêché de fonder
une famille ou de nouer des amitiés durables. Maintenant, de retour
au pays, ils se sentaient étrangers. Mais à la différence
du véritable étranger qui bien que mal peut s'habituer aux
coutûmes du pays qui l'accueille, eux ne le pouvaient plus à
cause de souvenirs falsifiés par tant d'années, tant d'heures
passées à forger des rêves et des projets ; ils ne
pouvaient plus faire face à une réalité distincte,
ces souvenirs idéalisés les empêchaient de s'adapter
au présent. Certains d'ailleurs pour éviter ce décalage
préféraient partir finir leurs jours dans un port étranger,
loin de leur patrie."
extrait de"La ciudad de los prodigios", Eduardo Mendoza
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