page11
- "L'Entre-Côte" est encore agréable à déguster, fais-je.
- Je le garde comme vin-maison! Prends-le temps de finir ton verre. Tu es en milieu connu. La vie offre toujours des innovations. Il faut ouvrir les yeux. Abandonne l'habitude de comparer le nouveau à l'ancien. Tout nouveau repose sur l'ancien mais les différences bien qu'elles soient minimes deviennent visibles si tu veux bien y prêter attention
- Ta présence me rend enjoué, je communique facilement avec toi.
- Je désire revivre quelques instants d'autrefois. Viens...
Célia met une musique très douce. Je me lève, je l'enlace pour quelques pas de danse... Nous nous regardons , rieurs, respectant le pacte qui nous avait permis de nous revoir si facilement, aujourd,hui.
- Tu es toujours en amour ?
- En amour ? Les images se succèdent en moi sans que je m'y attache. C'est ce qui permet ma souplesse. J'achète à la bourse et je surveille les titres que je possède. Quand je vends, je ne regarde plus... C'est passé, c'est fini. S'il avait fallu que je mette en doute mes décisions, je n'aurais pas avancé d'un pas. Mène tes amours comme on mène l'argent. Plus tu as d'argent, plus tu veux en faire. Plus tu as d'amoureux, plus tu veux en avoir. Si tu avances, ainsi, tu es de moins en moins privé... Tu n'es jamais comblé, tu sais... L'amour, c'est la même chose. Tu en veux toujours plus. C'est une mentalité. Un des plaisirs de l'amour c'est de tenir entre ses bras un amant qui est inférieur au prochain amoureux!
- Nous ne nous retrouverons jamais comme autrefois ?
- Bien au contraire, nous revivons tout comme autrefois mais nos personnalités se sont enrichies. Au lieu d'avoir en porte-feuille des " American Leduc", des "Corgemines" des "Transair" j'avais récemment des " tgo " que je viens de vendre...J'en reprendrai en attendant que les parts baissent. Je possède encore cgi que je vendrai bientôt à moins que... Ainsi, je joue en amour comme je joue en bourse. Je ne me fie pas sur un seul amant...
- C'est du Simone De Beauvoir!
- Et vous les hommes?
- Je n'ai jamais considéré mon sexe comme étant le premier !
- C'est ce dont je parlais tout à l'heure. Il s'est structuré quelque chose de nouveau... Le deuxième sexe!
- Mais c'est une révolution!
- Ouvre les yeux sur de nouveaux rêves! L'époque précédente est révolue. Fini le temps où l'homme chantait:" Ouvre tes yeux bleus ma Mignonne, Voici le jour..."
- " Déjà la fauvette fredonne... Un chant d'amour... " Il était quand même agréable ce temps du matin où les fauvettes frétillaient dans l'embrasure de la fenêtre! La femme n'était pas seulement un objet d'agrément, d'appas... Elle représentait l'attrait, le beau, le charme, la distinction. Elle était une déesse, quoi!. Aphrodite de délicatesse, d'esthétisme, de finesse, elle charmait pas une puissance qui l'habitait hors et en dedans d'elle. Elle était fleur, grâce, perfection. Elle était l'incarnation d'une poésie profonde, sublime magnitude de spiritualité , source d'inspiration et de magnificence, de majesté, de noblesse! C'était une création empreinte d'une somptueuse noblesse, habillée ou nue, pour l'homme qu'elle avait élu et dont elle était le parfum, la perfection la poésie, la profondeur, la sublimité... Elle était à la fois séductrice, soumise, amante, femme, mère entre les bras de laquelle l'amant, enfant comme nouveau-né, se réfugiait. Vénus, entre les bras de son mari, elle était une déité ignorée de tous, renaissant indéfiniment. La femme était un trésor, un charme, un appas. Dans sa simplicité, elle évoquait l'histoire du monde...
- Tu donnes ta vision de la femme. Ce n'était pas la mienne. Tu savais très bien que cette vision se dépassait, à ce moment-là. N'oublie pas que nous étions à la disparition du duplessisme,du cathédralisme, de l'époque de la claustration, de la fin de la castration de la femme. C'était la disparition de la mémoire sous la renaissance d'un horizon ouvert. Une évoquation hursserlienne qui
à la reprise des copieurs sartriens ou simonoiriens a su replacer les choses dans une perspective authentiquement humaniste. Quand je mêle argent et amour, ce n'est pas par ignorance. Je dois défendre cette vie matérielle qui passe par mes idées. Les monades, je les prends au sérieux, non pas pour des
Zombies mais à titre d'existence réelle.
http://www.onlinetrans.com/SystranLinks/B0E-sympatico.ca.html