LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
 
 
 

DOMINIQUE

EPISODE 5
Au son des cloches



Ils longèrent tout d’abord l’avenue principale qui bordait le lycée Seijo. Ils marchaient depuis peu et Dominique laissa volontiers errer des silences dans leur discussion sommaire et empreinte de respect. Il le devait aux parents de cette jeune femme qui l’émerveillait pourtant. A chacun de ses mots, il respirait l’innocence de son cœur et cela le remplissait de joie. Comme si d’un sourire, d’un mouvement de tête, d’un geste enfantin, d’un doigt tendu vers cet oiseau gazouillant, d’un regard porté à cet autre petit animal dissimulé sous un buisson, d’un pas chassé de jeune fille dans l’air délicat de la journée, elle le transportait ailleurs. Sans aucun doute possible, il était bien.
Il se sentait bien.
- Là, il y a un stand !
- Allons-y, j’ai l’impression que nous sommes les premiers, sourit-il en lançant une main vers le coin d’ombre où avait été monté la tente.
Une grande femme au teint pâle les accueillit solennellement et leur montra sans souffler un mot, les trois cartes en carton qui se trouvaient devant elle :
- C’est le jeu du silence, remarqua Dominique.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Nathalie, visiblement captivée.
Le défi semblait la divertir et, plus encore, piquer son intérêt au vif.
- Tu dois deviner la réponse sans connaître la question. C’est cela, non ? demanda-t-il à la femme qui avait fermé les yeux. Elle ne nous répondra même pas.
Pour seule indication, elle leur tendit la paume de sa main.
- Eh bien ! souffla Nathalie. C’est à vous, se retourna-t-elle, l’oeil malicieux. J’ai eu le premier et nous devrons résoudre une nouvelle énigme chacun à notre tour.
- Je suis d’accord, affirma-t-il simplement en retournant les images une à une. Un papillon... un nuage... et un carton noir.
Il vit Nathalie réfléchir assidûment et il inspira profondément en se penchant vers elle :
- Si la femme en face de nous ne peut voir notre proposition, si elle ne peut l’entendre, alors elle peut le toucher.
- Je ne comprends toujours pas.
- Lequel des trois a-t-on le temps d’attraper ?
Nathalie n’eut pas plus longtemps à chercher, cette fois : elle sortit de sa poche le précédent trophée et le déposa dans la main tendue de leur juge d’étape en attendant impatiemment sa réaction. Celle-ci leva son autre main restée ancrée sur sa hanche et déposa un second badge près du précédent.
- Et voilà, souffla Dominique.
- Génial ! Vous êtes fort...
- En route vers la suite...

- La Lune apparaît dans la nuit ! clama Nathalie.
Dominique acquiesça et l’homme leur tendit le badge orné d’un papillon doré.
- Et un autre !

- Avec le gant, proposa Dominique à la jeune femme aux yeux clairs.
- Ouais, c’est ça !!! bondit Nathalie quand on chassa leur doute d’un signe de menton.

L’après-midi se poursuivit sur le même schéma. Beaucoup de promenade, un peu de réflexion, de grandes surprises et le succès partout. Nathalie contempla sa poche en s’extasiant une nouvelle fois sur le nombre important de leur badges. Dominique ne put échapper au regard lumineux qu’elle posa sur lui en signe de reconnaissance. Puis, la lueur se fana d’un coup. Comme un pétale tombe, son regard se posa au sol et son sourire s’effaça.
- Que se passe-t-il, Nathalie ?
- Je me disais que nous formions une bonne équipe... tous les deux.
- Je le pense aussi. Mais par-dessus tout je passe une très bonne journée, affirma-t-il.
Il passa une main sous son menton et elle releva la tête :
- Tu ne devais pas concourir avec moi, n’est-ce pas ?
Elle secoua simplement la tête, visiblement touchée par cette vérité.
- Pourquoi avoir accepté alors ?
- C’est mon père qui n’a pas pu m’accompagner.
- Et tu te demandais comment aurait été cette journée avec lui... plutôt qu’avec moi ?
La surprise éclaircit son visage et elle leva une main vers lui en s’éloignant un peu :
- Mais je passe une bonne journée, ce n’est pas à ça que je pensais... Je ne voudrais pas que vous vous mépreniez...
- Non, non, je comprends tout à fait.
Elle acquiesça en silence.
- Je ne pense pas qu’on aurait attrapé autant de papillons, ajouta-t-elle. Son téléphone aurait peut-être sonné deux ou trois fois. Mais je voulais partager un moment comme ça avec lui.
Il fronça les sourcils et ses idées s’embrouillèrent... Ce drôle de pressentiment...
- Pourquoi dis-tu ça ? demanda-t-il. Tu auras tout le loisir de te promener une prochaine fois avec lui, non ?
- Si... Je pense...
- Alors, ne sois pas si triste, s’approcha-t-il pour croiser son regard. Pense à sa propre douleur de ne pas être avec sa fille par un si beau temps. Et quand tu lui raconteras tout ce que tu as fait, il sera heureux de savoir que tu n’as pas passé une mauvaise journée à cause de son travail... Il en sera heureux.
- Sûrement, oui.
- Je te le garantis.
Le clocher de l’école primaire de Tomoeda résonna à leur oreille perçant le silence de la rue déserte et Dominique releva le nez, soucieux.
- Déjà dix-sept heures ? soupira Nathalie. Le temps passe vite quand on se promène, vous ne trouvez pas, profes...
Il sentit son regard posé sur lui mais ne broncha pas. Vraiment, quelque chose se préparait. Une intuition très forte l’étreignait...

