LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
NATHALIE
EPISODE 5
Au son des cloches
Ils longèrent tout d’abord l’avenue principale qui bordait le lycée Seijo. Ils marchaient depuis peu et Nathalie se sentait extraordinairement légère. Sa discussion avec le prêtre tsukimine l’avait comme... libérée d’un poids énorme. Elle n’aurait jamais pu parler de ses choses à qui que ce soit d’autre. Elle pouvait s’investir toute entière dans cette journée, grâce à lui. Elle appréciait la discussion qu’elle entretenait avec le professeur Gauthier, bien que celle-ci soit assez sommaire. Elle devinait dans ses paroles un homme cultivé et d’une intelligence rare mais aussi quelqu’un d’assez solitaire et elle était heureuse qu’il semble apprécier sa compagnie. Elle profitait donc pleinement de la promenade, laissant le doux soleil automnal la revigorer et s’émerveillant de tout ce qui jalonnait leur chemin : de ce petit oiseau aux plumes bigarrées à cet autre petit animal dissimulé sous un buisson, tout lui semblait renaître sous un jour nouveau. Elle avait l’impression d’avoir été
transportée ailleurs. Sans aucun doute possible, elle était bien.
Elle se sentait bien.
- Là, il y a un stand ! s’écria-t-elle, ravie.
- Allons-y, j’ai l’impression que nous sommes les premiers, sourit le professeur en lançant une main vers le coin d’ombre où avait été montée la tente.
Une grande femme au teint pâle les accueillit solennellement et leur montra sans souffler un mot, les trois cartes en carton qui se trouvaient devant elle :
- C’est le jeu du silence, remarqua monsieur Gauthier.
Nathalie regarda les pièces qui étaient disposées sur la table, et, bien qu’elle n’en comprit pas le but, cela la captivait. Elle adorait depuis toujours les énigmes.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle, se tournant vers le professeur.
Le défi piquait tellement son intérêt au vif, il fallait qu’elle en comprenne le sens.
- Tu dois deviner la réponse sans connaître la question. C’est cela, non ? demanda-t-il à la femme qui avait fermé les yeux. Elle ne nous répondra même pas.
Pour seule indication, elle leur tendit la paume de sa main.
- Eh bien ! souffla Nathalie. C’est à vous, se retourna-t-elle, l’oeil malicieux. J’ai eu le premier et nous devrons résoudre une nouvelle énigme chacun à notre tour.
- Je suis d’accord, affirma-t-il simplement en retournant les images une à une. Un papillon... un nuage... et un carton noir.
Nathalie se mit à réfléchir assidûment. Ça ne devait pas être bien compliqué... Elle vit le professeur sourire et se pencher vers elle :
- Si la femme en face de nous ne peut voir notre proposition, si elle ne peut l’entendre, alors elle peut le toucher.
- Je ne comprends toujours pas, avoua-t-elle, déçue.
- Lequel des trois a-t-on le temps d’attraper ?
Nathalie n’eut pas plus longtemps à chercher, cette fois : elle sortit de sa poche le précédent trophée et le déposa dans la main tendue de leur juge d’étape en attendant impatiemment sa réaction. Celle-ci leva son autre main restée ancrée sur sa hanche et déposa un second badge près du précédent.
- Et voilà, la félicita l’enseignant.
- Génial ! Vous êtes fort...
- En route vers la suite...
- La Lune apparaît dans la nuit ! clama Nathalie, sûre de sa réponse.
Elle vit le professeur acquiescer et l’homme leur tendit le badge orné d’un papillon doré.
- Et un autre !
- Avec le gant, proposa le professeur à la jeune femme aux yeux clairs.
- Ouais, c’est ça !!! bondit Nathalie quand on chassa leur doute d’un signe de menton.
L’après-midi se poursuivit sur le même schéma. Beaucoup de promenade, un peu de réflexion, de grandes surprises et le succès partout. Nathalie contempla sa poche en s’extasiant une nouvelle fois sur le nombre important de leurs badges. C’était vraiment une journée magnifique ! Frédéric avait raison : il ne fallait jamais se laisser abattre, quelles que soient les difficultés que l’on rencontrait ! Elle se tourna vers son partenaire et lui adressa un regard lumineux. Elle lui était tellement reconnaissante ! Et il était pour beaucoup dans la réussite de cette journée... «On forme vraiment une bonne équipe », se dit-elle. A cette réflexion, le visage de son père s’imposa avec force dans son esprit. L’image éveilla en elle une étrange angoisse, mais elle ne parvenait pas à l’expliquer. Elle baissa le regard pour ne rien montrer au professeur. Elle n’avait pas le droit de gâcher sa journée en lui parlant de ses problèmes.
