A. du 10/05/2002
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A. du 10/02/2002

POURQUOI CETTE IMPUISSANCE DE L’O.U.A A RESOUDRE LA CRISE POLITIQUE QUI SEVIT A MADAGASCAR ? (suite)


B- RATSIRAKA et la France :



1-L’O.U.A et ses contradictions

     En vérité l’O.U.A se perd dans les dédales de ses propres contradictions et pour essayer de garder la face, elle fait endosser la responsabilité des ses lacunes à ceux qui refusent les solutions qu’elle propose, solutions qui ne semblent guère défendre les véritables intérêts des pays membres mais plutôt ceux des grandes puissances qui veulent maintenir en Afrique le système colonial et continuer tranquillement à piller les richesses du continent noir. L’exemple de sa position face à la crise politique de Madagascar en est une preuve flagrante. En fait, depuis une dizaine d’années on a découvert dans plusieurs régions de la grande île des gisements de saphir et de rubis. On sait aussi depuis longtemps l’existence, un peu partout, sous le sol malgache, d’importants gisements d’or et d’émeraude. Bref, toute une richesse qui attire comme des mouches tous les aventuriers de la terre entière mais aussi et surtout des politoco-affairistes qui s’imaginent qu’ils peuvent influencer l’avenir d’un pays, qu’eux seuls doivent décider de son orientation politique parce qu’ils disposent d’énormes ressources financières, ressources qu’ils ont tirées d’ailleurs du pillage des richesses mêmes de ces pays –comme Madagascar ou comme l’ex-Congo belge qu’ils veulent maintenir sous leur domination en leur imposant comme Présidents de la République des politiciens à leur solde et qui leur permettent d’agir en pays conquis.

2- Mise en place d’une campagne de désinformation :

     Il faut rappeler que dès le début de cette crise malgache, une campagne de désinformation savamment orchestrée par la presse française a été mise sur pied. Olivier Péguy du RFI par exemple, présent à Madagascar à ce moment–là, a pris soin de distiller les informations qu’il envoyait à son agence, de manière à présenter au monde entier les mouvements populaires de Madagascar comme une bagatelle qui ne méritait pas qu’on y attachât une quelconque importance. Plus tard, il a même dénigré les manifestations pro-Ravalomanana et les accusait d’être les seuls responsables du blocage de l’économie nationale, oubliant de préciser dans ses propos quelles étaient les raisons profondes de ces manifestations. Plus tard, le 22-02-2002, jour de l’investiture de Ravalomanana, poussé par le peuple à prendre le pouvoir, TF1, avec Patrick Poivre d’Arvor pour mener la valse, a parlé d’auto proclamation. Le jour de la signature de l’accord de Dakar, le 18-04-2002, toute la presse audio-visuelle française en parlait , faisant un amalgame des articles 2-3-4-5, insistant surtout sur :
- La mise en place d’une période de transiition et d’un gouvernement de réconciliation nationale avec comme Président de la République, Didier Ratsiraka.
- La tenue d’un référendum pour choisir enntre les deux candidats.

