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Journal
8 juillet, p.m.
Je m'occupe en sarclant le jardin. Découverte de la germination des graines de mari. Christian me montre l'endroit où il a planté les semences après que j'eux observé l'apparition de certaines plantules à intervalles presque réguliers. Le plan de mari est reconnaissable aux 2 premières feuilles qui sont striées. J'en transplante 3 plants dans un pot. Des pensées contradictoires m'ont alors assailli. Il sera difficile d'expliquer que le hasard les a disposé là si la police s'en mêle. L'intérêt d'assister à la croissance de cette plante l'emporte.
Je me distrait et visite une propriété à vendre. $215,000... Il y a trop de risques.
9 juillet, matinée.
J'ai repris la tache humiliante du sarclage. J'ai refait inlassablement des paquets de dix: pissenlits, chiendents, pissenlits... Je me suis mis à observer mes doigts, ma main droite, le poignet, l'avant-bras, cet ensemble harmonieux d'organes obéissant aveuglément aux ordres du cerveau.
L'activité s'est peu à peu substituée à la conscience. J'ai oublié la souffrance que m'occasionne cette privation d'alcool qui n'en finit plus.
Je me nourris l'esprit de tout ce qui est accrochable. Je nourris des craintes à propos des plantes... J'en transplante trois dans un pot... J'appelle ma mère. Tout va bien. Louisette et Jean sont à Québec mais ne viendront probablement pas nous voir. Thérèse namifeste plus d'intérêt envers Cui-Cui. Elle l'a prise dans ses mains et me la remise. La perruche me donne la becquée quand je siffle. Elle s'est nichée sur la tête de ma femme qui a appelé les enfants... Ils ont bien rigolé.
Ce soir, je me suis senti seul et triste. J'aurais voulu déposer aux pieds de quelqu'un mes alarmes, pleurer en silence la lourdeur de mes larmes... Crier: " Je n'en puis plus!"
Je pars acheter des pretzel, à la grande joie de Nathalie qui s'apprête à festoyer.
Après le souper et la marche quotidienne, Thérèse me suggère un film à la tv: "Douze salopards". Des pensées obsédantes obstruent mes perceptions... Je me coucherai, je réfléchirai. Il doit y avoir des issues secrètes pour s'en sortir... Il doit y avoir, au moins, une voie pour chacun...
Dans mon lit, je constate que j'ai bougé toute la journée.. Le temps m'a semblé plus long... Je ne sais quoi faire de moi... Pourtant, je suis heureux.