A C C U E I L
                                  AU COEUR DU MALI
Les Villes du Mali
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Mopti

Un creuset de civilisation
Les « quartiers africains »
On parle toutes les langues
Richesse de l'artisanat


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MOPTI

Les élégantes Parisiennes de Belle époque ne se doutaient guère que les plumes de leur coiffure provenaient de cette cité des eaux au coeur du Mali ! En période de décrue, hérons, aigrettes et cormorans envahissent en effet, par milliers les rizières et les marécages, alors à sec qui entourent Mopti. Quand les pluies reviennent et que les eaux du Niger et du Bani remontent, Mopti reprend sa physionomie ordinaire, que composent trois îlots reliés entre eux par des digues servant à la fois de protection et de routes.


Un creuset de civilisation Sommaire

L'une de ces digues, longue de 12 km, relie Mopti à Sévaré, croisée des routes en direction du nord, de l'est et du sud du Mali.
Bamako se trouve à 646 km au sud-ouest, via Ségou. Ville gagnée sur les eaux et bâtie au-dessous du niveau des fleuves, Mopti est à découvrir après une croisière sur le Niger. Il suffit de trois jours pour s'y rendre depuis Bamako-Koulikoro et d'un jour depuis Ségou. De Mopti, Tombouctou-Kabara est à deux jours de bateau et Gao à trois jours.
Carrefour fluvial, Mopti est situé au confluent du Niger et du Bani. Les eaux qui se rejoignent ici se dispersent ensuite vers le nord en autant de défluents qu'il existe de cuvettes bordées par les ergs avant de couler vers la région des grands lacs. A partir de là assagi, leur cours majestueux que les traditionalistes appellent la « Bosse du chameau », redescend en direction du sud à travers les vastes étendues sahéliennes.

Ce trajet si varié du Niger a contribué à faire de Mopti une métropole commerciale qui, pour s'être développée sous la colonisation,n'en a pas moins acquis une personnalité particulière qu'on nomme l'« esprit de Mopti ». Dans cette formule se confondent le bon goût et l'élégance, une hospitalité à toute épreuve et... un grand sens commercial. La cité a à peine un siècle d'existence. D'un campement de pêcheurs bozo.
El Hadji Oumar fit au milieu du XIXe siècle la base arrière de ses troupes guerroyant dans le Macina. Successeur du conquérant musulman, le roi Ahmadou voulu qu'elle fût la ville de la paix et du rassemblement des peuples de son royaume et M'opte, mot qui signifie en peul « le regroupement», deviendra Mopti. La ville remplira alors très vite le rôle d'un creuset de civilisation mais aussi celui d'un centre d'échanges où se rencontrent le piroguier venu du sud et le chamelier descendu du désert. Ayant pris la relève de Djenné, carrefour commercial des siècles médiévaux, Mopti stockait le sel et faisait sécher le poisson pour les troquer contre la noix de kola, le mil et le riz.

Les « quartiers africains » Sommaire

Cette vocation commerciale se confirma sous la colonisation. Installés à Charlotville (actuel quartier administratif), qui tire son nom de quelque commerçant français, les colons rationalisèrent les échanges fluviaux, auxquels ils adjoignirent d'autres activités, telles que l'exportation vers l'Europe des plumes d'aigrettes qui, une fois parvenues à Bamako, étaient expédiées par le train jusqu'à Dakar. Derniers venus à Mopti, ces Européens, auxquels se joignirent des immigrés syrio-libanais, vivaient en vase clos et, aujourd'hui encore, seuls les étrangers habitent Charlotville les Africains n'ont pas oublié qu'ils en étaient chassés tous les soirs dès que retentissaient les sifflets des colons. Les autres quartiers -- qu'il s'agisse de Mopti Hinde (la vieille Mopti) ou de Komouguel (appelé naguère « le » quartier africain) -- ont trouvé une homogénéité dans leur hétérogénéité.

On parle toutes les langues Sommaire

Hétérogène, Mopti l'est assurément la ville ayant connu en un siècle au gré des activités commerciales un incessant afflux d'immigré Bambara de Bamako ou de Ségou. Dogon descendus de leurs falaises de Bandiagara.
Songhoï et Kel-Tamasheq (Touareg) de Gao ou de Tombouctou, tous les peuples du Mali se sont donné rendez-vous à Mopti. Et l'immigration se poursuit en dépit du fait que le seuil de saturation est maintenant largement dépassé.

Au port des piroguiers débarquent chaque semaine -- le mercredi, veille du jour de marché -- des familles entières de commerçants, d'éleveurs ou d'agriculteurs qui laissent là chaque fois quelques nouveaux immigrés de plus. On parle toutes les langues autour de ce port situé au sud de l'îlot central. Là se côtoient toutes les ethnies du Mali : les Bozo venus vendre le fruit de leur pêche, les agriculteurs bambara et songhoï, les bergers toucouleur et peul qui viennent avec leur bétail, les Dogon qui daignent descendre de leur falaise. Depuis la fin de la rébellion, les Touareg sont revenus sur les marchés pour proposer leur magnifique artisanat.

