LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
DOMINIQUE
EPISODE 6
Portés par le vent
Dominique se blottit contre la devanture d’un magasin et leva les yeux au ciel en resserrant son col. La pluie battait inlassablement le bitume, léchant le sol en longues vagues portées par le vent. Des éclairs zébraient régulièrement le ciel couleur d’encre. Il serra son vélo contre lui et sourit à quelques passants qui couraient sous leur parapluie, sans le regarder. Il secoua la tête et fronça les sourcils en soupirant bruyamment.
- Quel temps !
- Je ne vous le fais pas dire, avança une voix dans son dos.
La porte du magasin s’était ouverte et il salua d’un hochement de tête le commençant en tablier.
- Je profite de votre entrée, s’excusa-t-il.
L’homme lui adressa un signe de la main en secouant la tête :
- Non, non, mon bon monsieur. Faites donc. On ne voit plus à deux mètres, personne ne viendra tant que le temps ne sera pas amélioré. Vous voulez entrer ?
- Je suis assez pressé en fait.
- Je vois, fit l’homme en retournant dans sa boutique.
Dominique ne sut quoi dire. Le commerçant approcha et lui tendit un parapluie :
- Vous avez une bonne tête. Ramenez-le-moi demain.
- Je vous remercie. Je l’accepte volontiers. Je passe par ici demain matin.
- Je serais ouvert !
Dominique abandonna son vélo dans la ruelle que bordait la boutique et ouvrit d’un coup le parapluie qui prit aussitôt l’eau battante.
- Rentrez bien ! lui lança l’homme en refermant la porte.
Dominique posa l’objet ruisselant dans l’entrée et ôta sa veste. Eglantine le frôla en descendant les escaliers et déposa une bise sur sa joue. Maggie le rejoignit devant la porte et attrapa sa veste pour la mettre à sécher sur la terrasse abritée. Charles ouvrit la porte de la salle à manger et lui glissa ses chaussons :
- Je te les avais empruntés.
Le jeune homme assis en tailleur à la table du salon suivit des yeux les deux femmes de la pension et dévisagea son ami :
- Tu es servi comme un prince !
Mais le regard de Dominique le freina dans son élan de bonne humeur. Charles se leva et approcha.
- Dominique, ça ne va pas...
Non, ça n’allait pas. Mais malgré toute sa bonne volonté, il ne se l’expliquait pas. Et la question du jeune professeur resta sans réponse. Son cœur battait, un goût amer avait envahie sa bouche, sa gorge et un feu étrange lui brûlait les poumons. Tout son être semblait atteint par un mal-être inexplicable.
- Je n’aime pas te voir comme, ça Dominique. Ca n’est jamais un bon signe... Je me rappelle encore le...
Dominique leva une main vers lui pour le supplier de ne pas en dire plus.
- Je monte dans ma chambre. Peut-être le sommeil sera-t-il réparateur.
Il posa la main sur l’épaule de Charles et lui offrit un sourire large et sincère :
- Ne t’inquiète pas...
- Et... et la chasse aux papillons?
Dominique sourit en repensant à cette course qui l’avait amené à croiser le chemin de...
- Krovis, souffla-t-il. C’est Ronaldo Krovis pour le feu au lycée... Il est revenu lui aussi.
- Il l’avait dit, conclut Charles en voyant son ami monter les marches, morose. Il l’avait dit.
- Un problème ? s’arrêta Eglantine près de lui.
Le regard compatissant de Charles parla plus que tous les mots qu’il aurait pu prononcer. Elle passa une main sur sa joue et s’interposa entre ses yeux et l’escalier où avait disparu Dominique.
- Tu lui as dit ?
- Pardon ? revint-il alors à la réalité...
- Ce trouble dans ton regard que je cherche à faire naître depuis qu’on se connaît, idiot. Tu lui en as parlé ?
- Pour quoi faire ? soupira-t-il. Dominique sent les choses et les gens. Il sait.
- Souvent les gens ne voient pas ce qui est juste devant leur nez, tu sais ?
- Peut-être...
- Crois-moi, souffla-t-elle en le dévisageant fixement. Crois-moi, Charles. Juste... devant leur nez.
A l’aube, Dominique, assis à sa fenêtre, attrapa d’une main le cartable qui patientait sur la chaise de son bureau et sortit alors que Charles frappait. Dominique sourit en le croisant sur le palier de leur chambre. Il descendit les escaliers et sortit.
- C’est encore pas la grande joie, aujourd’hui, soupira Charles pour lui-même.
