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DOSSIER : Les outils informatiques d'aide à la traduction (Avril 1997)

 

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Les logiciels d’aide à la traduction : Oui, mais...

Article de Divina Cabo, membre AAE-ESIT.

Comme leur nom l’indique, ces logiciels sont des outils permettant d’améliorer le processus de traduction, en tant qu’activité économique soumise aux contraintes de productivité, mais ils n’effectuent pas de traduction automatique. Toute traduction réalisée à l’aide de ces outils est effectuée par un traducteur humain.

Le principe de fonctionnement de ces logiciels est la mémoire de traduction. De quoi s’agit-il ? On prend pour base un texte qui a déjà été traduit de façon traditionnelle par un traducteur normalement constitué. Pour que ces logiciels puissent être utilisés, le texte source et le texte cible doivent être disponibles sous forme de fichiers électroniques. Le texte source est découpé en segments, correspondant grosso modo à des phrases. Les segments sont délimités en général par les signes de ponctuation " forts " (point, point virgule, deux-points, point d’exclamation et d’interrogation). Le programme met en correspondance les segments du texte source avec les segments traduits du texte cible. Par exemple, si le texte source est constitué des segments A, B, C, D¼ qui ont été traduits respectivement par les segments 1, 2, 3, 4¼, le programme considérera que : A=1, B=2, C=3, D=4¼ Ces tâches sont effectuées automatiquement et permettent de constituer la base de données qui servira à réaliser les traductions ultérieures.

Lorsque l’on doit traduire un texte similaire au texte de référence (par exemple, mise à jour d’un manuel d’utilisation ou traduction d’un manuel pour un produit semblable), on prétraduit le texte à traduire. C’est-à-dire que le nouveau texte source est segmenté, puis le programme cherche dans la base des segments identiques dans la langue source pour proposer la traduction qui avait été effectuée précédemment. La traduction des segments pour lesquels il existe une correspondance parfaite peut être insérée automatiquement lors de l’opération de prétraduction. Les traductions pour les correspondances approximatives ne pourront être insérées que manuellement lors de la traduction du texte.

Une fois l’opération de prétraduction finie, le traducteur traduit le texte à l’aide du logiciel d’aide à la traduction. Il dispose du texte source, avec correspondances parfaites insérées ou non, et il doit analyser chaque phrase au moyen de commandes. Si le logiciel trouve dans la base un segment identique ou à peu près identique, il proposera au traducteur la traduction correspondante. Les correspondances s’affichent dans une fenêtre différente de celle où se trouve le texte. Lorsque la correspondance est partielle, les différences sont signalées dans le segment source (par exemple, en rouge pour les parties supprimées et en vert pour les parties ajoutées). Le traducteur peut alors insérer (ou pas) la traduction proposée, puis effectuer les modifications nécessaires. Le logiciel reconnaît également les segments nouveaux traduits au cours de la traduction. Par exemple, si une formule se répète tout au long d’un texte, le logiciel propose dès la deuxième occurrence la traduction que le traducteur aura choisie pour la première occurrence.

Ces logiciels permettent également de disposer d’un glossaire en ligne, qu’il est possible d’enrichir au cours de la traduction. On peut charger un glossaire de base contenant la terminologie propre au domaine ou au produit, et ajouter au fur et à mesure les termes nouveaux rencontrés en cours de traduction (terme source et sa correspondance dans la langue cible).

Le principe est relativement simple. Mais quels sont les avantages et les inconvénients de ces logiciels pour le traducteur ?

Tout d’abord, il convient de préciser que les logiciels d’aide à la traduction ne conviennent que pour certains types de texte tels que des manuels techniques, des rapports financiers¼ où des formulations de même type se retrouvent d’un texte à l’autre. Il faut également dire qu’on n’utilise pas une base unique pour tous les textes, même s’il s’agit du même domaine. La base phraséologique doit être spécifique d’un produit, ou éventuellement d’une entreprise, dont les textes ont des caractéristiques homogènes au niveau de la rédaction et du contenu. Très souvent ces logiciels sont utilisés pour traduire des mises à jour de manuels techniques. Ils permettent ainsi de réutiliser un fond de traduction disponible et d’assurer la cohérence entre les différentes versions. Si la mise à jour est négligeable et si le nouveau manuel garde la structure de l’ancien, il sera plus intéressant d’utiliser la fonction de comparaison de fichiers des traitements de texte plutôt que ces logiciels. En revanche, si les ajouts sont nombreux ou si l’organisation du texte a changé (structure des chapitres, informations déplacées dans un autre chapitre, etc.), les logiciels d’aide à la traduction se révèlent utiles.

L’intérêt donc pour le traducteur, aussi bien que pour le donneur d’ouvrage, est de pouvoir réutiliser des traductions antérieures sans avoir à effectuer un travail fastidieux de recherche manuelle. Cela permet de gagner du temps et de garantir la cohérence. En contrepartie, un certain nombre de contraintes peuvent entraver à des degrés divers le travail du traducteur.

La première contrainte est l’utilisation de certaines commandes au cours de la traduction. Chaque phrase à traduire doit être analysée au moyen d’une commande (raccourci clavier ou option de menu). Lorsqu’on apporte des corrections ou modifications à une phrase déjà traduite, il faut là encore utiliser une commande spécifique avant d’effectuer une quelconque modification. Cette contrainte est mineure et il suffit de s’habituer au logiciel, comme pour n’importe quel autre outil informatique. La deuxième contrainte est plus sérieuse car elle peut affecter la qualité de la traduction. Nous avons expliqué plus haut que le texte cible était segmenté et que les correspondances se faisaient entre segments. Si mon texte source est constitué de trois phrases séparées par des points, il faudra normalement que le texte cible soit également constitué de trois phrases séparées par des points. Cette contrainte n’est pas absolue car je peux traduire les trois phrases par une seule phrase, sous certaines conditions.

