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Un Monde Sans Argent : Le Communisme
VII. Insurrection et Communisation



LA VIOLENCE

L'usage de la violence, pour arriver à leurs fins, voilà, ce qui distinguerait les révolutionnaires des réformistes.

L'opposition entre révolutionnaires et réformistes ne porte pas tant sur la stratégie et la méthode que sur la nature de la transformation à accomplir. De cela découle évidemment une différence de méthode.

L'histoire a distingué deux sortes de réformistes : les doux et les dura.

Les réformistes doux, sociaux-démocrates et parlementaristes, pensent que leurs aménagements peuvent se faire en douceur. Ils ont souvent raison dans la mesure où leurs illusions portent sur la profondeur des réformes qu'ils peuvent appliquer. Chaque jour et aux quatre coins du monde ils prouvent que les intérêts en place acceptent de ne pas réprimer ceux qui ne les menacent pas. Ces réformistes doux deviennent parfois durs, mais leur dureté s'exerce surtout contre le prolétariat.

A côté d'eux il y a les vrais durs, c'est-à-dire les staliniens et assimilés. Ceux-là se prennent pour des révolutionnaires. Leur but est de s'emparer de l'état et de contrôler l'économie en remplaçant les dirigeants en place. Ils n'ont pas intérêt à sous-estimer la capacité de riposte de leurs adversaires. Il y va de leur réussite et même de leur peau.

Et les révolutionnaires ?

La révolution communiste est un formidable ébranlement social. Elle implique des heurta et de la violence. Mais si la révolution est un acte de force, son problème essentiel n'est pas un problème de violence et la condition de sa réussite n'est pas essentiellement une question de force militaire.

Cela parce que la révolution n'est pas une question de pouvoir. Nous ne disputons pas l'état ou l'économie aux puissants an place. Grâce aux positions qu'il occupe dans l'économie le communisme sera à même de saper les bases et de désarmer la contre-révolution notamment militaire. Il évitera autant que possible un affrontement direct.

La révolution communiste ne fait pas de la violence le problème central parce qu'elle vise à faire éclore ce qui existe déjà et non à faire entrer de force un projet dans la réalité.

Tout autant qu'aux fanatiques et aux fétichistes de la violence nous sommes opposés aux pacifistes. Autant l'on peut et l'on doit adopter des méthodes non-violentes y compris à l'égard des militaires, autant l'on ne peut accepter l'idéologie non-violente.

Cette idéologie transporte et s'appuie sur des illusions pédagogiques. Elle suppose que l'ensemble des gens puisse être éduqué à la non-violence et puisse se mobiliser à froid. Elle veut des actions de masse mais ne voit pas que les problèmes d'information et de coordination que pose ce type d'action et de riposte ne peuvent être résolus sans la possibilité de la violence. La non-violence systématique suppose qu'il existe un consensus entre adversaires pour respecter certaines règles et d'abord une liberté d'information minimum.

La non-violence est surtout efficace en tant que méthode défensive. Ses limites apparaissent lorsqu'il s'agit de prendre l'initiative et de neutraliser ses ennemis.

Plus la révolution se lèvera avec force et lucidité, plus elle fera respecter et présentera comme irréversibles ses options, plus elle sera à même de rallier les hésitants et de neutraliser les opposants. La compréhension du rôle limité mais essentiel de la violence peut éviter des erreurs aux résultats sanglants.

Le prolétariat ne peut renoncer à se procurer, à fabriquer et à utiliser des armes. Si les armes ne sont pas toujours éparses dans la société, les matériaux qui permettent d'en fabriquer le sont souvent et en grande quantité. Il est essentiel de les recenser et de se préparer à leur éventuelle utilisation, s'armer et préparer des pièges qui feront payer cher à nos ennemis leurs interventions. Ce qui est ridicule et honteux c'est de pousser les gens à former des groupes d'autodéfense et à s'équiper de revolvers ou de couteaux pour défendre leurs usines et leurs quartiers contre des chars d'assaut ou des avions.

Nous ne pouvons prévoir le déroulement des futures insurrections mais nous pouvons défendre à l'avance et dans le cours du mouvement une stratégie. Cette stratégie se fonde sur la nature même de la révolution communiste et des forces de chacun.

Les bourgeois et les bureaucrates comptent sur l'armée. La force du prolétariat est dans sa position économique.

L'armée est vulnérable mais elle ne l'est pas tant d'un point de vue militaire que par sa dépendance à l'égard de l'économie. Elle en dépend de plus en plus directement pour ses armes, ses munitions, sa nourriture, ses transports. Elle intègre en son sein des ouvriers et des techniciens. Pour faire la guerre, et la guerre moderne est coûteuse, il faut que l'intendance suive et que le pays travaille.

La contre-révolution militaire doit être attaquée dans ses arrières économiques. Il est crucial qu'une armée nationale ne puisse pas réprimer ailleurs parce que la paix sociale serait maintenue chez elle.

Les militaires connaissent le risque qu'il y aurait pour eux à devoir suppléer aux "défaillances" des travailleurs dans le domaine de la production. L'armée ne peut pas organiser l'économie contre les ouvriers. Elle préfère avoir un adversaire bien délimité et de même nature qu'elle plutôt que de devoir accomplir des tâches qui lui sont étrangères, de s'y engluer et de s'y disperser.



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