LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
 
 
 

DOMINIQUE

EPISODE 7
Ouvre les yeux



- On devrait manger, lança Eglantine à l’attention de Charles, posté dans l’entrée. Je ne pense pas qu’il rentrera, maintenant.
- Mais il avait dit qu’il serait là... Maggie voulait qu’on dîne tous ensemble pour nous annoncer sa nouvelle.
- Il est auprès de son élève, lui souffla-t-elle.
- Je sais bien. Mais les visites sont finies à cette heure-ci et depuis longtemps. Le soleil est bas sur l’horizon et...
- Il ne se perdra pas, le rassura-t-elle.
- Ce serait plutôt le fait qu’il se fasse attaquer... Je ne suis pas tranquille.
Il fronça légèrement les sourcils sans parvenir à se décider à partir à sa rencontre. Maggie tenait à leur présence. Pourquoi, d’ailleurs ?
- Tu as raison, avoua-t-il. Allons dîner. On lui gardera sa part.

Nathalie paraissait s’être apaisée. Depuis ces deux derniers jours, elle s’agitait de temps en temps et le simple contact de la main de Dominique semblait adoucir le sommeil profond de la jeune femme. Assis sur une chaise peu confortable, Dominique laissait glisser le temps autour de lui. Les secondes s’égrainaient sur sa montre au rythme des bip de l’objet et de chaque battement de cœur. Il veillait. Il veillait sans penser à lui, au lycée, à ceux qui l’attendaient ce soir. Il ne songeait pas non plus à ses propres sentiments de l’instant présent, sa main sur celle de la jeune femme inconsciente. Il ne se rendait pas compte du temps qui s’écoulait à son contact, il oubliait les heures pour mieux être à l’écoute des moindres mouvements de ce corps inanimé. La fougue de ses sentiments pour une enfant. L’envol de son cœur face à ce repos inquiétant.
Il n’en avait pas idée.
Il voulait qu’elle ouvre simplement les yeux.

L’infirmière qui entra sur le matin pour entrouvrir les rideaux blancs trouva l’homme endormi, penché sur le lit, les mains encore enserrées sur celle de la malade. Elle posa une main sur son épaule et il se releva d’un coup.
- Monsieur ?
Il sortit rapidement de son sommeil et se rendit compte de la situation.
- J’ai dormi là...
- Vous savez, je ne devrais pas vous...
- Je m’excuse, fit-il en se levant. Je vais partir. J’ai cours.
- Je n’en parlerai pas. Mais...
- Merci, lui souffla-t-il, le regard chargé d’une émotion certaine.
- Allez, allez, sourit-elle, attendrie, partez vite. Je ne dirai rien à personne.
Il passa une main sur le front de Nathalie. Quand il ôta sa main, elle pivota très légèrement la tête, comme pour chercher le contact de sa main. Sa tête retrouva pourtant aussitôt sa position et son sommeil parut encore plus profond.
Dominique repositionna son col et défroissa sa veste en quittant la chambre.
Dans le couloir principal de l’entrée, il croisa la cousine de Nathalie. Leur regard se rencontrèrent et ils demeurèrent un court instant interdits. Il hocha simplement le menton et la frôla pour sortir. Il devait se dépêcher. Il devait passer chez lui pour prendre les affaires de la journée.

- Bêta, voilà ton repas, s’exclama Maggie.
- Merci, mademoiselle, lança-t-il pour la taquiner.
- Oh ! Tu remercieras Charles, c’est ta part d’hier qu’il a préparé pour aujourd’hui.
- Ah ? Très bien...
- Dis, mon grand, l’arrêta-t-elle. Je vais quitter la pension.
Il haussa les sourcils et se retourna :
- Pourquoi ? Que s’est-il passé ?
- Je voudrais arrêter, c’est tout. Je ne suis plus très jeune, tu sais. Je ne veux pas finir ma vie ici. Alors, j’ai décidé de vendre la pension. Je l’ai annoncé hier.
- J’en discuterai avec Charles, sourit Dominique en revenant près d’elle.
Il déposa une bise sur sa joue et la fixa profondément :
- Je suis heureux pour vous, Maggie. C’est une nouvelle vie qui commence.
Elle acquiesça en y songeant et le regarda partir :
- J’espère qu’on ne se perdra pas de vue ! ajouta-t-il. Bonne journée.
Il enjamba son vélo et quitta l’allée de la pension.

