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Le coroner avait jugé bon de tenir une audience sans formalités. Il avait déjà pris place à la table quand Boudedieu et Lanchard entrèrent. Boudedieu présenta son assistant. Et ils s'assirent en attendant l'entrée des témoins.

Le coroner pria le gendarme de laisser entrer le premier témoin . Il invita Anton Antoniche à prendre place. Anton Antoniche s'assit en face du coroner. Son visage s'était encore émacié. La peau s'imprégnait d'une teinte glabre. On aurait pu se demander si le sang circulait encore dans ce corps miné par la maladie.Sur les appuis bras de la chaise, on voyait ses mains et leurs veines noduleuses, par endroit.

Le témoin demanda la permission d'être accompagné par son avocat. Le coroner acquiesça. L'avocat se présenta et prit place auprès de ses clients.

- D'après ce que je lis dans le rapport du détective, Anton Antoniche, vous avez nié être présent à la noce de votre petite-fille, à Pointe-au-Pic, le 2 jeuillet 1977.

- J'ai fait le voyage à Pointe-Au-Pic, monsieur le Coroner, mais je n'ai pas participé à la noce, étant souffrant.

- Vous étiez au Château-Bay ?

- J'y étais.

- Quels médicaments prenez-vous ? demanda le coroner.

- Je fais objection à cette question, monsieur le coroner, fit l'avocat. Ceci relève de la vie privée de mon client.

- Le client devra répondre à celle-ci:" Prenez-vous un médicament dans lequel entre un composé de tartrate ? - Monsieur le coroner, mon client ne connaît pas la composition chimique des médicaments, objecta l'avocat.

Le coroner lut le passage du rapport de Boudedieu rapportant l'ordonnance du médecin .

- Si c'est ce médicament, j'en prends..., fit Anton Antoniche, après consultation de son conseiller juridique.

- Vous affirmez ne pas être sorti de votre chambre. Pourtant, je lis dans le rapport du détective, qu'un témoin de la noce affirme vous avoir vu dans le corridor, jouant avec votre petit- fils.

- J'ai été alité durant les deux jours de la noce, dit Anton Antoniche.

- Portiez vous la barbe, à l'occasion des noces ?

- Non.

- Je vous remercie, fit le coroner. Vous pouvez vous retirer.

Le fermier fut le second témoin à être entendu.

D'allure timide, il en imposait par la robustesse de son corps. Le visage était couvert de barbe mais les yeux demeuraient vifs sous les sourcils. Les mains trapues témoignaient du travail de l'homme.

Le coroner passa à l'interrogatoire du fermier. Après lui avoir expliqué qu'il avait été vu par un témoin en présence du fils de Martine , le fermier avoua qu'il était bien la personne qui avait joué avec le petit garçon.

En attendant la suite...

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