- Que se passe-t-il, Nathalie ?, lui demanda-t-il alors.
Nathalie tenta de sourire.
- Je me disais que nous formions une bonne équipe... tous les deux.
- Je le pense aussi. Mais par-dessus tout je passe une très bonne journée, affirma-t-il.
Il passa une main sous son menton et elle releva la tête :
- Tu ne devais pas concourir avec moi, n’est-ce pas ?
La jeune fille secoua simplement la tête, touchée qu’il ait deviné aussi facilement l’objet de sa tristesse. Elle était émue par l’attention qu’il lui portait, alors qu’il n’était que son professeur.
- Pourquoi avoir accepté alors ?, continua-t-il.
- C’est mon père qui n’a pas pu m’accompagner.
- Et tu te demandais comment aurait été cette journée avec lui... plutôt qu’avec moi ?
La surprise éclaircit le visage de Nathalie et elle leva une main vers lui en s’éloignant un peu :
- Mais je passe une bonne journée, ce n’est pas à ça que je pensais... Je ne voudrais pas que vous vous mépreniez...
- Non, non, je comprends tout à fait.
Elle acquiesça en silence.
- Je ne pense pas qu’on aurait attrapé autant de papillons, ajouta-t-elle, un début de sourire revenant orner ses lèvres. Son téléphone aurait peut-être sonné deux ou trois fois. Mais je voulais partager un moment comme ça avec lui.
Ils se voyaient tellement peu tous les deux... Et puis, son séjour à l’étranger l’avait privé de présence paternelle pendant six mois... Malgré ses 15 ans, elle avait parfois besoin de sa présence...
La question du professeur Gauthier interrompit le flot de ses pensées :
- Pourquoi dis-tu ça ? demanda-t-il. Tu auras tout le loisir de te promener une prochaine fois avec lui, non ?
- Si... Je pense...
- Alors, ne sois pas si triste, s’approcha-t-il. Il croisa son regard et Nathalie sentit une intense chaleur l’envahir. Pense à sa propre douleur de ne pas être avec sa fille par un si beau temps. Et quand tu lui raconteras tout ce que tu as fait, il sera heureux de savoir que tu n’as pas passé une mauvaise journée à cause de son travail... Il en sera heureux.
- Sûrement, oui. Elle se sentait reprendre confiance.
- Je te le garantis.
Le clocher de l’école primaire de Tomoeda résonna à leur oreille perçant le silence de la rue déserte et la jeune fille sentit le professeur se tendre imperceptiblement, sans raison apparente. Elle fut surprise par le nombre de coups égrenés :
- Déjà dix-sept heures ? Elle soupira. Le temps passe vite quand on se promène, vous ne trouvez pas, profes...
Elle s’interrompit, surprise par l’air inquiet de son coéquipier. Il avait le regard fixe, tendu vers quelque chose d’invisible et cela était loin de la rassurer.
- Dominique ! les surprit-on par derrière.
Nathalie se retourna à cet appel, surprise, mais le professeur la cacha dans son dos.
- Comme on se retrouve...
Se rendant compte de la situation dans laquelle elle se trouvait, la jeune fille manqua de défaillir. Une bande de loubards, tous de noir vêtus, les avait encerclés et derrière eux, d’autres jeunes en uniforme leur barrèrent la route. Nathalie tint bon malgré son immense frayeur et elle s’accrocha à la manche du professeur Gauthier. Soudain, elle vit un homme se détacher du groupe. Il souriait effrontément.
- Quelle charmante compagnie ! lança-t-il. Tu ne me reconnais pas, j’ai l’impression, interpella-t-il le professeur, moqueur.
- Si, Ronaldo Krovis, je me souviens, lui répondit celui-ci. Tu n’as pas quitté la ville. Et tu n’as pas changé.
- Qui c’est, professeur Gauthier... ? murmura Nathalie, tentant de maîtriser sa voix.
- Une vieille connaissance, répondit l’homme de loin. Dis-lui, mon grand.
- Laisse-la donc partir, c’est avec moi que tu veux discuter, non ?
L’homme s’avança encore et Nathalie se recroquevilla un peu plus, s’accrochant à son partenaire comme à une bouée de sauvetage. Elle n’avait qu’une envie : s’enfuir. Malheureusement, ça semblait impossible.
