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- Au début, tu m'apparaissais comme la belle, l'aventurière prête à s'engager dans n'importe quoi...Tu te penchais sur mon épaule... J'étais distrait à l'image de ton front sans ride .
- Tu te cramponnais à mes bras.
- Je te trouvais gracieuse... Tu l'es toujours, d'ailleurs.
- Tu gardes toujours cette antique noblesse du compliment . Elle te confère un charme unique.Je n'ai retrouvé nulle part ta force de séduction.
- Tu enchantais mes yeux, captivais mon âme par tout ce que tu me disais, par ce que tu m'avais permis d'espérer. Nous étions sans orgueil, beaux, sans ostentation, riches d'une jeunesse dont nous avait dotés une nature prolifique.
- C'était merveilleux...
- Nos amours avaient atteints l'été.
Nous mangeons lentement et des souvenirs perdus émergent de ma mémoire. C'était un soir...
" De la terrasse Dufferin, l'Occident châtoie au coucher du soleil, une émotion bienfaisante succède au spectacle grandiose qu'offre le crépuscule. Le château médiéval, hérissé de tours féériques, s'obscurcit peu à peu, étend sa masse élégante sur le coloris du ciel sans nuage. Dans l'espace diapré, les clochers sommeillent, bercés par la rumeurs de la ville qui s'assoupit. Lévis apparaît sereine, paillettée de lueurs multicolores dont le prolongement dans les eaux esquissent des piliers fantastiques. Plus loin, à la ligne des toits et des monts, l'azur assombri borne l'infini des cieux d'où parvient la chaude haleine d'une saison enchanteresse..."
- C'était la saison des amours. Nous nous faisions des promesses...me rappelle Célia.
" Des couples paisibles se baladent ici et là, partageant en silence les tendresses dont la nature déborde. Les touristes nous coudoient; rêveurs, tout nous apparaît sympathique en ces instants sublimes".
- Revenons au moment présent, dit Célia. Le passé a ses droits. Il faut les respecter.
- Je revis présentement l'enchantement des premiers jours, c'était inévitable, en venant ici. J'ai l'impression de remplir un vide dont je souffre.
- Il vaut mieux se fier à la nourriture pour ce faire. Mange! ordonne Célia en souriant.