- Bonjour, retournez à vos places, lança Dominique en rejoignant la classe de seconde. Ce matin, nous allons revoir le dernier chapitre de cette grande partie de notre cours. J’espère que durant les vacances, vous avez préparé tout ce que votre ancien professeur avait demandé.
La classe était un peu mollassonne et il y trouva le calme dont il avait besoin pour...
Ce regard...
Suzanne le dévisageait depuis le début du cours et il soutint quelques secondes son regard pour comprendre l’amertume qu’il y lisait. Mais elle ne céda pas et il dût revenir à ses propos, le restant de la classe étant pendu à ses lèvres. A plusieurs reprises, elle releva le nez vers lui et le fusilla du regard. Gêné mais surtout surpris, il décida d’attendre la fin des cours pour aller lui parler.
Quand la cloche de midi sonna, les élèves attendirent un signe de sa part et sortirent.
- N’oubliez pas de bien préparer votre carte géographique que nous complèterons ensemble au prochain cours.
- Comme on est vendredi, est-ce que vous nous rendrez les tests que vous nous avez demandé de passer pour nous évaluer, le week-end dernier? demanda Sandra, une main levée.
Le groupe d’amies de Nathalie patientait à l’entrée et Suzanne les quitta précipitamment. Dominique soupira silencieusement et Sandra s’approcha.
- Monsieur ?
- Pardon, Sandra. Non, je pense les garder pour moi. Comme je vous l’ai dit...
Il s’arrêta en voyant Suzanne revenir vers la classe. Elle s’arrêta à l’entrée, le fixa et inspira profondément.
- Grrrrr... grommela-t-elle en repartant.
- Qu’est-ce que j’ai fait... soupira-t-il.
- Monsieur Gauthier ? le rappela Sandra en patientant devant son bureau.
Une des élèves approcha alors. Elle se planta devant le bureau et sourit au professeur :
- Comment va Nathalie ? demanda-t-elle alors.
- Son état est stationnaire mais elle n’est pas encore réveillée, expliqua-t-il sans y réfléchir.
- Ahhh ! bondit-elle. Alors c’est vrai que vous y étiez ce matin, très tôt ?
- Euh... je...
- Christelle... la reprit Sandra. Excusez-la, monsieur Gauthier. Allez, la tira-t-elle par la main. On s’en va.
Dominique se laissa tomber sur sa chaise et soupira bruyamment dans la salle vide.
« Qu’est-ce que j’ai dit... »

Il frappa à la porte de la chambre d’hôpital et la poussa doucement.
Suzanne se retourna et son regard s’assombrit quand elle aperçut le visiteur.
- Bonjour, Suzanne.
- Que voulez-vous ? Elle n’est pas encore réveillée.
- Je... hésita-t-il. Je suis inquiet, voilà tout.
Elle se retourna vers sa cousine et caressa délicatement la main qu’elle tenait fermement.
- J’ai vu le médecin et il semblerait que son état...
- Je sais, articula-t-il difficilement sans bouger, les yeux plongés dans l’inconscience de sa cousine.
Dominique ressentit tout l’amour qu’elle portait à Nathalie quand elle lâcha sa main pour essuyer ses premières larmes.
- Son état s’aggrave. Son coeur bat irrégulièrement. Elle... Elle est en train de partir...
Dominique referma la porte qu’il n’avait jusqu’alors pas franchi et effleura l’épaule de Suzanne. Sa tête pivota brusquement et elle le dévisagea crûment :
- Ne me dites pas qu’il faut garder l’espoir... tout le monde n’a que ces mots à la bouche. J’ai encore de l’espoir, mais... A quoi cela peut-il servir... ?
Elle se mit à pleurer à chaudes larmes, tête baissée, sans se retourner et Dominique ferma les yeux, se tenant derrière elle. Elle leva soudain la tête vers l’électrocardiographe qui s’aligna sur l’axe horizontal en émettant un bip continu. Le temps se suspendit un bref instant, une éternité...
- Nathalie... lança-t-elle, la gorge nouée. Non ! Noooon.... !!
Elle courut dehors en appelant un médecin et Dominique s’approcha, sans y croire. Il l’observa longuement, le cœur en alerte, les tempes battues par le sang. Que se passait-il ? Non... Tous ces sentiments jusqu’alors ne la concernait donc pas... ? Cette personne qu’il attendait depuis des années. Celle qu’il avait vue en songe, un soir, assis contre l’arbre du temple. Cette femme aux cheveux si soyeux, volant sur ses épaules et son sourire... Si ! C’était elle... Nathalie...
Il posa une main sur le front de la jeune fille et descendit jusqu’à ses lèvres sur lesquelles il fit glisser son pouce. Et si Frédéric avait raison... ?
- Tu peux donner tellement, Dominique... Tu dois garder ce don.
- Mais il me complique la vie... je ressens tant de choses...
- C’est en toi. Tu ne te rends pas compte ? Tout ce que tu fais sembles inscrit dans l’ordre des choses. Ce n’est pas de la chance, comme tu le crois, c’est ton destin. Tu apportes le bien autour de toi, tu rayonnes. Tu dois partager ça. Un seul de tes gestes, un regard, un baiser peut-être... Tout ce que tu fais est...
Et s’il avait raison ?
Dominique se pencha au-dessus d’elle alors qu’un médecin entrait suivi de Suzanne. Dominique posa ses lèvres sur celles de Nathalie et la courbe bipa une fois. Deux fois. Sur son lit, Nathalie sembla reprendre une soudaine inspiration et ouvrit d’un coup les yeux, figeant sur sa rétine l’image de cet homme si proche d’elle mais qu’elle ne reconnut pas. Dominique recula soudain, tiré par le médecin qui ausculta aussitôt la malade.
Suzanne était encore paralysée par ce à quoi elle venait d’assister. Elle fixait le jeune professeur qui suivait l’électrocardiographe des yeux.
- Elle est sauvée, répéta-t-il plusieurs fois pour s’en persuader...
Suzanne le frappa brutalement à l’épaule :
- Vous l’avez embrassée ! Perveeeers !!!


A SUIVRE...


Lire l'EPISODE 7 vu par Nathalie

Lire l'EPISODE 8 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
 
 


Sur ce fanfic, tu peux aussi voir les personnages et le géné-book.
 


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