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Un Monde Sans Argent : Le Communisme
V. Argent Et Estimation Des Couts



COMPLIMENTS

Dans le monde communiste les produits circuleront sans que de l'argent doive circuler en sens inverse. L'équilibre ne se fera pas au niveau du ménage ou de l'entreprise : ce qui sort en marchandise correspond à une rentrée d'argent et vice versa. Il s'établira directement de façon globale et se mesurera directement à la satisfaction des besoins.

Fin de l'échange ne veut évidemment pas dire que les enfants ne pourront plus échanger des billes et des images, les amoureux des compliments. Des trocs limités subsisteront à une petite échelle. Surtout au début ils compléteront le réseau général de distribution et remédieront à ses rigidités.

La meilleure indication montrant que le secret de la monnaie ne réside pas dans sa nature matérielle c'est que les étalons monétaires ont changé suivant les lieux et les époques. Le sel et le bétail ont pu jouer ce rôle. Les métaux précieux, notamment l'or, n'ont été finalement sélectionnés qu'en fonction de leur inutilité même. Dans un moment de disette l'or ne peut être retiré de la circulation pour être consommé. Lorsque l'or est retiré de la circulation pour être thésaurisé ou pour servir d'ornement c'est en fonction de sa valeur économique. Des qualités et surtout une rareté particulière l'ont fait primer à un certain niveau de développement économique. Lors des premiers balbutiements du système marchand le sel a pu être une monnaie à cause de son utilité même et du fait qu'il se trouve concentré à des endroits particuliers. Il était l'objet de circulation par excellence.

Aujourd'hui la monnaie tend à se dématérialiser. Elle se trouve garantie non plus par la valeur de son support mais par la banque et le système financier qui la contrôlent et la manipule. Elle ne cesse pas d'être moyen d'échange mais elle devient surtout un instrument au service du capital. Cela permet de la récupérer et de l'utiliser au mieux pour financer des investissements, pour faire crédit au capital.

Détruire la monnaie cela ne veut pas dire brûler les billets de banque et confisquer ou dissoudre l'or. Ces mesures peuvent être nécessaires pour des raisons symboliques et psychologiques, pour désorganiser le système. Elles ne peuvent suffire. La monnaie resurgira sous d'autres formes si le besoin et la possibilité de la monnaie persistent. Du blé, des conserves de sardines, du sucre... peuvent devenir des moyens d'échange et même de salarialisation. "Tu fais ce travail, on te donne dix kg de sucre avec lesquels tu pourras obtenir de la viande, de l'alcool ou un chapeau de paille."

Le problème est d'abord celui de la lutte pour la production, pour l'organisation, contre la pénurie. Ensuite c'est la mise en oeuvre de mesures dissuasives et répressives à l'égard de ceux qui chercheront à utiliser la période de reconvertion pour pratiquer le marché noir. L'or et les autres matériaux précieux seront réquisionnés par les autorités révolutionnaires pour éventuellement être ... échangés contre des armes ou dés vivres avec des secteurs non contrôlés.

La monnaie est l'expression de la richesse mais de la richesse marchande. Elle n'est pas directement satisfaction des besoins mais moyen de les satisfaire. Elle est donc aussi la barrière qui sépare l'individu de ses propres besoins.

Les aspirations des hommes se trouvent être le reflet des choses, des marchandises qui leur font face. Avoir des besoins et les satisfaire c'est vouloir et pouvoir acheter et consommer. A ce jeu on ne peut qu'être floué. La richesse, le véritable bonheur ne peut être et doit publicitairement rester qu'un mirage inaccessible.



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