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Jean Cocteau au Musée des beaux-arts de Montréal

Geneviève
St-Germain


Éditoriaux
au féminin


« Vous avez trouvé un sujet inattendu. À vous de lui donner
la puissance d’un cataclysme. L’art ? Ça doit choquer !
»
Guy Cogeval dans Vie des Arts (printemps 2004)

Je n'ai de cesse de déplorer l'action délétère et pourtant si populaire qu'engendre l'art décadent, grossier et violent; en fait, je devrais dire la culture en général. Suffit pour cela d'aller à la dernière exposition sur Jean Cocteau au Musée des beaux-arts de Montréal pour se rendre compte de l'état de cette culture. Les responsables de l'exposition ont pris garde de prévenir le public par un avertissement de l'effet que pourrait avoir sur la sensibilité de certains visiteurs et surtout les enfants quelques œuvres. Du porno quoi ! (c'est eux qui l'écrivent.) Pour y accéder, un couloir à l'atmosphère de bordel est jalonné de gravures dont une âme innocente et distraite ne pourrait s'en choquer. Si elle ne se rendait pas jusqu'au bout. Par exemple, il y a là, à l’entrée de la salle, une gravure explicite avec le titre : "Un bébé sur sa couche aux extrémités phallique".

Et au bout, spectacle ! Une foule agglutinée autour de verges en érection, dans la plus parfaite dévotion ! Comme les familles, en Inde, à la porte des temples, devant des scènes d'érotisme à l'image de la pornographique. La différence, c'est que là-bas, les scènes représentent des personnages maléfiques, du moins celles que j'ai vues, et sont toujours associées à un rituel religieux. D'ailleurs, une fois, alors que j'observais avec curiosité les dioramas en question, un hindou me fit remarquer en ricanant et à propos d'un personnage qui enfonçait son pénis dans la bouche d'une femme : « This is Krishna » (voilà le Dieu Krishna) . Comment faisait-il pour confondre cette statue qui représentait un être aux traits diaboliques avec la beauté dont Krishna est toujours dépeint et qui fait justement sa renommé ? C'est un sabotage de la réalité sensuelle et sexuelle au profit d'un sexe brut, puant et pervers. Je voulais voir ce qu'il en était. Une femme se tordait le cou pour observer une gravure; je me suis placé derrière elle et je l'ai imitée: c'était un gros plan d'une langue qui léchait l'anus poilu d'un gros cul! Tout le reste n'en valait pas moins sinon plus.

Voilà la direction que prend notre palais des arts à Montréal. Il attire ainsi plus de visiteurs aux organes génitaux en guise de cerveau directeur : leur sexe les dirige et fonde toute leur préoccupation. On ne dira pas que le Musée est passé à côté de la tendance.

Il n'y a pas a dire, le monde des gays, c'est un zoom sur le sexe organique, sous toutes ses formes artistiques ! Guy Cogeval, notre directeur de musée, doit sûrement avoir des liens étroits avec ce milieu qui a le vent en poupe; celui qui se déploie sous son caractère grossier.

Je ne sais pas si, avec les temps qui courent, il a réussi à choquer beaucoup de monde, mais pour ma part il a atteint son but : j'étais sidéré!

8 juillet 2004