Bref, le bla-bla habituel aux journalistes de ces chaînes françaises, destiné à noyer complètement les évènements dans leur virtuosité verbale, de manière à les peindre sous des couleurs qui correspondent le mieux soit aux clichés classiques qu’ils en font soit à l’objectif qu’ils veulent atteindre.
     Pour le cas de Madagascar le but est clair : ternir l’image de Ravalomanana dans le monde entier. La première chose à faire dans ce cas est d’occulter volontairement l’existence de l’article premier de l’accord de Dakar, l’obligation pour la HCC de faire un décompte contradictoire des voix obtenues par les candidats. Tant et si bien que le 29-04-2002, jour de la proclamation de ce décompte par la HCC, jour où cette dernière a annoncé par la même occasion la victoire de Ravalomanana au premier tour , faisant de lui le quatrième Président de la République malgache, la presse française s’est hâtée de monter d’un cran le ton de cette campagne de désinformation. RF1 avec toujours PPDA à l’antenne, aidé d’un correspondant de cette chaîne à Madagascar, a prétendu que Ravalomanana a rompu l’accord de Dakar, que la HCC a fait diligence pour recompter les voix et pour proclamer la victoire de Ravalomanana au premier tour alors que c’est cette même HCC qui a décidé de la tenue d’un second tour le 25-01-2002 (sic)
     L’étourderie de ces propos est évidente :
1) Il y tout d’abord cette omission volontaire de l’article 1er de l’accord de Dakar.
2) Le correspondant de TF1 n’a pas poussé ses investigations « plus loin que le bout de son nez ! » La HCC qui a décidé de la tenue d’un Second tour le 25-01-2002 n’est pas du tout « la même » que celle qui a fait le décompte contradictoire et qui a donc proclamé la victoire de Ravalomanana le 29-04-2002. les membres en sont différents.

3- Les objectifs de la France :

     Mais bien entendu, tout ceci fait partie d’un plan de dénigrement ourdi par les opérateurs français et réunionnais tels que le groupe Fraise et le groupe Bourbon. Ces deux groupes français sont des adversaires du groupe TIKO et ont déjà eu maille à partir avec Ravalomanana en tant qu’opérateur économique et aussi bien en tant que maire . Il y a aussi Air France et Air Austral, tous deux intéressés pas la reprise d’Air Madagascar. On sait que dans un discours prononcé place du 13 mai, Ravalomanana a déclaré que s’il devenait président de la république, il ne céderait jamais Air madagascar. En somme, des opérateurs français qui ne voient pas d’un bon œil l’accession de Ravalomanana au pouvoir et qui, d’un commun accord avec le pouvoir français, s’évertuent à lui barrer la route. On se souvient en effet que le Quai d’Orsay a été le premier à se déclarer favorable à la tenue du second tour à Madagascar. En ce moment, la France, par le biais de l’O.U.A qu’elle n’a jamais cessé de régenter, continue d’agir contre Ravalomanana et en faveur de l’Amiral Ratsiraka.
     Lors de la proclamation des résultats du décompte contradictoire le 29-04-2002, l’absence de l’ambassadeur de la France a été très remarquée. C’était une manière de faire comprendre que la France, d’ors et déjà au courant de ces résultats n’y était pas favorable. A ce moment-là, Ratsiraka a été en France, après être passé à tripoli. Il y a certainement mis au point avec les Français les actions à mener pour contrecarrer les projets de Ravalomanana puisque luis aussi savait depuis janvier 2002 que Ravalomanana l’avait battu au premier tour. D’où ses déclarations tonitruantes à la presse française avant même le 29-04-2002 qu’il était contre tout arrêt prononcé par la HCC et ce , bien qu’il ait avalisé cette HCC lors de la signature de l’Accord de Dakar. Bien entendu, encore une fois, l’O.U.A a fait chorus au lieu de blâmer Ratsiraka pour sa mauvaise foi.
     Mais pourquoi ce soutien du pouvoir français à Ratsiraka ? Il faut se rappeler qu’à l’époque de la deuxième république de Madagascar, Ratsiraka n’était pas en odeur de sainteté auprès des autorités françaises pour deux raisons :
1) La nationalisation de plusieurs sociétés françaises dès son avènement au pouvoir
2) Son orientation idéologique durant ses 16 années sous les couleurs léninistes-marxistes.

Mais alors, pourquoi ce revirement des deux cotés ?
     De 1992 à 1996, après sa défaite devant le professeur Zafy Albert et lors de la maladie de sa femme, l’amiral s’est exilé volontairement en France. Cette amitié toute nouvelle entre la France et Ratsiraka s’est certainement concoctée au cours de cet exil et plus précisément après l’élection de Chirac puisque c’est ce dernier qui lui a octroyé ce fameux visa de séjour à vie en France.
     Les raisons de cette amitié ? D’une part, la promesse de Chirac de soutenir en toute circonstance Ratsiraka, et d’autre part, la promesse de Ratsiraka de laisser les Français remettre en place le système colonial et les réseaux d’enrichissements de la France à Madagascar.