Maggie avait suivi le jeune adulte des yeux et approcha des marches en dévisageant Charles. Elle entrouvrit les lèvres tout en continuant d’essuyer une louche avec son torchon. Elle s’arrêta un bref instant et secoua la tête, comme pour signifier qu’elle abandonnait l’idée qui lui était venue à l’esprit. Charles sentit ses poumons se vider et il retourna dans sa chambre pour finir de se préparer.
Dominique arriva un peu tôt devant le magasin, récupéra son vélo et cala le parapluie contre la porte. Il n’avait pas le temps d’attendre l’homme si serviable qui lui avait fait confiance. Il repartit aussitôt en pédalant lentement.
L’air était encore chargé des tensions de la veille et le vent se levait progressivement. Dominique songeait à ce cauchemar qui l’avait éveillé au lever du jour, en sueur, le visage pâle et le souffle court. Il ne se souvenait plus de rien. Sauf d’un visage. Un autre. Dans la foule de ses pensées, la silhouette perdait chaque seconde un peu de consistance et il l’avait presque perdue en arrivant au lycée. Il regrettait de perdre peu à peu ses sensations qui avaient garni son enfance.
Mais peut-être que ce don s’évanouissait avec l’âge.
Le vent ardent soufflait toujours, alignant ses bourrasques et ses courts instants de répis. Dominique s’était dirigé vers les terrains de sport et y réfléchissait quand Naomi le rejoignit à la pause déjeuner. Le regard pétillant, elle le questionna sur la course. Il la dévisagea douloureusement mais n’hésita pas à lui parler. Naomi était une amie depuis toujours et leurs petites incompréhensions n’avaient pas altéré leur relation. Elle recherchait dans chaque regard et dans chacun de ses gestes des traces d’un amour passé. Peut-être dans l’espoir qu’il renaîtrait. Peut-être pour lui certifier qu’il s’était endormi... pour toujours. Il évoqua donc le retour de Krovis. Il parla de son mal-être. La bande qui les encercle, l’orage, la soirée morose. Pour ne pas qu’elle se méprenne, il ne lui parla pas du vide qu’il l’avait envahi lorsqu’il avait vu le siège de cette lycéenne déserté.
Elle ne dit rien, le laissant parler. Il en fut soulagé. Il souffrait d’une douleur qu’il ne comprenait pas.
- Tu te souviens quand j’ai fait toutes ces démarches pour rechercher mes parents...
- Oui, c’était un peu avant la fin du lycée.
- Eh bien, j’avais déjà ressenti à cette époque ce malaise incertain. Comme si je cherchais pour rien. Comme si quelque chose me soufflait que je ne devais pas perdre de temps avec ça.
- Non, ne dis pas ça, on a tous des parents et le fait que tu aies été abandonné à ta naissance était une excuse suffisante pour qu’un jour tu te lances dans cette quête...
- Mais je n’ai rien trouvé, lança-t-il. Rien. Cette voix intérieure avait raison. Ma conscience le savait, Naomi.
Elle acquiesça, se rendant compte qu’il ne se laisserait pas convaincre :
- Et que te dit cette voix, désormais... ?
- C’est un peu fou, avança-t-il.
- Flou ?
- Non, fou... elle me dit... enfin, je... Quelqu’un a besoin de moi, finit-il par expliquer. Une grande douleur traverse cette personne. Et elle a besoin de moi. Mais qui ?!! s’exclama-t-il en haussant les sourcils.
Le cloche sonnait et Naomi se leva. Son regard s’était teint d’un doute sans équivoque. Elle savait quelque chose. Il la retint par la main en se levant à son tour et elle posa une main sur sa bouche. Quelle idée la traversait ? Elle se tourna vers les deux adolescentes qui passaient non loin. Le vent balaya la cour et elle chercha ses mots.
- Tu... tu as demandé à Suzanne Amamiya pourquoi elle est si... triste ce matin ?
- Pardon ? Non... Pourquoi ça... ?
- Tu n’es pas au courant alors... La mère de Suzanne a téléphoné au lycée, ce matin, très tôt. Il y a eu un accident de voiture, hier, impliquant Nathalie Amamiya et son père.
Son sang ne fit qu’un tour. Nathalie...
Suzanne s’éloignait vers l’entrée quand il rejoignit la déléguée de leur classe de seconde.
- Monsieur Gauthier ?
- Bonjour Sandra... Est-ce qu tu... commença-t-il en apercevant Suzanne quitter l’enceinte du lycée. Que s’est-il passé ? Elle t’en a parlé ?! Dis-moi, s’il te plaît...
A SUIVRE...
Lire l'EPISODE 6 vu par Nathalie
Lire l'EPISODE 7 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
Sur ce fanfic, tu peux aussi voir les personnages et le géné-book.
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