Port de Mopti

Bruyant et odorant, ce pittoresque capharnam possède paradoxalement des principes d'organisation. Chaque rive accueille un type de cargaison : au nord, le sel de Tombouctou et le mil de Ségou, ainsi que les passagers non-commerçants voyageant, qui avec sa mobylette, qui avec son... rocking-chair ; au sud, le poisson séché, entassé en d'énormes piles parfois hautes d'un mètre dans des pirogues à moteur bâchées dont certaines de fabrication locale peuvent transporter jusqu'à 60 tonnes.
Près du port se trouve une fabrique où l'on peut voir les hommes attacher des planches d'une façon tellement archaïque que l'on a du mal à s'imaginer qu'ils sont en train de fabriquer les majestueuses pirogues effilées et colorées qui vont, caressant le fleuve. Elles sont faites à partir du bois de caïlcédrat que l'on trouve surtout au Sénégal et en Côte d'Ivoire. Une balade en pirogue s'impose, à la rencontre du Bani et du Niger, sur les rives desquels sont éparpillés les villages bozo et les campements touareg.
Débarqué à Mopti, le poisson séché prend parfois le chemin des pays voisins, dans les camions des trafiquants qui dispersent l'unique manne malienne dans toute l'Afrique de l'Ouest. Compensant cette « fuite », une coopérative de pêcheurs encadrée par l'Etat dispose d'installations de séchage et de congélation.
Mopti ne vit pas seulement du poisson. Ici, tout se vend, tout s'achète. Le jeudi, jour de marché, toute la ville se transforme en une immense foire accroissant la population de 10 000 âmes. Sur chaque place publique se tient un marché. Ici, la fête du commerce est permanente, arrivant à son apogée le jeudi, jour de grand marché.

Au marché de Komouguel, on trouve toutes sortes de condiments et une halle aux poissons fraîchement pêchés : les épices sont concentrées au marché de Sougouni, le marché des femmes. Comme partout au Mali, elles rivalisent d'élégance et de vitalité.

Marché des canaris

Les artisans ne sont pas en reste, regroupés au marché de l'artisanat joliment rénové. C'est là que sont étalés les chefs-d'œuvre de cet artisanat malien aux multiples ressources. La bijouterie mérite une mention particulière ; grosses boucles d'oreilles d'or en forme de nacelles, anneaux pour les narines bracelets de cuivre ou de bronze, pendentifs de diverses matières font la richesse du marché artisanal.
Prendre le temps de s'arrêter devant les étals de tissus, boubou, couvertures dogon à damier (à l'image de la terre cultivée). Comment ne pas se laisser tenter par les couvertures de laine peul aux dessins géométriques, ou par les multicolores couvertures de mariage !... Les antiquaires proposent également -- en cachette et uniquement aux touristes -- des objets d'art tellem : pendentifs ou bracelets en vieux bronze sculpté ; ces pièces rares -- au demeurant magnifiquement travaillées représentent les symboles sacrés et les esprits de ce fabuleux et mystérieux peuple qui, avant l'arrivée des Dogon au début du deuxième, millénaire, vivait dans les falaises de Bandiagara. Seuls vestiges d'une brillante civilisation disparue, ces objets, de caractère plus sacré qu'ornemental, appartiennent au patrimoine national malien et il est dommage que leur protection manque quelque peu de rigueur.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
La richesse de l'artisanat

Autres objets d'art qui mériteraient de bénéficier d'une protection, les produits de l'artisanat dogon. Vieux bijoux, statues en pierre en chloritoschiste ou en bois, il s'agit là aussi de pièces rares que le tourisme risque de transformer en trophées de voyage totalement détournés de leur vocation rituelle.

Que le touriste ne soit pourtant pas trop difficile. De tous ces authentiques chefs-d'œuvre, des copies fort bien faites sont on vente au marché de Mopti. Car les artisans connaissant les ficelles du métier et la naïveté des voyageurs : ils savent parfaitement faire vieillir bois, cuivre ou bronze de plusieurs siècles! Les moins férus d'objets anciens peuvent se rabattre sur des pièces plus communes: fer forgé, poterie, couvertures de laine aux dessins géométriques œufs d'autruche (peints ou non) sabres ou coutelas autres babioles qui pour avoir été fabriqués à l'intention des toubabs (les Blancs) n'en sont pas pour autant dépourvus de toute beauté. Les artisans de Mopti perpétuent en effet dans leurs ateliers de Komouguel une tradition de sérieux ; tout comme les maçons immigrés de Djenné, qui ont fait de leur nouvelle ville un véritable musée d'architecture.
La mosquée, célèbre par ses travées et ses pyramides, domine Komouguel. A l'image de celle de Djenné, elle est entourée de proéminences faisant saillie hors des murs. Du reste, tout le quartier de Komouguel rappelle Djenné: quoique tassées les unes contre les autres, les constructions sont vastes et disposent de terrasses qu'occupe parfois un jardin. Les portes massives sont ornées d'énormes clous. Des orifices dessinant des arabesques sur les murs canalisent judicieusement les courants d'air pour atténuer une chaleur qui peut être torride. Autre dispositif de protection : chaque fenêtre est munie d'un mince treillis destiné à arrêter les assauts que livrent par essaims entiers les moustiques ! Mais c'est l'unique désagrément que le voisinage de l'eau ait apporté à Mopti, belle ville que l'on continue absurdement de surnommer la « Venise du Mali ». Comme si Mopti ne possédait pas suffisamment de personnalité pour enchanter le visiteur par sa beauté propre.

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