4- Je vous renvoie aux propos de François Xavier Verschave - auteur de deux ouvrages intitulés La Françafrique et Noir Silence- au cours d’un entretien qu’il a eu avec Enrico Porsia, entretien sur son site web : www.amnistia.net paru dans l’article :De la Françafrique à la Mafiafrique:François-Xavier Verschave ». Paris, lundi 19-02-2001

Voici ce qu’il a dit au cours de cet entretien :
« Or, le système de la colonisation était quand même bel et bien le système d’appropriation des richesses de l’Afrique par les étrangers. Et on a toujours continué, en s’alliant avec un certain nombre de responsables africains : ce sont les amis de la France… Dans la Françafrique, il eu un processus de sélection des chefs d’états : par la guerre … par l’élimination… ou encore par la fraude électorale »
Plus lion encore, il dit :
     Au départ, sous De Gaules, il y avait un seul réseau. C’est le réseau Foccard. Il est centralisé, c’est le « réseau d’Etat ». Ensuite, à partir des années soixante-dix, soixante-quatorze, il y a progressivement plus d’une douzaine de réseaux qui se substituent au réseau unique. Il y a Charles Pasqua qui se dispute avec Foccard, il y a aussi Giscard qui met en place son propre réseau. Mitterrand fait de même. Sans parler des très grandes entreprises qui ont leur propre fonctionnement…
     Qui contrôle l’Afrique contrôle Paris ?…
C’est le raisonnement des principaux leaders politiques français. D’abord parce qu’elle a toujours été la première source de financement des activités politiques, bien plus important que les financements français et, ensuite parce que les méthodes de corruption rodées en Afrique ont été étendues en France en terme de racket de marchés publics, en terme de corruption de fonctionnaires, de la classe politique… » Fin de citation.
     Je vous laisse apprécier. C’est clair désormais, Ratsiraka fait partie « des amis de la France ».

5- Quelles est la position de l’O.U.A dans tout cet imbroglio ?

     Elle sert d’interface entre ceux qui désirent maintenir le système colonial et qui la finance d’un part et les pays d’Afrique qui désirent de toutes leurs forces sauvegarder leur souveraineté d’autre part. C’est la raison du reniement de l’article premier de l’accord de Dakar par l’O.U.A. L’O.U.A, sous l’instigation de la France, aurait souhaité que la HCC de Madagascar proclame des résultats autres que ceux de la vérité, afin de permettre la tenue d’un second tour et partant, afin de permettre à Ratsiraka de conserver le pouvoir. En vérité, Ravalomanana est l’indésirable, l’empêcheur de « tourner en rond » pour certains opérateurs français et le pouvoir en France et le cas des Malgaches qui veulent un président de leur choix et qui échappera au contrôle de l’Elysée et du milieu politico-affairiste français est le modèle qu’il faut absolument mettre à bas car il risque de faire tâche d’huile et de porter préjudice aux actions des réseaux d’enrichissement de la France en afrique. C’est la raison de la déception d’Amara Essy après la proclamation de la victoire de Ravalomanana. Malheureusement pour le SG de l’O.U.A, les instances judiciaires de Madagascar, dont le principe de base est de découvrir la vérité par tous les moyens et de la faire connaître, ne s’embarrassent pas de fioritures diplomatiques. Cette fois-ci, la Justice malgache a tenu à faire savoir au monde entier qu’elle entend défendre son indépendance et qu’elle ne saurait admettre que l’O.U.A ou un autre pays quel qu’il soit puisse influencer ses décisions.