Le vent souffla dans les branches de l’arbre sacré, au sanctuaire Tsukimine, et Frédéric ferma les yeux. Les battements d’un cœur résonnait lourdement avec les ondes de l’arbre et celui-ci s’entoura d’un halo de lumière.
La petite Katya posa une main sur l’écorce qui luisait faiblement et Frédéric sourit :
- Tu vois, Katya. Ca commence. La machine du destin fait grincer ses rouages. Ils vont se rencontrer.
L’enfant lui lança un regard attentif mais ne lâcha pas le tronc.

- Dominique ! les surprit-on par derrière.
Nathalie se retourna et Dominique la cacha dans son dos.
- Comme on se retrouve...
Le sang du jeune professeur ne fit qu’un tour. Une bande de loubards, tous de noir vêtus, les avait encerclés et derrière eux, d’autres jeunes en uniforme leur barra la route. Nathalie s’accrocha à la manche de Dominique et il chercha dans la vingtaine de jeunes celui qui lui avait parlé. L’homme s’avança entre eux et lui sourit effrontément.
- Quelle charmante compagnie ! lança-t-il. Tu ne me reconnais pas, j’ai l’impression, lui envoya-t-il, moqueur.
- Si, Ronaldo Krovis, je me souviens. Tu n’as pas quitté la ville. Et tu n’as pas changé.
- Qui c’est, professeur Gauthier... ? murmura Nathalie.
- Une vieille connaissance, répondit Krovis de loin. Dis-lui, mon grand.
- Laisse-la donc partir, c’est avec moi que tu veux discuter, non ?
L’homme s’avança encore et Dominique chercha autour d’eux une solution.
- Discuter, tu dis... répéta-t-il avant d’éclater de rire.
Les jeunes voyous s’enflammèrent d’un coup et leur hurlèrent des injures. Dominique lança un regard sévère à Nathalie pour lui montrer qu’elle n’avait rien à craindre, mais elle tremblait contre lui et il inspira profondément en apercevant la grille d’un portail entrouvert.
Elle suivit son regard et aperçut la solution.
- Tu vas courir par là-bas, quand je te pousserai.
- Mais vous...
Il secoua la tête et Krovis l’attrapa par le col. Dominique tourna la tête vers lui et leur regard se heurtèrent. Nathalie avait du mal à lâcher sa veste et Dominique hésita à se lancer. Alors que la horde se calmait d’un geste de celui qui les menait, Dominique lança un poing en avant et frappa l’homme à l’épaule.
De son autre main, il poussa la jeune fille, qui se retrouva à un mètre de lui, seule.
Krovis le dévisagea avidement et n’aperçut pas la fuite de la lycéenne. Deux de ses voyous lui barrèrent pourtant la route et Dominique évita un crochet de leur chef en se glissant instinctivement derrière lui pour lui maintenir une main, haute dans le dos. Krovis en demeura silencieux et Dominique se tourna vers les deux jeunes :
- Si vous la touchez, je lui brise le bras !
Ils levèrent les yeux sur lui et plus particulièrement sur leur chef, piégé entre les mains de Dominique.
Nathalie en profita pour courir vers la grille et s’échapper dans le parc. Quand elle fut hors d’atteinte, Dominique relâcha son étreinte douloureuse et le chef de bande fit volte face pour le frapper au ventre. Dominique l’évita d’un simple pas en arrière et leva une main ouverte vers lui :
- Attends... l’arrêta-t-il en sentant les autres se rapprocher. Pourquoi tu ne t’es pas rangé, Ronaldo ?!! Pourquoi tu les entraînes, eux ?! cria-t-il en désignant les jeunes fous qui suivaient la scène avec attention. Tu n’as pas le droit de choisir pour eux.
- C’est eux qui m’ont choisi... lui lança-t-il, la rage au ventre. Mêle-toi de tes affaires... Tu ne pourras jamais me comprendre.
- C’était toi le feu à Seijo.
- On se retire... ordonna-t-il d’un geste.
- Rony, attends...
L’homme ne se retourna pas mais s’arrêta avant de bondir sur un mur.
- Tu sens comme moi ce qui arrive... Et tu sais que...
- Tais-toi ! LUI a décidé pour nous deux. C’est LUI qui l’a décidé ainsi. Alors ne me fais pas la morale.
Il sauta le muret et disparut derrière le mur de végétation. Dominique soupira en s’adossant à la paroi la plus proche...
- Tu lui en veux donc toujours, murmura-t-il en secouant la tête... mon ami.


A SUIVRE...


Lire l'EPISODE 5 vu par Nathalie

Lire l'EPISODE 6 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
 
 


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