LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
 
 
 

DOMINIQUE

EPISODE 14
Tourments d'un soir



Une ombre se tenait debout dans l’éclat des flammes rendu éblouissant par l’étourdissement qui s’évanouissait lentement. Dominique plissa les paupières pour filtrer la lumière et deviner à qui appartenait la silhouette. En vain. Sa tête retomba en arrière et il soupira.
- C’est toi Krovis ? Rony...
- Tu as peur, Dominique.
- Qui est là ?
- Tu as peur. C’est normal, j’ai tout fait pour me défaire de ce que tu subis en ce moment. Quand le temps sera venu, tu pourras t’en défaire à ton tour...
Le coeur de Dominique se mit à palpiter. Il se redressa nerveusement sans distinguer la forme confuse qui cachait à peine le feu qui l’aveuglait.
- Vous pouvez m’aider ? Qui êtes-vous... ? Dites...
La forme avança. Un pas. Un autre. Puis elle se pencha au-dessus de lui. Le professeur frémit de surprise en apercevant le visage qui lui souriait tendrement.
- Mais je suis toi, voyons...
Un son sec claqua dans le silence et Dominique ouvrit les yeux. Le soleil filtrait entre les volets et plusieurs rayons tombaient sur son visage depuis sûrement plusieurs longues minutes, ce qui avait ébloui son rêve. Un rêve... ? Il avait du mal à s’en convaincre...
Le premier constat qu’il fit, ce fut l’absence de son ami d’enfance. Rony était parti.
Dominique s’assit dans le lit et un feuillet de soie glissa sur le côté. Son maillot de corps était brûlé. Dominique frotta sa peau pour sentir la moindre plaie. Il n’avait rien. Sans chercher à s’attarder dans la chambre, il attrapa sa veste et l’enfila d’un geste en se dirigeant vers la sortie. Dehors, le soleil luisait, bas dans le ciel et le murmure de la ville lointaine lui parvenait par vagues, porté par le vent. Combien de temps avait-il dormi ? Et où se trouvait-il ?

Il marcha longtemps, sans rencontrer personne. Il longeait de somptueuses propriétés dont il ignorait jusqu’à l’existence. Etait-ce la banlieue nord ? Un camion de livraison approcha doucement, le frôla et s’arrêta un peu plus loin. L’homme arborait une épaisse moustache et lui sourit, plissant ses yeux de gentillesse.
- Vous allez où monsieur ? Je peux vous déposer en ville.
- Tomoeda.
- Ah ben ! J’y passe, mon bon monsieur, on peut dire que c’est votre jour de chance !
Dominique allait s’assombrir de cette phrase malheureuse mais il en sourit. Ses idées étaient étrangement plus claires. Tout lui sembla limpide et pourtant impénétrable...
- Je m’appelle Maxime Krovis. Appelez-moi Max ! Vous allez où à Tomoeda?
Dominique ne tiqua pas. Il songeait à cette profondeur qui l’entourait désormais. Comme si son regard pouvait enfin se promenait sur l’infini du paysage. Ses sensations... Ses pensées... tout son être respirait comme un air nouveau. Nerveusement, il orienta ses yeux sur tout ce qu’ils dépassaient, sur les gens, sur les choses...
- Attendez, l’arrêta Dominique, au comble de la surprise. C’est fou... Vous pouvez faire une halte, là ?
L’homme sourit, en communion avec l’air ahuri de l’inconnu qu’il venait de prendre en stop. Dominique bondit hors du véhicule et s’approcha du fossé qu’ils longeaient, surplombant modérément Tokyo. Dominique se mit à rire. Il riait de tout son cœur.
- Je ne sens plus rien !!!! Je ne sens rien du tout, se retourna-t-il avant de tomber, les genoux au sol. Je ne sens plus rien...
Il chercha sur lui le morceau de papier qu’il avait trouvé au réveil, le déplia et relut l’inscription énigmatique : « Dors en ce jour jusqu’à ta rencontre ». Etait-il possible que Rony ait fait ça pour lui ? En avait-il le pouvoir, possédait-il les connaissances suffisantes pour piéger ce don qui se réveillait... ?
- Il faut qu’on y aille, monsieur, lui lança Max.
- Vous connaissez le temple Tsukimine, à l’est de Tomoeda ?
- Bien sûr. Mais je ne pourrai pas y passer en camion, je vous laisserai avant...
- Parfait.