6- DAKAR II

     Mais ceux qui veulent gagner contre Ravalomanana ne baissent pas le bras. Bien au contraire ! Le 09-05-2002, les représentant des grandes puissances – y compris celui de ka France- ceux de nos bailleurs de fonds sont allés voir le président de la République, Marc Ravalomanana pour le contraindre à participer à un Dakar II et négocier avec Ratsiraka. Ravalomanana leur a fait savoir que la première condition de son acceptation est la levée des barrages anti-économiques et qu’il n’est pas question de revenir sur ce qui a été dit et accompli dans l’accord de Dakar I du 18-04-2002. L’instigatrice de Dakar II est bien entendu la France, qui a envoyé une lettre dans laquelle elle « propose » da date du 13 mai 2002 pour la tenue de ce Dakar II. La France semble mener par le bout de son nez et comme de petits toutous, des pays aussi grand que les USA ou encore l’Union européenne lorsqu’il s’agit de la position à adopter vis à vis de ses ex-colonies , oh ! Pardon, de ses « colonies » !!!


7- L’Afrique est loin d’être vraiment indépendante

     Parlons nettement : la lutte que doivent mener les peuples de l’Afrique pour leur indépendance, la vraie, celle qui leur permettra de satisfaire réellement leur profondes aspirations n’est pas terminée, loin s’en faut ! Et pour comble, l’O.U.A , cet organisme dont le rôle principal est la défense énergique des intérêts de l’Afrique n’agit pas dans ce sens. Il y a une semaine, la délégation de l’O.U.A, à la fin de sa mission à Madagascar, a tenu une conférence de presse au Hilton. A la question des journalistes malgaches sur l’article premier de l’accord de Dakar, cette délégation de l’O.U.A n’est pas arrivée à donner des réponses claires sur la position de cette organisation. Elle s’est empêtrée dans de laborieuses explications qui étaient à la fois une reconnaissance et un reniement de cet article. Elle a fini par provoquer la colère des journalistes malgaches car elle s’est contentée de répondre aux questions des journalistes étrangers, éludant manifestement les questions posées par la presse malgache qui l’a acculée au pied du mur. Cette mission de l’O.U.A a eu l’air d’être venue à Madagascar, non pour contrôler le respect de l’accord de Dakar mais plutôt pour renforcer l’amiral Ratsiraka dans sa position, lui qui a renié tous ses engagements en continuant à semer la terreur, à dynamiter des ponts, renforcer les barrages anti-économiques : le mardi 07 ma 2002, les milices de Ratsiraka ont encore dynamité un pont sur la RN2 reliant la capitale à Toamasina. Le jeudi 09 ma 2002, les milices pro-ratsiraka de Majunga se sont attaquées à un quartier habité par des Merina, bilan : beaucoup de blessés, 5 morts. Et c’est à un tel homme que l’O.U.A apporte son appui, un homme qui refuse de se soumettre au verdict des urnes, base de la démocratie, d’une République digne de ce nom. Mais bien sûr, ce qu’il faut dans le continent africain, ce sont les Républiques bananières à la solde des politico-affairistes qui financent certains grands pays ! Il n’est donc pas étonnant que l’O.U.A ne soit jamais parvenue à résoudre les graves problèmes qui secouent l’Afrique et en ce moment, à Madagascar, beaucoup se posent de sérieuses questions sur la raison d’être de cette organisation. Quelque part, quelqu’un s’arrange toujours pour attiser les feux de la discorde dans un but qui est maintenant clair pour tout le monde- et c’est le cas au Congo ex-belge, c’est le cas à Madagascar. Cela me remet en mémoire une expression chère au général de division Joseph Simon Gallieni, résident général de la France à Madagascar, à l’époque où il avait mis en place le gouvernement colonial français. Cette expression, la voici : « Diviser pour régner !» Que se passe-t-il en ce moment à Madagascar ? La France, avec l’aide efficace de l’O.U.A, y est en train de semer la discorde. Devinez pourquoi.
I.RANDRIA