- Discuter, tu dis... répéta-t-il avant d’éclater de rire.
Les jeunes voyous s’enflammèrent d’un coup et leur hurlèrent des injures. Nathalie vit le professeur lui lancer un regard sévère pour la rassurer, mais elle ne parvenait pas à calmer les tremblements involontaires de son corps. Elle suivit néanmoins son regard et aperçut un portail entrouvert.
- Tu vas courir par là-bas, quand je te pousserai, lui ordonna-t-il.
Nathalie sentit son coeur bondir dans sa poitrine. Elle ne pouvait pas le laisser seul ! Ils étaient au moins une vingtaine, il ne s’en sortirait jamais tout seul ! Elle tenta de protester :
- Mais vous...
Il secoua la tête et la jeune fille comprit qu’il n’y avait pas à discuter. Elle vit l’homme attraper son protecteur par le col. Nathalie avait du mal à lâcher la veste du professeur et des tremblements la secouaient toujours. Elle tenta de se raisonner : elle n’avait pas le droit d’échouer ! Elle se reprit et les secousses qui l’agitaient stoppèrent. Elle se concentra, attendant le signal du professeur. Alors que la horde se calmait d’un geste de celui qui les menait, elle vit le jeune enseignant jeter son poing en avant et frapper celui-ci à l’épaule.
Il la poussa de son autre main et Nathalie se retrouva projetée à un mètre de lui, seule.
Elle ne prit même pas le temps de réfléchir. Elle se retourna et fixa le portail entrouvert à quelques mètres d’elle. Ses jambes la portaient sans qu’elle s’en rende compte. Elle commença à courir... et se heurta à deux voyous de stature impressionnante, qui la dévisageaient, un rictus mauvais sur leur visage. Nathalie sentit la panique la submerger et n’osa plus faire un mouvement. La situation semblait sans issue.
Un des loubards se pencha vers elle, l’attrapa par le menton et força la jeune fille à le regarder. Ses yeux brillaient de convoitise. Il s’apprêtait à lui dire quelque chose quand la voix du professeur Gauthier, s’éleva, ferme et claire :
- Si vous la touchez, je lui brise le bras !
Les deux junkies levèrent les yeux sur lui et Nathalie les vit perdre leur belle assurance. Elle n’osa pas se retourner pour voir ce qui se passait et elle profita de cette diversion pour courir vers la grille et s’échapper dans le parc.
Elle ne s’arrêta pas de courir avant quelques minutes, s’assurant souvent qu’elle n’était pas suivie. Elle était sortie du parc et obliquait maintenant vers les rues marchandes, où elle savait qu’elle trouverait une cabine téléphonique. Elle s’engouffra dans la première qu’elle aperçut et se laissa quelques instants pour reprendre son souffle. Sans trop réfléchir, elle composa le numéro de portable de son père.
Après quelques sonneries, celui-ci répondit.
- Allô papa ? C’est Nathalie...
Elle lui expliqua brièvement la situation et il lui répondit qu’il était sur la route et qu’il arrivait immédiatement. Quand la jeune fille raccrocha, elle était soulagée. Elle appela ensuite la police, lui indiquant le lieu et les circonstances de la bagarre. On lui répondit qu’on s’en occupait. Nathalie était quand même très inquiète pour le professeur Gauthier. Le temps que la police arrive...
Le freinage brusque d’une voiture la fit sursauter. Philippe bondit de l’habitacle et courut la serrer dans ses bras.
- ça va ma chérie ? Tu n’as rien ?, lui demanda-t-il en la pressant contre lui.
- Je vais bien, papa, ne t’inquiète pas. Elle lui sourit.
Philippe contempla longuement sa fille puis leva les yeux vers le ciel, où de menaçants nuages noirs s’amoncelaient.
- Nous ferions mieux de nous dépêcher, remarqua-t-il.
Frédéric tenait sa petite Katya par la main. Tous deux avaient le nez levé vers le ciel. Ils contemplaient l’orage qui se préparait.
- Il y a de l’électricité dans l’air aujourd’hui, constata-t-il. Il n’y a pas de doute, c’est un jour très particulier...
L’enfant se blottit contre lui :
- Papa, j’ai peur... murmura-t-elle.
Le jeune prêtre tsukimine passa la main dans les cheveux de sa fille, mais il savait pertinemment que ça ne suffirait pas à la rassurer. Tant de choses se préparaient...
A SUIVRE...
Lire l'EPISODE 5 vu par Dominique
Lire l'EPISODE 6 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
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