Il courait à perdre haleine. Retrouvant son enfance dans ce sentiment de plénitude. Retrouvant un peu de sa candeur adolescente...
- Frédéric, appela-t-il en se rapprochant. J’ai...
Le prêtre tourna la tête vers l’homme qui arrivait.
Une bulle gigantesque vibra sous l’impact et Dominique fut projeté en arrière, roulant sur plusieurs mètres. Le coude en sang et le nez douloureux, il releva la tête. Frédéric approchait.
- Que s’est-il... passé ? demanda Dominique.
- Tu... se releva-t-il, le bras de Dominique accroché au sien. Tu viens d’être repoussé... par...
- Ce fut si violent...
- C’est l’arbre... Je n’en crois pas mes yeux. L’arbre t’a puissamment repoussé.
Ses yeux s’étaient colorés d’un soupçon de doute. Il dévisagea Dominique un court instant et fit un pas en arrière.
- Qu’as-tu fait ?
- J’ai... quoi ?!
- Je ne ressens plus rien chez toi.
- C’est ce que je venais vous dire, expliqua le professeur en perdant peu à peu la joie qui l’avait envahi jusqu’ici. Je me suis réveillé ainsi. Vide.
- Mais c’est un sort... démoniaque qui t’entoure, Dominique. Il y a une aura sombre autour de toi... invisible, presque, mais je la sens parfaitement.
- Que dites-vous ?
Le prêtre passa une main entre les revers de la veste de Dominique et les écarta d’un seul geste, dévoilant la brûlure de son maillot de corps sous sa chemise entrouverte.
- Qu’as-tu fait, Dominique... ? Tu as usé d’un sort pour te débarrasser de ce don ?
- Mais pas... pas du tout !
- Je te crois. Ce n’est pas ton genre... Quelqu’un t’a ensorcelé, alors.
- Mais j’ai perdu mon don et toutes ses sensations désagréables ! C’est une bonne chose !!
- Si cela te suffit... soupira Frédéric. Mais tu peux dire adieu à ce lieu qui t’apaisait... L’arbre exerce une aura bienfaisante qui repoussera toujours ce qui t’a envoûté. Tu ne reviendras donc jamais au sanctuaire, Dominique...
Ses yeux s’arrondirent. Rony... Ses intentions lui paraissaient d’un coup moins bénéfiques. Mais qu’y gagnerait-il à le tenir éloigner du temple ?
- Eh bien... commença Dominique. Si cela peut m’aider à...
- Tu n’es même pas sûr que ce sort n’est pas à double tranchant... Tu n’en sais rien, s’emporta le prêtre Tsukimne, et tu lui fais confiance ?!!
- Vous... savez ?
- Evidemment, Dominique, s’éloigna Frédéric. Evidemment. Mais puisque tu as choisi...

- Une semaine presque entière ! Tu faisais l’école buissonnière... ?
Dominique fixait son reflet dans le miroir alors qu’il s’habillait. Charles, une épaule contre le montant de la porte patientait.
- Tu as dû t’inquiéter... excuse-moi.
- Puisque tu es rentré, ce n’est rien. Je suppose que tu ne veux toujours pas me dire ce qui t’est passé par la tête.
- Je ne préfère pas. Tu le prendrais trop... à coeur, lui souffla Dominique.
- Bien. L’important, après tout, lança son collègue et ami en s’éloignant, c’est que tu sois ici, avec nous... et entier !
Dominique termina de nouer sa cravate et posa les yeux sur lui-même. D’un geste sec, il l’ôta et la jeta sur son lit en ouvrant son col.
« Entier »

La nuit enveloppa la ville qui s’illumina de toute part. Dominique avait marché toute la soirée. Le lendemain serait le début d’une nouvelle semaine et il devrait présenter ses excuses au directeur pour cette absence plus qu’inattendue. Mais plus que ça, il sentait le vide en lui et la douleur lancinante de ne pouvoir se retrouver près de l’arbre qui l’avait tant de fois rassuré, guidé, abrité et reposé. Ne plus jamais le caresser, ressentir le ballet majestueux des ondes douces et délicates... Ne plus aller voir Frédéric, Catherine et la petite Katya...
Et ce baiser...

Ses pas l’avait mené vers le parc de l’empereur pingouin et dans le lointain il aperçut une silhouette connue, debout à l’entrée du parc pour enfant. Il approcha doucement, s’attendant à sentir les émotions de son amie d’enfance. Mais rien ne le traversa et elle sursauta à son arrivée.
La panique crispa son visage et elle se mit à trembler en le poussant hors du chemin.
- On repart, on repart...
- Pourquoi ? Pourquoi, ça... tu aimes ce parc autant que m...
Il venait de poser les yeux sur les manèges et deux silhouettes s’en détachèrent, perdues dans le tourment de leur baiser, inondés par la lumière jaunâtre d’une boule-lampadaire. Nathalie posa les mains sur les joues du garçon et recula le visage en tournant la tête vers Dominique.
Il tourna les talons. L’avait-elle vue ?
Naomi le dévisagea longuement et prit sa main :
- Allons-nous en, murmura-t-elle.
Pris dans la spirale de ses pensées subites, il se laissa conduire loin du parc.


A SUIVRE...


Lire l'EPISODE 14 vu par Nathalie

Lire l'EPISODE 15 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
 
 


Sur ce fanfic, tu peux aussi voir les personnages et le géné-book.
 


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