Cliquez ici pour fermer la banière --->
 
La laïcité, c'est le sexe
Lettre au magazine "Psychologies"
 

Ouf! Quel éditorial! *

M. Servan-Schreiber voit juste quand il écrit que «la laïcité, c'est le sexe». Il débute avec une conception matérialiste très «XXI siècle» et termine par une adhésion fervente et sans bémols envers la société présente, toujours plus libertine et en vogue dans les magazines, la télévision, le cinéma et le théâtre.
Partout, en fait.


D'après ses observations, il y a d'un côté les religieux qui imposent leur vie sexuelle aux autres et il y a les spiritualistes qui se défendent de faire de même. Pourtant ce n'est pas avec ces derniers qu'il faut comparer les fondamentalistes vu le phénomène de masse qu'implique la religion, mais plutôt avec la laïcité, en pleine effervescence sexuelle. Le danger vient d'elle et non pas des fondamentalistes qui, c'est un secret de polichinelle, ont autant de concupiscence que les autres pour la fornication; de par leurs croyances dogmatiques et l'abstinence ascétique qu'impliquent ces croyances, ils sont incapables de régler les comportements sexuels à long terme.


Par contre, cet éditorial ne prend pas en considération le fait que la publicité, qui est un puissant moteur de l'économie "laïque", sinon le plus puissant, impose outrageusement son sexe libidineux, et sans morale, il va de soi. Cette morale, justement, qui semble vous déranger. C'est elle, à mon avis, qui représente le frein le plus adéquat à cette course de plaisirs sexuels lancés vers un horizon cauchemardesque, ce dont vous ne touchez mots.

La société laïque, c'est aussi une immense pression exercée par des individus, des groupes et des foules qui poussent à une libération inconditionnelle des relations sexuelles. Sur le forum "Café de la culture" (Psychologies.com) nous avons discuté de ce problème. Que ce soit par la littérature (H. Miller), l'enseignement (Dr Kinsey), les intellectuels de la révolution hippie, le sexe a outrepassé tous les tabous et les rites qui lui promettaient un comportement social potentiellement bénéfique, épanoui et spirituel. Tout récemment, le docteur Morgantaler a été honoré pour son combat dans la destruction des fœtus humains. On ne peut nier, par contre, le progrès indubitable en la matière. Mais sous prétexte que la vie d'une femme se trouve en danger au moment de l'accouchement, l'avortement est devenu une industrie au même titre que l'abattage des animaux dans les usines d'extermination sous prétexte que l'homme doit se nourrir. Aucune demi-mesure, soit on interdit soit on tue.

Mais cela ne semble pas faire tiquer le responsable du magazine "Psychologies". Manichéen, pour la défense de l'avortement gratuit (procédé maléfique que je considère innommable du fait de son utilisation débridée), il oppose le «contrôle de l'utérus» par les fondamentalistes. Il justifie de cette manière les millions de fœtus et de bébés massacrés au nom du Droit, qu'il considère, de façon ostentatoire, supérieur à la morale! C'est passer de Charybde en Scylla.

Son éditorial commence ainsi: «Ce qui est moral est plus important que ce qui est légal; l'intégrité, plus importante que le succès; la vie humaine plus importante que le droit des femmes à choisir leur enfant; la pureté sexuelle, plus importante que le plaisir.» Ces idées, qui ne sont pas les siennes, évidemment, ironique, il les place dans la bouche des religieux.


Spiritualiste d'inclinaison, j'ai retourné ces phrases pour mieux juger de leurs poids. Voici: Ce qui est légal est plus important que ce qui est moral; le succès, plus important que l'intégrité; le droit des femmes à choisir leur enfant plus important que la vie humaine; le plaisir, plus important que la pureté sexuelle. Ouais! Dans ce cas, le matériel est plus important que le spirituel. Ce qui est aussi ridicule que son contraire.

De tels credos vouent sans aucun doute nos sociétés à un libéralisme tous azimuts. Sauvage. Ces conceptions tranchées et matérialistes nous conduisent vers un état de plus en plus surréaliste où prévalent sexe à gogo, pornographie et pédérastie, enfants à g-strings ne jurant plus que par le plaisir immédiat et fantasque; le mensonge comme art de vivre; une conception de la justice où l'argent est prioritaire (juges et avocats se payent chers); la morale reléguée à un archaïsme; et la réussite, une obsession sans laquelle la vie est un échec. Voilà ce que je lis dans votre éditorial M. Servan-Schreber.


Vous, l'éditeur d'un magazine de psychologie, vous écrivez comme si l'homme était un être raisonnable! Par conséquent nul besoin de contrôler par des conceptions morales ses gestes, ses émotions et ses sentiments. Ni ses pulsions sexuelles. Si ces dernières dépassent les bornes, le droit est là pour le lui faire savoir.

L'homme, en général, et plus encore, baisera sa propre mère si vous ne l'empêchez pas, si vous ne le prévenez pas de la perversité de l’acte. Il forniquera avec votre dame si vous ne gardez pas un œil sur elle. Il cherchera à toucher l'adolescente, à séduire la femme de son ami. Il n'y a rien de nouveau à ce que je dis là. C'est historique. Du 90% de vrai! Il est une partialité de votre part pour ne pas poser cette réalité en évidence. Il est grave de ne pas mettre en garde vos semblables; de ne pas les éduquer, de ne pas les encourager à suivre des règles et des principes: «Il est temps mon fils que tu ne prennes plus ta douche avec ta sœur»; «désormais, cher neveu, tu ne dormiras plus dans le même lit que ta cousine».

L'homme est une bête à sexe. Au XXI siècle, éditorialistes, chroniqueurs et animateurs lâchent la bride à cet animal aux désirs sexuels insatiables. Et la femme le talonne de près. Égalité oblige. Souvent, elle le dépasse. Au plus grand plaisir de la société moderne.

Mais il me semble, selon votre remarque sur la dictature en Irak, dans ce même éditorial, qu'au lieu de la guerre, vous préfériez le statu quo. Et cette position, vous l'adoptez dans les autres sphères de la vie. Malheureusement, c'est une attitude qui a pour effet de nous fermer les yeux sur la réalité qui, elle, demeure ce qu'elle est: mauvaise à souhait, ces jours-ci.

Vous ne semblez pas non plus embarassé par cette sexualité qui a pris des allures si dégradantes. C'est une «chance pour nous» que vous écrivez, sans nuance. La société entière ploie sous le joug d'une telle inconscience et vous, défenseurs et hérauts de ces mœurs si récalcitrants au bon sens, vous n'avez d'autres alternatives que de la défendre avec «une ligne de partage simple à tracer: le sexe». Vraiment matérialiste!

Juin 2005

* Pour lire l'éditorial de Servan-Shreiber:

Accueil
Poésie
Polémique
M'écrire