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Fannie avait fait de drôles de rêves, la nuit suivant la visite de Boudedieu. Elle avait vu des grenouilles envahir sa chambre et nager au-dessus d'elle. Puis un cauchemar: un homme, au bord de sa fenêtre,qui n'était pas le charmant visiteur de la veille. Cet être voulait envahir son espace. Mais, la vision s'était effacée pour faire place à une maisonnette toute blanche qu'elle visitait avec Eggraegore, un Eggraegore vêtu d'habits princiers, qui chantonnait des airs envoûtants. Dans son sommeil, elle se laissait charmer par son image. Elle rêvait le bonheur aux bras d'un homme aux yeux doux, profonds, affectueux, dont la voix grave avait quelque chose qui ressemblait à une voix qu'elle avait déjà entendue, une voix chère qui lui traversait le corps et atteignait son âme déjà toute attendrie; cette voix, elle la reconnut comme étant celle de son père disparu dans les horreurs de la guerre du Viet-Nam.