LOI DE LA VALEUR
![]() La monnaie sert à l'échange. Mais monnaie signifie aussi mesure. Ce que la monnaie mesure dans l'échange, le prix d'une marchandise prend sa source en dehors de la sphère de l'échange. ![]() Comment dans le système capitaliste l'équilibre s'établit-il entre ce qui est produit et ce qui est consommé ? Entre l'effort fourni et l'avantage procuré ? Comment tel choix s'impose-t-il comme plus rationnel ? ![]() Le problème s'inscrit dans chaque marchandise particulière. Elle est à la fois valeur d'usage et valeur d'échange. La valeur d'usage c'est l'avantage qu'elle est censée apporter. Le consommateur est censé l'apprécier directement. La valeur d'échange qui s'exprime par le prix correspond à la dépense par laquelle est compensé cet avantage. Dépense monétaire pour l'acheteur mais surtout et au départ dépense en travail. ![]() Le prix d'un bien est déterminé par les forces qui s'exercent au niveau du marché, par l'offre et la demande. Mais au-delà il renvoie au coût de production qui se décompose en travail immédiatement fourni et en travail contenu dans les matériaux utilisés pour la production. ![]() Dans chaque marchandise s'exprime ainsi la nécessité d'un équilibre entre la dépense et le gain social qui se reflète dans la nécessité de l'équilibre financier des entreprises et des ménages. La nécessité d'un équilibre mais non cet équilibre lui-même ! Le prix d'un bien ne correspond que de façon déformée à la quantité de travail réel effectivement dépensé et même à la quantité de travail socialement nécessaire. L'équilibre ne se fait pas au niveau de la marchandise particulière mais à celui du système tout entier. Et là cet équilibre est plutôt une sorte de déséquilibre. ![]() Est-ce que le prix d'une marchandise est déterminé par la quantité de travail qu'elle contient ? Oui et non. Oui, car le prix à tendance à varier en fonction des gains de productivité, parce que un produit qui exige deux fois plus de temps qu'un autre risque de coûter deux fois plus cher, parce que la masse globale de travail détermine la valeur globale des marchandises. Non, parce que l'on ne peut établir un lien impératif et simple entre chaque marchandise et le travail dépensé. Cela à cause des aléas du marché. Cela parce que si le prix d'une marchandise était déterminé réellement par le travail concret dépensé plus la productivité serait basse, plus les travailleurs seraient feignante plue la marchandise serait chère ! En réalité ceux qui ont des prix de revient élevés sont pénalisés et non avantagés. Les vainqueurs sont ceux qui économisent frais de production et travail. Cela parce que la formation des prix est affectée par la tendance à l'égalisation des taux de profit. ![]() Que devient la loi de la valeur-travail héritée des économistes classiques qui dit que la valeur des choses économiques est déterminée par le travail ? Cette loi est une loi générale qui détermine à travers la formation des prix l'évolution générale du système. Le capital se développe et se répartit en fonction des économies de temps de travail qu'il peut réaliser. Comme une rivière, même si son chemin n'est pas le plus court, même si il se perd dans des bras morts, même si elle fait des détours, elle suit finalement et aveuglément sa pente naturelle en érodant au passage les obstacles. Le profit escompté qui entraîne le capitaliste à investir ici ou là, à choisir telle technique ou telle machinerie loin de contredire cette tendance n'est que la voie tortueuse à travers laquelle elle s'impose à lui. ![]() Finalement la loi de la valeur n'exprime pas tant le lien qui subsiste entre d'une part la marchandise et son prix et d'autre part le travail créateur que leur dissociation. Le travail devenant valeur, cela veut dire que l'oeuvre se libère du travail et de l'ouvrier pour être satellisée dans l'espace économique et s'y déplacer suivant des règles qui lui semblent propres. Toutes les marchandises devenues autonomes et concurrentes finissent par se mesurer entre elles à travers l'échange et par le biais de la monnaie. La loi de la valeur dont le développement est solidaire de l'échange et de son emprise sur l'activité humaine disparaît avec le communisme. ![]() Qu'en est-il de l'équilibre global entre les dépenses et les recettes au sein du système ? Cet équilibre est un déséquilibre. Du point de vue de la valeur la société produit plus qu'elle ne dépense. Le surplus s'accumule. Sans cela le capital ne serait pas le capital. ![]() Marx a montré qu'il existait une marchandise spéciale qui a le don de produire plus de valeur que sa production n'en exige. Voilà qui explique que le capital en mouvement s'augmente au lieu de rester de transaction en transaction toujours égal à lui-même. Cette marchandise c'est la force de travail, son prix inférieur à la valeur qu'elle engendre c'est le salaire. La différence c'est la plus-value. ![]() L'ouvrier ne vend pas son travail sur ce que l'on appelle faussement le "marché du travail" mais sa capacité à travailler, une partie de son temps. Le travail n'est pas une marchandise, il n'a pas de valeur. Il est le fondement de la valeur. Lui-même, dit Engels, n'a pas plus de valeur que la gravité n'a de poids. ![]() Lorsque le capital quitte la sphère de la circulation pour entrer dans l'antre du capitaliste il s'accroît du travail non payé de l'ouvrier sans que la loi de la valeur soit bafouée, sans que le profit ne surgisse de quelque escroquerie ou entorse aux règles de l'échange. Chaque capital-marchandise peut se décomposer en capital constant qui correspond à l'amortissement des matériaux et machines utilisés, en capital variable qui correspond aux salaires, en plus-value ou valeur ajoutée qui correspond au travail non payé. ![]() L'argent est porteur d'une profonde mystification. Il cache la nature originelle de la dépense qui a véritablement engendré le produit. Derrière la richesse, même marchande, il y a la nature et l'effort humain. L'argent semble produire des intérêts, faire des petits. La seule source de la valeur si marchande qu'elle soit et mieux justement parce qu'elle est marchande c'est le travail. ![]() Bien sûr les économistes les plus serviles accordent une petite place au travail comme source de la richesse à côté du capital et de la terre. La mystification n'en est pourtant même pas partiellement abolie. Ce n'est pas au travail en tant que tel que l'on accorde cette faveur, c'est au travail en tant que contre-partie du salaire. Ce n'est pas l'argent qui est ramené au travail mais au contraire le travail qui est ramené à travers le salaire à l'argent. ![]() |