Introduction
En 1663, le gouverneur de la Tortue, Deschamps du Rausset, se trouve à Paris où il essaie de convaincre le Roi de lui donner les moyens pour réduire les boucaniers de Saint-Domingue dans l'obéissance, dont les petites entreprises de flibuste risque d'attirer sur la colonie de la Tortue les représailles des Anglais de la Jamaïque. Le présent texte doit être mis en relation avec les livres de Dampier, Dutertre et Exquemelin qui traitent aussi du même sujet. Pendant que Du Rausset séjournait en France, son neveu, le sieur de La Place, assurait l'intérim du gouvernement de l'île de la Tortue (voir la lettre de celui-ci au prince Rupert, du 26 juin 1663)
Deschamps du Rausset au roi de France Au roi Sire, Jérémie Deschamps, chevalier seigneur du Rausset, gouverneur et lieutenant général pour Votre Majesté dans les îles de la Tortue, Rotan et autres adjaçantes, remontre très humblement à Votre Majesté que l'île Espagnole n'est distante de la Tortue que de deux lieues, et que quantité de Français pour vivre dans le libertinage sont allés habiter le long des côtes de l'île Espagnole qui est extrêmement grande et peu habitée, et font des habitations dans des lieux escarpés et entourés de rochers et montagnes inaccessibles, et y vont par mer avec des chaloupes et canots et vivent comme des bêtes ou des sauvages sans foi ni loi, ni sans reconnaître aucun gouverneur ni chef parmi eux, ce qui a causé souvent des désordres, ayant pillé et volé plusieurs bâtiments anglais et flamands, ce qui a donné occasion aux Anglais d'en tirer raison contre des Français, qui n'étaient nullement de ces libertins, qu'on appelle boucaniers, qui sont au nombre de 500 ou environ, et qui pourraient prendre des habitations dans ladite île de la Tortue ou autres, et d'autant que cela porte un notable préjudice à celle de la Tortue à cause que plusieurs habitants désertent pour vivre dans le même libertinage, et donne occasion à plusieurs de faire de mauvaises actions et se retirer avec les autres. C'est pourquoi je supplie très humblement Votre Majesté de me donner un ordre par lequel il soit défendu, sous peine de la vie, à tous Français de ni habiter ni chasser dans ladite île Espagnole et de se retirer dans deux mois aux îles françaises et, pour les obliger à quitter, qu'il soit permis au sppliant de faire défense à tous marchands, capitaines et maîtres de navires de leur rien vendre ou troquer pour leur subsistance, ni prendre ou charger aucune marchandise à eux appartenant, sur peine de confiscation des navires ou autres bâtiments et des marchandises, ordonner en outre à tous officiers des bureaux des villes maritimes de France de confisquer toutes les marchandises qui viendront de ladite île Espagnole faites par les Français sans avoir passeport dudit suppliant, qui, continuera avec toute sorte de fidélité ses services à Votre Majesté et ses prières à Dieu pour votre santé et prospérité. [sans date, mais vraisemblablement de 1663] |
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