Un bel après-midi.

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Le repas

Martine et Bozo parlèrent de choses et d'autres avant d'arriver finalement à la maison.

Dame Antoniche s'affairait à la préparation du souper... Bozo en fut gêné de d'avoir aussi aisément accepté l'invitation de la vieille dame, mais il se sentait heureux d'être en la compagnie de Martine.

- Bozo, d'où vous vient ce nom, Monsieur, fit Anton Antoniche qui s'appuyait sur une cane au moment où il franchit le seuil de la pièce d'où il était apparu.

- Papa, tu seras toujours curieux! Bozo, c'est l'abbréviation de Benoit, Ovide, Zoé, Onézime... Tu vois, il faudrait dire B.O.Z.O.,mais c'est trop long, fit Martine en souriant.

- Ce n'est pas à toi que j'ai posé la question, ma fille. Et votre nom de famille, demanda le vieil homme en se tournant vers Bozo.

- De La Ribambelle, Monsieur.

- Mais vous êtes d'origine noble. Au Québec, je ne connais pas de De La Ribambelle... Viendriez-vous des vieux pays ?

- Mon grand-père était de France. Mais il s'est établi à Montréal il y a deux générations. Il a marié une Villeneuve. Ma grand'mère était petite cousine du cardinal Villeneuve... Celui-là, vous devez avoir entendu parler de lui ?

- C't'affaire! Qui n'a pas connu le Cardinal ? Et vous faites quel métier ?

- Policier. Policier en vacances à Québec. C'est la première fois que je visite la capitale... Je croyais que c'était encore une bourgade mais vous avez progressé depuis Champlain.

- C'est plutôt vous qui avec fait un pas en avant... fit le vieillard en grimaçant de douleur lorsqu'il voulut se lever pour aller donner un coup de main à sa femme.

- Puis-je vous aider, demanda Bozo en esquissant un geste vers le vieillard.

- C'est cette maudite arthrite ou arthrose, appelez-le comme vous voudrez. Vous n'y pouvez rien. Ces bibites me rongent les os et il n'y a que l'aspirin qui peut me soulager un peu... La médecine, elle est un peu à votre image, ses progrès sont lents.

Martine suivait la conversation avec curiosité. Elle observait Bozo du coin de l'oeil, avec un envie de rire qu'elle retenait avec toute la peine du monde.

- Tiens, Monsieur, quand j'étais au collège, on m'a appris que dans l'eau qu'il y a au fond de ce verre, il y avait une mole de molécules... Vous savez ce que c'est qu'une mole de molécules ? Imaginez, dans ce petit demi-pouce d'eau, qu'il y a un nombre presque incalculable de petites molécules...Un exemple: si vous grossissiez chacune des molécules qu'il y a dans ce petit verre à la taille d'un grain de sable, il y en aurait pour remplir dix maisons comme la nôtre...

- Allons, allons, Anton, tu vois bien que tu ennuis Monsieur le Policier, fit Emma Antoniche en posant les dernières pièces couvert sur la table.

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