![]() |
Accueil | Arrière |
Esthétique En lien avec la forme, comprendre l'esthétique est quasiment un art poétique. Cela constitue l'un des apprentissages les plus pénibles, mais quand on pige, on n'oublie pas, et on va plus loin. Beaucoup plus loin.
À propos de la forme, je recommande la lecture suivante (approche esthétique bien vulgarisée) : René Lapierre, « L'exigence de la forme », in : Écrire l'Amérique, Montréal, Les Herbes rouges, coll. « Essais », 1995. |
Droit de regard L'on remarque chez les jeunes auteurs un souci quand vient le moment de soumettre un texte à un éditeur, quant au respect de la version soumise et originale, laquelle ne saurait être mise en doute ni amendée en aucune manière. Aussi est-il vrai d'aimer ce qu'on écrit et d'y voir quelque chose dans une forme si parfaite et si travaillée que cette chose ne pourrait se soumettre à l'examen ni passer au bistouri d'un éditeur. Mais l'on a tort. Rien n'est parfait, et c'est faire preuve de maturité (sans accent sur l'a) et d'humilité que d'adopter une posture d'apprenti et d'admettre qu'un éditeur eût une autre vision du texte et impose ses conditions, exigeant par exemple qu'un texte soit revu, selon ce qu'il considère qu'il y eût pour améliorations possibles. C'est aussi faire preuve de sérieux et de discipline que de remettre un texte en question. Je me méfie pour ma part des éditeurs qui acceptent un texte tel quel, comme si le texte n'avait pas été lu ni dialogué. De toute manière, une majorité de textes reçus ne sont jamais publiés. Il y a donc de quoi se réjouir du fait qu'un texte soit retenu, et qu'un éditeur envisage sa publication sous certaines conditions, à commencer par les ajustements discutables qui ne visent d'ordinaire qu'à améliorer le texte. Telle est la leçon d'humilité. Je n'y échappe pas non plus. La majorité de mes textes demeure non-publiée, certains parce que jamais soumis, d'autres parce que refusés. Ceux qui l'ont été ont tous subi des ajustements, et ce pour le mieux, non parce que la version soumise ne convenait pas, mais plutôt parce que la version publiée s'avérait plus fluide. Demeure qu'à l'occasion je relis ce qui a été publié, non sans honte, considérant qu'à présent je ferais mieux encore. L'un de mes anciens professeurs m'a aussi confié qu'il aurait souhaité que ses anciens éditeurs eussent été plus sévères à l'endroit de ses textes, car certains lui semblent à présent maladroits, ce qui n'était pas le cas au moment de leur publication. Il faut se méfier de la dopamine qui nous envahit lorsqu'un flash nous vient. Ce contentement auto-suffisant n'a aucune portée dans le temps ni hors de notre corps, de sorte que celui qui reçoit le texte, lui, est tout à fait sobre. Tout cela me rappelle l'arrogance de certains de mes anciens collègues d'université qui, sous l'effet de psychotropes, avaient soudain des révélations quasi divines qu'eux seuls s'expliquaient, cependant que tout à fait sobre je les écoutais répéter les mêmes sottises en phrases qu'ils ne parvenaient même pas à achever, comme un vieux 78 tours grafigné qu'on eût fait jouer à la mauvaise vitesse sur la mauvaise table tournante. Ce qui est génial est souvent plus le résultat d'un travail acharné qu'une révélation subite, instantanée, toute prête. Ce sont d'ailleurs ces flashs que les jeunes auteurs portent en leur cur ; ces idées et formulations qu'ils défendraient jusqu'à refuser que l'éditeur x publie le texte y à condition que ladite particule géniale z soit revue en formulation w. Ça passe avec le temps. Un jour on se rend compte qu'au fond nous ne sommes pas des Mozart ni des Rimbaud. On comprend que l'inspiration n'est que la cîme de l'arbre, et qu'en-dessous il y a beaucoup de transpiration et de travail visant l'élévation. Il suffit de vivre un refus une fois pour comprendre la frustration rattachée à la non-reconnaissance du génie du jeune auteur prodige par le vieil éditeur inculte et borné. Or, suite au refus, l'auteur se voit confronté à quatre choix : La reconnaissance du non-génie en soi constitue à mon sens un stade crucial de la vie professionelle de l'écrivain véritable. Cela permet d'évoluer de façon progressive vers un accomplissement certain de sa propre personne, en demeurant critique vis-à-vis soi-même. (2007) |
Palmarès de fréquentation Sujets les plus consultés en date du 2 septembre 2007 1 La
réalité du dessin |
Le contenu de ce site est protégé en vertu des lois relatives aux droits d'auteurs. Toute reproduction est assujettie à certaines conditions, à savoir que le contenu doit demeurer inchangé, qu'il ne doit pas être plagié, et qu'en aucun cas il puisse servir à des fins lucratives. Si vous désirez citer une partie du contenu de ce site, il vous faut en fournir la référence complète, y compris l'adresse URL. |
|