Texte source : " Select the File menu. Choose the Print option. In the Print dialog box select the appropriate printer; click OK. ". Ce texte sera analysé en quatre segments :

A) Select the File menu.

B) Choose the Print option.

C) In the Print dialog box select the appropriate printer;

D) click OK.

Je pourrais traduire ce texte de la façon suivante : " Dans le menu Fichier, choisissez l’option Imprimer. Dans la boîte de dialogue Imprimer, sélectionnez l’imprimante que vous voulez utiliser, puis cliquez sur OK ".

Les segments cible correspondront au texte source de la façon suivante :

1) Dans le menu Fichier, Þ A

2) choisissez l’option Imprimer. Þ B

3) Dans la boîte de dialogue Imprimer, sélectionnez l’imprimante que vous voulez utiliser, Þ C

4) puis cliquez sur OK. Þ D

Il y a bien correspondance de sens entre segments cible et segments source. En revanche je ne pourrais pas traduire ce texte par " Choisissez l’option Imprimer du menu Fichier. Dans la boîte de dialogue Imprimer, cliquez sur OK après avoir sélectionné l’imprimante que vous voulez utiliser. ", car le logiciel en déduirait les correspondances suivantes :

A) Select the File menu. Þ
1) Choisissez l’option Imprimer

B) Choose the Print option. Þ
2) du menu Fichier

C) In the Print dialog box select the appropriate printer; Þ
3) Dans la boîte de dialogue Imprimer, cliquez sur OK après avoir sélectionné l’imprimante que vous voulez utiliser.

D) click OK. Þ
pas de correspondance

Dans ce cas la correspondance de sens entre segments n’est plus respectée et la base ainsi constituée sera inutilisable.

S’il est possible d’adapter la structure des phrases au sein d’un paragraphe, dans les limites décrites ci-dessus, il est en revanche impossible de bouleverser l’ordre des paragraphes ou de fusionner deux paragraphes différents.

Ces contraintes entraînent des limitations, mais qui, dans la plupart des cas, ne sont pas insurmontables étant donné le type de texte traduit avec ces outils. Il faut également se rappeler que ces logiciels ne sont pas utilisées pour la traduction de phrases isolées, mais pour la traduction d’un texte avec un contexte spécifique et que les bases seront réutilisées pour des textes de même type, ayant la même logique et le même contexte, ainsi que des caractéristiques communes au point de vue stylistique. En effet, on ne peut pas imaginer de les utiliser pour traduire deux textes provenant de deux rédacteurs complètement différents, même si le sens des deux textes est similaire, voire identique. Par exemple, imaginons la phrase de notre exemple précédent rédigée selon d’autres conventions stylistiques : " To choose the appropriate printer, select the Print option in the File menu. The Print dialog box appears. Choose the printer and click OK. "

Cette phrase sera découpée ainsi :

A) To choose the appropriate printer, select the Print option in the File menu.

B) The Print dialog box appears.

C) Choose the printer and click OK.

Le logiciel ne pourra trouver aucune correspondance dans la base constituée avec le texte précédent. En effet il ne reconnaît pas le sens d’une phrase mais le contenu littéral des segments qui la composent.

Les logiciels d’aide à la traduction peuvent également être utilisés pour la réalisation de traductions en collaboration avec d’autres traducteurs. Cependant, ce travail peut être plus ou moins efficace selon le logiciel utilisé. Si le logiciel dispose d’une mémoire réellement dynamique que l’on peut partager en réseau, on pourra travailler avec d’autres traducteurs, tirer profit des traductions proposées par les autres et assurer la cohérence de l’ensemble. Si l’on ne dispose pas de cette fonctionnalité, il faudra veiller à garantir la cohérence par des moyens traditionnels (utiles même dans le premier cas) : conventions stylistiques, glossaire terminologique, travail en collaboration et suivi régulier, relecture par un relecteur commun.

Il ressort de tous ces éléments que les logiciels d’aide à la traduction sont plutôt destinés aux entreprises qu’aux traducteurs " isolés ". Cependant, le traducteur peut être amené à les utiliser pour un client ou un employeur spécifique, ou lors de prestations sur site. Cela implique que les tâches administratives (gestion des bases, opérations de prétraductions, etc.), qui peuvent être assez lourdes et complexes, ne sont pas de son ressort.

Pour finir nous citerons deux logiciels d’aide à la traduction que nous avons été amené à utiliser : TM2 (Translation Manager d’IBM) et Optmizer de la société Eurolang. TM2 s’utilise brut, c’est-à-dire que la forme du texte qui apparaît à l’écran ne correspond pas au texte final, toutes les informations de mise en page étant présentes sous forme de codification. Optimizer s’intègre à des traitements de texte (Word PC et FrameMaker sous Unix). TM2 dispose d’une mémoire dynamique qui s’enrichit automatiquement au cours de la traduction. La mémoire d’Optimizer ne prend en compte que les répétitions intégrales au cours de la traduction. L’avantage de TM2 est sa mémoire dynamique, tandis qu’Optimizer offre à l’utilisateur une interface plus agréable.

Nous dirons en conclusion que les logiciels d’aide à la traduction ne sont pas conçus pour remplacer les traducteurs en chair et en os. Le traducteur ne doit pas ignorer ces outils ni les rejeter, mais savoir s’y adapter lorsque cela est nécessaire. Utilisés à bon escient, ils peuvent l’aider dans certains cas spécifiques.

© Copyright 1998 - Association des Anciens Elèves de l'Ecole Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs de l'Université de Paris - Tous droits réservés.

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