Une fois le village de Valcartier dépassé, c'est la campagne qui se déroule sous les yeux. Des paysages variés, enchanteurs, romanesques défilèrent sous les yeux des deux voyageurs. Les maisonnettes disséminées ça et là, au bord de la route, laquelle serpentait, tantôt dans le creux des vallées, tantôt au sommet des collines, étaient décorées de fleurs aux teintes bien découpées sur le coloris des habitations campagnardes et propres.
- Mais tu ne m'as rien dit de toi, Bozo. Qu'est-ce que tu fais dans la vie, osa-t-elle lui demander.
- Je suis policier, à Montréal. Mais ne vous en faites pas, je suis un policier en vacances. Alors, là, fini le métier...
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Alors, Martine se mit à raconter les circonstances mystérieuses du décès de Biel, parla des réactions de la famille qui avait pris les choses comme étant une délivrance descendue du Ciel. Elle raconta la visite de Boudedieu chez ses parents... l'enquête et le questionnement dont elle avait fait l'objet au bureau du policier.
- Il ne faut pas se surprendre, expliqua Bozo. C'est toujours comme ça quand une mort suspecte se produit.
Bozo disait tout cela d'un air indifférent mais il savait bien que Martine et sa famille était l'objet d'enquête. Il y était lui-même mêlé très intimement. Comment réagir entre son devoir de policier en exercice et le sentiment de tendresse qu'il éprouvait à l'endroit de sa compagne. " Je ne saurais vivre en présence d'une personne mêlée à un crime... La première chose à faire, c,est de continuer mon enquête, pensait-il, tout en écoutant le récit de Martine".
- Est-ce qu'il y a des raisons de penser à quelques coups de préméditation venant d'un membre de votre famille ? Votre defunt mari portait-il des traces de balles? Mais d'abord, est-ce qu'on se sert des armes à feux dans votre famille ?
Bozo savait, au fur et à mesure qu'il parlait, qu'il voulait aller trop vite. C'est pas la manière dont il aurait voulu procéder. Il faisait son métier comme un débutant. Il voulait conclure trop vite à l'innocence de Martine et de tous les membres de sa famille..." Je suis tombé en amour, pour raisonner ainsi!"
Quelle monade avait frappé le coeur de Bozo. Il n'avait jamais éprouvé de tels sentiments à l'égard d'une femme...Il avait beau essayer de se la représenter comme complice de quelque chose, il ne pouvait se faire à l'idée... "C'est ça l'amour, pensa-t-il, ça empêche de réfléchir, c'est comme une forme qui se superpose à la mienne, la recouvre, la possède... Mon Dieu! Je retombe sans doute en enfance..."
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